Politique provinciale
« Dominique Anglade peut m’enlever le branding libéral, mais elle ne peut pas m’enlever mon comté » - Marie-Claude Nichols
Près d’une semaine après son expulsion jugée injustifiée du caucus libéral, la députée de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols, a accepté de rencontrer l’équipe de Néomédia pour faire le point sur la situation.
Visiblement émotive, celle à la tête du comté de Vaudreuil depuis 2014, s’explique encore très mal la tempête qui s’abat sur elle.
« C’est une situation qui est surréaliste. C’est une situation créée de toute part par Dominique Anglade, pour des motifs que je ne comprends pas. C’est pour ça que j’ai pris un certain recul. J’ai beau l’analyser, je ne la comprends toujours pas », a confié, d’entrée de jeu Marie-Claude Nichols.
Jeudi dernier la députée de Vaudreuil a été exclue du cabinet fantôme et du caucus du Parti libéral du Québec. Rappelons qu’elle convoitait le poste de 3e vice-présidente de l’Assemblée nationale. Or, ce poste a plutôt été confié au député de Viau Frantz Benjamin. Marie-Claude Nichols aurait par la suite refusé les dossiers que voulait lui confier la cheffe libérale.
« On m’a offert un autre dossier. J’avais le choix entre celui-ci, ou rien. J’ai préféré ne rien prendre. C’était entendu avec Dominique Anglade que j’allais rester à la table, que j’allais travailler et collaborer avec les collègues. Jamais je n’ai menacé de quitter… Je sais qu’ils font une campagne de salissage contre moi, ils me l’ont dit ».
Une vendetta personnelle?
Sans dire que les agissements de la cheffe à son égard sont purement pour se venger, Marie-Claude Nichols estime que le fait qu’elle n’ait pas appuyé Dominique Anglade lors de la course à la chefferie du PLQ pourrait expliquer, en partie, la présente situation.
« Durant la course à la chefferie, je traversais une période difficile dans ma vie personnelle et c’était impossible pour moi de m’impliquer dans la course. Je n’ai pas appuyé Dominique Anglade, en fait, je n’ai appuyé personne. Une fois qu’elle a été couronnée cheffe du Parti libéral, et bien, elle se devait d’être redevable envers ceux qui l’ont appuyée. Depuis, moi je n’ai rien. Je me liche la patte », souligne-t-elle tout en rappelant qu’à une certaine époque, les deux femmes ont eu une certaine camaraderie. « On a travaillé ensemble sur des dossiers. On allait même faire du ski ensemble.»
Un manque de considération
Pour Marie-Claude Nichols, se voir refuser le poste de 3e vice-présidente représente un manque important de considération envers son travail, mais aussi envers l’institution. Cela dit, ce n’est pas la cause principale de toute cette tempête, « Ça n’a aucun rapport. Je continue de croire que ce poste me revient, car c’est la tradition de le donner à la personne ayant le plus d’ancienneté. Ce qui m’affecte le plus c’est le manque de considération envers mon travail, les traditions et l’institution qui nous gouverne ».
Ce lundi, une rencontre entre la cheffe et la députée s’est tenue, virtuellement, dans l’espoir de trouver un terrain d’entente et de réintégrer Marie-Claude Nichols au sein du caucus. La cheffe du PLQ avait d’ailleurs admis que son geste avait été précipité et que la situation avait été trop loin. Cependant, la «main tendue» de Mme Anglade n’a pas trouvé écho chez la députée.
« La main tendue de Dominique Anglade est une opération pour bien paraître. Ce sont mes collègues qui plaident pour ma réintégration au caucus, pas elle », déplore Mme Nichols.
Une blessure profonde
En entrevue jeudi dernier, le président du caucus libéral, Enrico Ciccone a accusé Marie-Claude Nichols de «ne pas vouloir travailler en équipe». Il va sans dire qu’une telle accusation a vivement ébranlé la députée.
« Je n’ai pas été déçue, j’ai été blessée. J’ai toujours été une joueuse d’équipe. J’en ai avalé des couleuvres. J’ai remplacé des collègues en commission parlementaire. J’ai été le bouche-trou de service. Qu’on me dise que je ne travaille pas en équipe, ça fait mal ».
Un leadership grandement ébranlé
Depuis les événements, le leadership de Dominique Anglade a été remis en question à maintes reprises. Si certains membres de sa garde rapprochée ont réitéré leur confiance absolue en la cheffe, d’autres ont littéralement demandé sa démission.
« Je ne retourne pas au caucus parce que je ne crois pas au leadership de la cheffe… Je crois qu’elle doit partir rapidement et par elle-même. On ne doit pas attendre un vote de confiance. S’il lui reste un peu d’amour et d’estime pour le Parti, qu’elle quitte sans nous faire dépenser pour un vote de confiance qu’elle va perdre ».
La dernière élection a été la pire dans l’histoire du Parti libéral qui a récolté, rappelons-le, que 14% du vote populaire. Seulement 21 députés ont été élus, soit dix de moins qu’en 2018. Avec le départ de Marie-Claude Nichols, le PLQ ne compte que 20 députés à l’Assemblée nationale.
Malgré tout, on garde espoir
Le 29 novembre, c’est en tant que députée indépendante que Marie-Claude Nichols entamera son troisième mandat à l’Assemblée nationale; titre qu’elle espère temporaire.
Bien qu’elle ne compte pas réintégrer le caucus libéral tant et aussi longtemps que Dominique Anglade sera à la tête du parti, la députée de Vaudreuil ne ferme pas définitivement la porte à la famille libérale. « Sur mes valeurs libérales, je n’ai plus rien à démontrer. Je suis libérale. Je me tiens debout pour les vraies valeurs libérales et les vrais libéraux se reconnaissent dans ce que je fais… Si un nouveau chef devait être élu, c’est certain que j’écrirais une lettre pour leur demander (de revenir) et j’espère que ma demande sera prise en considération. Je veux bien être la bouée de sauvetage du Parti libéral, mais de Dominique Anglade, non. »
Bien qu’elle soit grandement bouleversée par la tournure des événements, Marie-Claude Nichols réitère son engagement envers ses électeurs « Je sais que les citoyens sont inquiets, mais je veux les rassurer. Mon équipe et moi continuerons de travailler pour eux. Dominique Anglade peut m’enlever le branding libéral, mais elle ne peut pas m’enlever mon comté ».
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