Les jeunes sont à bout de l’école à la maison
Perte de motivation: Témoignages exclusifs d’étudiants de la région
La motivation est à son plus bas chez les jeunes en cette fin d’année scolaire avec l’école à temps partiel. Sans grande surprise, c’est le constat auquel arrivent trois étudiants des trois écoles secondaires de la région. Ceux-ci ont témoigné sous le couvert de l’anonymat en raison de leur âge.
« On est tous pas mal démotivés », lance Émilie*, étudiante en secondaire cinq à la polyvalente de la Cité-des-Jeunes à Vaudreuil-Dorion. L’école en ligne depuis plus d’un an est venue à bout de son moral et de celui de ses camarades de classe.
Même si les enseignants s’efforcent d’offrir des cours de qualité, il reste que ces derniers font parfois face à un mur pour rejoindre les étudiants à la maison. Les distractions, le manque de participation et de contact humain ou encore le manque d’organisation font partie des facteurs qui influencent la concentration des élèves.
« Au début de l’année, on était un peu plus motivé, on était en présence, mais là on n’arrête pas de fermer tout le temps. Il y a une perte de motivation et ça parait vraiment dans les résultats scolaires », témoigne-t-elle.
Émilie est dans un programme enrichi. Malgré tout, son dernier examen de mathématiques avait une moyenne d’un peu plus de 60% comparativement au 80% observé dans les années ultérieures. Certains cours du programme enrichi voient aussi de grands écarts avec les groupes réguliers selon l’étudiante.
Présence = Examen
La perte de motivation vient également du fait que les élèves n’ont pas l’impression de profiter du temps en présence puisqu’ils sont souvent en examen. « À la maison mon lit m’appelle et je suis moins motivée, rendu à l’école, on fait le double du travail parce que les profs vont s’arranger pour présenter de la théorie laborieuse et faire les examens », déplore Sabrina*, étudiante en secondaire cinq à l’école du Chêne Bleu à Pincourt.
Celle-ci indique donc ne pas avoir de plaisir, ni à distance ni en présence dans ces conditions. Elle reconnaît que les enseignants n’ont pas vraiment le choix étant donné la faisabilité des examens à distance, où les risques de plagiat sont grands.
Sabrina, qui fait partie d’un programme spécialisé et qui estime avoir de bons résultats de manière générale, ajoute que c’est la première fois où elle se sent aussi peu préparée pour ses examens.
D’autres de ses camarades ont en revanche de plus grandes difficultés. « Cette année pour la première fois de ma vie, je vois du monde regarder un examen, écrire leur nom, et redonner la copie au prof. Ils ne comprennent pas du tout », raconte-t-elle.
Comme annoncé en janvier dernier, les épreuves ministérielles n'auront pas lieu cette année, tant au secondaire qu'au primaire. Ils seront de retour en 2022 selon le ministère de l'Éducation, mais avec une moins grande pondération.
Anxiété de performance
Avec le changement de pondération des notes des deux bulletins, soit 35% pour le premier et 65% pour le deuxième, les étudiants stressent davantage pour leurs résultats en cette fin d’année scolaire selon les témoignages recueillis. Ce bulletin pèsera lourd dans la balance, notamment pour les secondaires quatre, pour pouvoir entrer dans un programme contingenté au cégep. « Ça vient juste nous ajouter du stress », confie Sabrina.
D’autres pensent retarder leur entrée si l’enseignement à distance se poursuit. « On a tous le goût d’aller au cégep dans ma classe, mais si c’est juste en ligne, il y en a plusieurs, et je m’inclus là-dedans, qui ne sont pas prêts à faire ça. Déjà avec cette année c’était difficile une journée sur deux, donc de le faire complètement en ligne, pour moi personnellement ça ne marchera pas », soutient Émilie.
Pour Mathieu*, étudiant en secondaire quatre à l’école de Soulanges à Saint-Polycarpe, l’anxiété de performance est arrivée dans sa vie après les résultats de son premier bulletin en janvier 2021 où il a constaté un échec en mathématique. « Je n’ai jamais été le meilleur dans mes cours, mais j’arrivais toujours à passer. Au début ça allait bien à distance, mais là ça m'est vraiment rentré dedans », affirme-t-il.
Le poids du deuxième bulletin ajoute donc à son anxiété puisqu'il doit absolument bien performer pour réussir son cours.
Pas de réponse des instances publiques
Au moment où ces lignes étaient écrites, le Centre de services scolaire des Trois-Lacs et le ministère de l'Éducation n’ont pas répondu aux demandes d’entrevue de Néomédia pour commenter ce dossier.
Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, avait expliqué en février dernier que cette pondération du deuxième bulletin avait été choisie afin de permettre aux élèves de se rattraper. Une étape a aussi été enlevée afin de laisser la chance au corps enseignant de consacrer davantage d’heures aux étudiants.
Il est important de rappeler que les taux d’échecs présentés par le ministère au premier bulletin étaient similaires à ceux des années précédentes. Le ministre Roberge a indiqué garder espoir pour ce deuxième bulletin. Un espoir qui n’est malheureusement pas partagé par les étudiants interviewés, craignant pour leurs notes.
*prénoms fictifs pour préserver l’anonymat.
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