Les citoyens demandent un engagement du maire
Plateforme de compostage: « Représentez-nous devant la MRC »
Des réponses et un engagement de la part du conseil municipal face au projet d'aménagement d'une plateforme de compostage. Voilà ce qu'étaient venus chercher les quelque 50 citoyens présents lors de la séance du conseil de la Municipalité de Saint-Télesphore, ce mardi 10 octobre.
Questionné pendant plus de 90 minutes, le maire a tenté, tant bien que mal, de rassurer ses citoyens qui se sont dits extrêmement inquiets du projet, notamment en ce qui concerne les risques de contamination de l'eau.
Rappelons que la MRC de Vaudreuil-Soulanges a annoncé, le 21 septembre, que des démarches en vue de l'acquisition d'un terrain sur le chemin Saint-Antoine étaient en branle. Ledit terrain serait transformé en plateforme de compostage régionale.
Selon le maire de la Municipalité, David McKay, près de 90 sites ont été étudiés dans les six dernières années, par la MRC de Vaudreuil-Soulanges. Le projet avait d'ailleurs été proposé à Sainte-Justine-de-Newton en 2021, mais les contestations des citoyens en plus d'un changement de garde à la mairie ont fait avorter le projet.
« La MRC nous a approchés à propos d'un site de compostage. Elle nous a demandé si nous voulions embarquer avec elle pour choisir le site. Eux de leur côté avaient vraiment choisi Saint-Télesphore. Soit on y allait avec eux et on pouvait contrôler certains trucs, soit on n’y allait pas et ils expropriaient quelqu'un et y allaient seuls. Nous on a décidé d'embarquer avec eux pour pouvoir contrôler certaines choses. C'était déjà dans les projets de la MRC de faire un site de compostage. Il y avait deux sites potentiels. Le premier, comme le maire l'a dit, ça n'a pas fonctionné. Le deuxième, les propriétaires ont accepté. Nous n'avons pas été consultés pour les prix. Nous, nous ne sommes que la Ville qui va accueillir la plateforme », a précisé la conseillère du district 1, Nathalie Lanthier.
« Ça fait un an que nous en discutons au conseil. Nous avions trouvé un site, mais le propriétaire a refusé de vendre. Le site qui a finalement été retenu a été trouvé par la MRC. Nous n'avons pas été consultés pour le site », soulignait M. McKay.
Une source d'eau à protéger
Un esker de quelque 23.2 km de long par 1.5 km de large se trouve à proximité du site convoité par la MRC. L'esker, source d'eau potable exceptionnelle et importante, traverse les municipalités de Rivière-Beaudette, Saint-Polycarpe et Saint-Télesphore. Qui plus est, de nombreux résidents puisent leur eau directement de la source, faute de réseaux d'aqueduc.
La MRC ne peut toutefois affirmer, à ce stade-ci, que le site est directement sur l’esker.
Dans un courriel acheminé à Néomédia le 2 octobre dernier, la responsable des communications à la MRC de Vaudreuil-Soulanges, Catherine St-Amour confirmait:
« À ce stade-ci, nous ne pouvons affirmer que le site est directement sur l’esker selon les informations de nos bases de données... Pour la protection de l’eau et de l’esker, toutes les opérations susceptibles de générer des eaux chargées en nutriments seront effectuées sur une surface étanche selon les normes en vigueur. Ces normes exigent aussi une inspection régulière de l’intégrité/étanchéité du béton. Cette eau est ensuite acheminée dans un bassin de rétention et en partie réutilisée dans le procédé et une partie traitée par une culture de saule sous supervision d’un agronome », explique Mme St-Amour.
« Nos puits ne sont pas à 1000 pieds dans la terre. Ils sont à 90, 100 pieds. Des nappes d'eau, ça se promène. Ça serait bien malheureux si dans quelques années, notre eau était contaminée. J'aimerais ça que vous nous signiez un papier pour nous garantir que jamais notre eau ne sera contaminée », a lancé un citoyen visiblement contrarié par le choix du site.
« Je suis un homme qui fait confiance à la science. Pensez-vous que le ministère de l'Environnement n'est pas au courant des dangers et des risques...? Si le ministère de l'Environnement dit que ça ne fait pas sens, qu'il y a un danger pour la population, pensez-vous que nous allons risquer la vie de nos citoyens? Mais avant de dire quoi que ce soit, le ministère doit faire ses études... Moi aussi je suis inquiet, mais un moment donné, il faut faire confiance à quelqu'un. Si eux disent que ce n'est pas le bon site, on en trouvera un autre », a renchéri M. McKay.
« Vous nous demandez de faire confiance à des gens, des experts qui travaillent sur le projet depuis des années, à qui nous avons posé nos questions et qui n'ont jamais été capables de nous répondre. C'est difficile pour nous », de dire un propriétaire présent.
Questionné à savoir si un plan avait été prévu en cas de contamination de la source d'eau, David McKay, a répondu par la négative. Réponse qui a tôt fait de soulever l'indignation chez la population.
Une source de revenus, mais à quelle hauteur ?
« Quels sont les éléments que vous allez être capable de contrôler dans le projet ? », a demandé une citoyenne habitant le chemin Saint-Antoine. Incapable de répondre, David McKay a simplement rappelé qu'un comité de consultation formé d'élus et de citoyens allait être mis en place et qu'il invitait les citoyens à s'y impliquer.
Le 21 septembre, lors de l'annonce de la mise en branle des démarches, M. McKay s'est dit, par voie de communiqué, très enthousiaste face au projet.
« Il s’agit d’un projet régional structurant, soucieux de l’environnement qui vise un compostage de qualité pour un retour à la terre, voire un levier de développement régional en plus d’une opportunité de revenus supplémentaires pour la municipalité de Saint-Télesphore », pouvions-nous y lire.
La plateforme de compostage régionale est un projet de l’ordre de 20 M$ avec une subvention de l’ordre de 5,4 M$ et des coûts d’exploitation de 1,4 M$ annuellement.
Selon les scénarios établis pour le projet de plateforme de compostage, le coût de traitement serait d’environ 100 $/tonne. Le projet permettra donc de mieux contrôler le coût de la gestion des matières organiques à moyen et à long terme.
Ce mardi, les citoyens ont tenté d'en savoir un peu plus sur l'impact financier du projet. « Avez-vous prévu un budget pour la taxe de carbone, pour le déneigement, lié à ce projet ? Vous estimez à combien les revenus qui seront engendrés pour la Municipalité ? »
« Nous n'avons pas fait les calculs, mais on ne va jamais accepter le projet si notre quote-part n'est pas signée ou garantie », a confirmé M. McKay
« Représentez-nous devant la MRC »
« On veut que notre municipalité nous représente à la MRC et nous garantisse qu'elle a un mécanisme pour mettre un frein au projet en tout temps », a imploré un citoyen.
« Si le conseil est d'accord, nous pouvons mettre une clause qui disant que s'il y a un problème avec le ministère de l'Environnement, on se donne le droit de se retirer du projet », a ajouté M. McKay sans toutefois confirmer s'il s'engageait formellement à déposer cette clause.
« Je comprends toutes vos inquiétudes. Ce que je vous suggère est d'écrire une liste de vos inquiétudes. Je vais amener tout cela à la MRC et je vais exiger des réponses à chacune de vos questions », a conclu le maire.
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