Yves Lalonde entamera un nouveau chapitre de sa vie dans quelques semaines
Raccrocher ses outils définitivement après une carrière de 63 ans en construction
Soixante-trois ans après avoir démarré une carrière dans l’industrie de la construction, Yves Lalonde, citoyen et entrepreneur de Vaudreuil-Dorion, accrochera son marteau définitivement à la fin de l’année 2023. Entrevue avec l’homme de 88 ans qui espère maintenant profiter de ses proches et de la vie.
C’est en 1960 que l’octogénaire a décidé de se lancer en affaires dans le secteur de la construction comme entrepreneur général en bâtiment. Un métier qui le passionne encore aujourd’hui, malgré les nombreux changements subis par l’industrie au fil des ans.
Une retraite bien méritée
Encore très en santé, M. Lalonde travaille actuellement à la finalisation de son tout dernier contrat avant d’accrocher ses outils pour de bon. Une décision bien réfléchie en tenant compte de plusieurs facteurs comme l’arrivée de la technologie, la difficulté de recruter de la main-d’œuvre et le manque de relève.
« J’ai continué aussi longtemps parce que ma santé est bonne et que j’ai une bonne clientèle. Cependant, il est l’heure pour moi de me retirer pour profiter de mes proches et de la vie un peu. Si je poursuis, ce sera de plus en plus difficile parce que la technologie prend beaucoup de place. Il me faudrait une secrétaire. Aujourd’hui, tout fonctionne avec le dépôt direct et l’Internet. Il faudrait aussi que je retourne suivre des cours et je ne suis pas intéressé », résume-t-il attablé dans l’espace bureau de sa résidence du chemin de Lotbinière à Vaudreuil-Dorion.
En plus des difficultés à recruter de la main-d’œuvre, M. Lalonde précise que les employés ont de plus en plus d’exigences de nos jours. « Par exemple, ils ne veulent pas travailler les vendredis. Dans mes débuts, j’étais sur les chantiers dans la journée et le soir, je travaillais jusqu’à 23h pour faire des soumissions. Ça a bien changé depuis», lance-t-il en marge de terminer le dernier projet de sa carrière qui prend place à Saint-Louis-de-Gonzague.
Même s’il est le père de deux enfants et grand-père quatre fois, M. Lalonde n’a pas de relève pour reprendre les rênes de son entreprise. « C’est correct aussi. Mes enfants ont de très bons emplois. Mon garçon est médecin et ma fille est comptable agréée. Elle a deux filles qui ont déjà des carrières et j’ai deux petits-fils de 12 et 14 ans qui sont trop jeunes pour me succéder», précise-t-il.
C’est d’ailleurs son fils qui l’a amené à réfléchir sur son avenir. « Il m’a demandé ce qu’il adviendrait de mes clients et de mes contrats si je tombais malade du jour au lendemain. On parle de projets de deux ou trois millions de dollars. Je ne voulais pas faire vivre ça à ma clientèle. Je me retire donc pendant que la santé me le permet encore.»
Une feuille de route bien chargée
M. Lalonde qui compte à sa charge, un employé depuis 22 ans a débuté dans le domaine de l’industrie comme charpentier-menuisier. Par la suite, il a gravi les échelons jusqu’à devenir son propre patron.
« J’ai bâti beaucoup de maisons sur demande. À l’époque, c’était des résidences individuelles. Aujourd’hui, plusieurs maisons prennent place dans des projets immobiliers où elles sont toutes pareilles. Ce n’était pas le cas dans mes débuts. Dans le temps, un entrepreneur savait tout faire de A à Z, des fondations à la toiture, en passant par les planchers et la charpente. De nos jours, il faut avoir recours à des sous-contacteurs pour chaque élément comme le solage, la charpente, la toiture, l’électricité, la plomberie et j’en passe», note-t-il.
Graduellement, M. Lalonde a commencé à faire du commercial ce qu’il qualifie « d’une autre game parce que c’est des structures en acier et en bois. »
La feuille de route de l’entrepreneur en termes de projets commerciaux est longue et diversifiée. Au fil des ans, il a façonné le paysage de plusieurs municipalités de Vaudreuil-Dorion en participant à l’érection de nombreux bâtiments.
On peut nommer quelques chantiers sur lesquels il a travaillé au fil des ans: Restaurants Saint-Hubert de Vaudreuil-Dorion et de Salaberry-de-Valleyfield, Au Vieux Duluth de Vaudreuil-Dorion, Centre médical de Vaudreuil-Dorion, Caisse Desjardins de Saint-Lazare, Frigo-Futur de Vaudreuil-Dorion, Conteneurs Experts, Coteau Métal de Rivière-Beaudette, TLS Transport Caravane, Centre de recherche Pionner de Coteau-du-Lac, Lazure & Riendeau, Place Poirier, Chez Maurice à Saint-Lazare, Ébénisterie Ménard aux Cèdre, Séguin Machinerie de Vaudreuil-Dorion, Remorquage Uni-Pro aux Cèdres, Duro Vaudreuil-Dorion, Dépotium mini-entrepôt, Auto Saint-Clet, Boni-soir Coteau-du-Lac et Kinnear rembourrage Saint-Zotique.
Quel est le projet sur lequel il a travaillé et qui suscite chez lui le plus de fierté? « Sanivac. On travaille ensemble depuis 1999. C’est moi qui ai bâti leurs locaux qui comprennent des bureaux et des garages à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot. C’était l’un de mes plus gros clients», confie-t-il.
M. Lalonde a d'ailleurs fait l'objet d'une soirée organisée par Sanivac et visant à souligner son départ à la retraite.
Un conseil pour les nouveaux entrepreneurs
À l’aube de sa retraite, quel message souhaite-t-il transmettre à la nouvelle génération d’entrepreneurs? « Soyez persévérant et travaillant même si ce n’est pas toujours payant. Ne lâchez pas et s’il vous plaît terminez vos contrats même si le client ne vous paie en totalité avant la fin du projet. S’il le fait, assurez-vous de finir le contrat de façon professionnelle même si vous êtes perdant au bout du compte. Retirez-en une leçon si c’est le cas. »
En terminant à quoi ressemblera la retraite pour l’octogénaire? « J’ai un chalet pour la pêche et la chasse dans le coin de La Tuque avec cinq amis et je n’avais jamais le temps d’en profiter à mon goût à cause de mes obligations professionnelles. Je pourrais donc le faire», conclut-il joyeusement.
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