11 juillet 2022
Saint-Lazare atteint le niveau de consommation d'eau excessif

Par Jean-Michel Lhomme, Journaliste
Le 11 juillet dernier, la Ville de Saint-Lazare publiait un message d’alerte sur sa page Facebook : la consommation de la Ville venait d’atteindre un niveau excessif. Une situation qui surprend au regard de l’été relativement pluvieux et une situation qui inquiète, car elle fait craindre la mise en place de mesures restrictives comme en 2020 et 2021. Éléments de réponses :
Quand on sait que le Canada est la plus grande réserve mondiale d’eau douce, il est toujours étonnant de voir des messages d’alerte comme celui publié par la Ville de Saint-Lazare. Comme en plus, jusqu’ici, l’été n’a pas été avare en averses et que l’hiver nous a offert un manteau neigeux bien épais, il est difficile de comprendre comment il est possible de se retrouver dans ce type de situation critique.
Qu’est-ce qu’une « consommation excessive » ?
Un barème a été mis en place pour la Ville de Saint-Lazare. Ce barème se base sur les recommandations des instances gouvernementales et est adapté à la période de l’année, car, oui, il est normal que nous consommions plus d’eau en été qu’en hiver. Ainsi, les différentes usines de traitements de l’eau indiquent à la Ville la quantité d’eau traitée ce qui permet de calculer l’état du niveau de consommation.
- Barèmes d’utilisation:
- Normale : 4 800 m3 à 6 099 m3
- Acceptable : 6 100 m3 à 7 299 m3
- Élevée : 7 300 m3 à 8 999 m3
- Excessive : 9 000 m3 à 14 000 m3
Ainsi, le 11 juillet, le volume total a été calculé à 9 018 m³ et la Ville est ainsi passée en niveau de consommation excessive.
Les réserves de Saint-Lazare sont-elles en péril ?
Avant toute chose, il est important de comprendre que le niveau dont nous parlons est un niveau de consommation et non un niveau d’état des réserves. Il faudrait plusieurs jours de consommation excessive pour impacter l’état des réserves de la Ville.
Interrogés par Néomédia, les services de la Ville se veulent rassurant « Le niveau des réserves d’eau de la Ville est présentement stable ».
D’ailleurs, à ce stade, la Ville ne prévoit pas de mesures similaires à celles de l’an passé. « En ce moment, si les tendances observées depuis le printemps se maintiennent, et que les citoyens arrosent, et exploitent la consommation d’eau de manière responsable d’ici la fin de l’été, et ce, notamment pendant les périodes de canicule à venir, la Ville n’anticipe pas avoir recours à de nouvelles mesures d’interdiction. Toutefois, il existe toujours des impondérables tels que de longues périodes de sécheresse qui pourraient obliger la Ville à modifier ses choix. »
Pourquoi sonner l’alerte ?
Contrairement à beaucoup de Villes du Québec, les réserves d’eau de Saint-Lazare ne se trouvent pas dans des lacs, mais dans des nappes phréatiques. Cela a plusieurs avantages, mais aussi quelques inconvénients.
Premier avantage : la qualité de l’eau. Avant d’atteindre les nappes phréatiques où la Ville pompe l’eau, l’eau a suivi un long parcours naturel qui lui a permis de se filtrer naturellement. À l’état naturel, la qualité de l’eau de Saint-Lazare est ainsi bien meilleure qu’ailleurs et nécessite beaucoup moins de traitements (c’est meilleur pour l’environnement et meilleur pour le pouvoir d’achat).
Deuxième avantage : des réserves moins réactives aux aléas météorologiques. Pour arriver jusqu’aux nappes phréatiques, l’eau de pluie peut mettre de plusieurs jours à plusieurs années. C’est-à-dire que, contrairement à un lac, ce qui se passe en surface n’a pas immédiatement d’impact sur ce qui se passe dans les nappes. C’est un avantage, car les nappes phréatiques se vident moins vite.
Mais vous l’avez compris, si elles se vident moins vite, elles se remplissent, aussi moins vite. Avec le dérèglement climatique et la succession de périodes de sécheresse, il est donc important de veiller au maintien d’un niveau correct de remplissages des nappes. Imaginons par exemple 2 étés successifs particulièrement secs . Imaginons qu’on ne se limite pas dans notre consommation d’eau. Et bien, même si l’été suivant s’avérait tout à fait normal en termes de pluviométrie, la Ville devrait probablement faire face à un état de sécheresse… souterraine.
C’est pourquoi, via ces alertes de niveau de consommation, la Ville souhaite avant toute chose, sensibiliser ses citoyens : « La Ville doit continuer à sensibiliser les citoyens afin de réduire la consommation moyenne par ménage de 224 litres/personne/jour à 184 litres/personne/jour d’ici 2025. Cet objectif ainsi que la méthodologie de calcul sont établis par le gouvernement du Québec dans sa Stratégie québécoise d’économie d’eau potable. C’est un défi. »
Pour aider à atteindre cet objectif de modération, la Ville rappelle que toute la réglementation concernant les heures d’arrosages et d’utilisation de l’eau, sont disponible sur le site internet de la Ville et… que les contrevenants s’exposent à des amendes minimales de 250 $ et pouvant aller jusqu’à 4 000 $ en cas de récidive selon les circonstances.
Comment réduire votre propre consommation d'eau ?
Bien sûr, il y a des conseils simples comme prendre des douches à la place de bain, mais c'est surtout sur l'utilisation extérieure de l'eau qu'il est possible de faire une grande différence.
1. Arroser la pelouse la nuit.
La Ville de Saint-Lazare autorise l'arrosage automatique entre 2h et 4h la nuit, car, pour un même résultat, cela permet d'utiliser beaucoup moins d'eau. La nuit il y a peu, ou pas, d'évaporation. L'eau puisée est donc intégralement utile à votre gazon. Il est donc possible d'en utiliser moins : penser à réduire le temps d'arrosage !
2. Ne pas arroser un gazon jauni
En cas de forte température, votre gazon jaunit. Il n'est pas en train de mourir. Au contraire, il se protège ! C'est un mécanisme naturel dans lequel le gazon économise ses ressources pour survivre plus longtemps. Tant que les températures resteront à un niveau élevé, ce mécanisme de préservation restera à l'œuvre que vous l'arrosiez, ou non !
3. Tondre votre gazon plus haut, plus souvent et laisser la tonte sur le gazon.
À 8 cm de haut, le gazon est naturellement plus résistant (notamment aux hautes températures ce qui... l'empêche de jaunir). En le tondant plus souvent vous faites en sorte que le produit de la coupe soit léger. Il est alors possible de le laisser sur le gazon. Non seulement vous n'avez pas à le ramasser, mais surtout, il va se décomposer et se transformer en engrais naturel. Un cercle vertueux qui économise de l'eau, du temps et vos épaules.
4. Utiliser l'eau de pluie.
Il existe de nombreux systèmes permettant de récupérer l'eau de pluie et de l'utiliser pour le jardin. Car vos plantes ne sont pas si exigeantes : l'eau d'arrosage n'a pas besoin d'être filtrée.
5. Avez-vous vraiment besoin d'une piscine ?
C'est vrai que c'est vraiment très agréable de pouvoir se baigner le soir, après une journée de travail. Mais ce plaisir qui dure 4 mois par an coûte cher (au porte-monnaie et aussi à l'environnement). Notre région regorge de plages plus belles les unes que les autres, il y a de plus en plus de piscines municipales avec des équipements de grande qualité, impossible à avoir chez soi. Ça vaut la peine d'y réfléchir.