Une pénurie de main-d’œuvre bien installée
Travailleurs étrangers temporaires : l’industrie manufacturière sous tension
Alors que plusieurs centaines de travailleurs étrangers temporaires (TET) s’apprêtent à quitter le Québec en raison de la réglementation fédérale, Manufacturiers & Exportateurs du Québec (MEQ) tire la sonnette d’alarme. L’organisme craint un effet domino sur la productivité et la viabilité des entreprises manufacturières si aucune mesure n’est prise rapidement par Ottawa.
Selon MEQ, la limite imposée par le gouvernement fédéral quant au nombre de TET par entreprise pourrait compromettre les opérations de nombreuses usines, en particulier dans les régions.
L’organisation réclame une clause grand-père permettant aux travailleurs déjà en poste de poursuivre leur emploi, évitant ainsi l’exode d’une main-d’œuvre qualifiée difficile à remplacer. Si le gouvernement du Québec appuie cette demande, le dossier demeure pour l’instant entre les mains de la ministre fédérale de l’Emploi, Patty Hajdu.
Une pénurie de main-d’œuvre bien installée
Le contexte est déjà tendu dans le secteur manufacturier, où plus de 11 000 postes demeuraient vacants en 2024, selon MEQ. En parallèle, le quart des employés actuels est âgé de 55 ans ou plus, ce qui laisse entrevoir une pression croissante sur la relève. D’ici 2030, plus de 1,4 million de postes devront être pourvus à l’échelle du Québec.
Dans plusieurs régions, les entreprises anticipent devoir combler entre 50 et 100 postes chacune au cours des prochaines années. Or, les nouvelles règles fédérales pourraient leur faire perdre en moyenne dix TET par entreprise, ce qui représenterait une baisse significative de leur capacité de production.
Vaudreuil-Soulanges aussi concerné
Le territoire de Vaudreuil-Soulanges n’échappe pas à cette réalité. Selon le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, on y recensait 525 travailleurs étrangers temporaires en 2024. Ce chiffre était de 330 en 2021 et de seulement 125 en 2016, illustrant l’importance croissante de ces travailleurs dans l’économie locale.
Des solutions sur la table
Pour éviter un ralentissement économique, MEQ propose plusieurs pistes d’action. En plus d’une clause grand-père pour les TET déjà en poste, l’organisme suggère de prioriser les demandes du secteur manufacturier dans le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), d’ajuster les niveaux de salaire en fonction des réalités régionales, d’autoriser jusqu’à 20 % de TET à bas salaire dans les régions à faible taux de chômage, et d’exclure certains permis du calcul global de TET autorisés.
Julie White, présidente-directrice générale de MEQ, insiste sur l’urgence d’agir :
« Les manufacturiers québécois ont besoin de stabilité, de prévisibilité et de soutien. Le statu quo n’est plus une option. Chaque travailleur étranger temporaire forcé de quitter son poste faute de solution représente un maillon en moins dans une chaîne déjà fragilisée. [...] L’heure n’est plus à la réflexion, mais à l’action. »
Alors que les mois à venir s’annoncent critiques pour plusieurs entreprises, les représentants de l’industrie espèrent que le gouvernement fédéral réagira rapidement afin d’éviter une perte de compétitivité au sein d’un secteur déjà éprouvé.