Piratage informatique
Une entreprise d’ici à la merci de Facebook
Le propriétaire du Fleuriste Vert Design à Vaudreuil-Dorion, John McRae, s’est fait pirater son compte Facebook en juin dernier. Depuis, il est incapable de gérer la page de sa boutique.
Les informations de sécurité du compte Facebook de M. McRae ont été changées par le pirate informatique, rendant impossible toute récupération. « Ils m’ont envoyé des codes, mais c’est le pirate qui les recevait », explique-t-il. À la demande de Facebook, le propriétaire est même allé jusqu’à envoyer une photo de son passeport pour prouver son identité, mais ce n’était pas suffisant.
Ainsi, malgré plusieurs tentatives, le géant californien a finalement fermé son compte. « Je leur ai écrit, mais c’est un beau système de réponses automatisées. On a les deux mains liées », déplore-t-il.
John McRae a tenté de faire tout ce qu’il pouvait. Il a contacté des partenaires locaux, son hébergeur Web et une entreprise en informatique de la région, mais c’est Facebook qui a le dernier mot. « Tu n’as pas de service. Si je traitais mes clients comme ça, je ferais faillite demain matin, mais pas eux. Ils sont partout », ajoute-t-il. Le propriétaire s’est depuis recréé un nouveau compte personnel.
Un mal nécessaire
Même s’il peut continuer ses opérations, il reste que le fleuriste se trouve pénalisé en termes de visibilité. M. McRae affirme d’ailleurs avoir enregistré des pertes. « Ce n’est pas 20 000, mais ce n’est pas 1000 dollars non plus », précise-t-il.
Seule sa fille, qui est désignée comme modératrice de la page du fleuriste, peut publier du contenu actuellement. Elle n’a toutefois pas accès au volet commercial de la page comme la publicité. « Je dois toujours passer par elle pour répondre aux clients ou publier quelque chose », indique M. McRae.
Ce dernier est d’avis qu’il est essentiel pour une entreprise d’être active sur les réseaux sociaux aujourd’hui. « Est-ce que tu as le choix quand tout le monde est là-dessus? », se questionne-t-il.
Le propriétaire envisage de créer une nouvelle page professionnelle dans les prochaines semaines. Il se voit donc contraint de recommencer à zéro et regagner un par un les 1370 abonnés qu’il avait.
Une compétition féroce
Outre Facebook, les entreprises locales comme celle de John McRae subissent les contrecoups des géants comme Amazon, Walmart et Costco.
Ceux-ci compétitionnent de plus en plus avec le fleuriste de l’avenue Saint-Charles. C’est toutefois avec leurs pratiques commerciales comme la livraison que M. McRae peine à rivaliser avec ces multinationales.
Ce dernier ne peut se permettre d'offrir une livraison gratuite. « Il y a des gens qui chialent et vont même nous engueuler parce qu’on charge pour la livraison, mais je ne suis pas une multinationale. Il y en a qui ne voient pas de différence », critique-t-il.
Selon lui, cette réalité s’accentue chez les groupes d’âges plus jeunes, qui ne regardent pour la plupart que le prix et la vitesse de livraison. « Les gens qui commandent en ligne s’attendent à avoir le même service. Je ne suis pas Amazon. Je n’ai pas de robots qui travaillent pour moi la nuit. On est trois employés », soutient-il.
Bien qu’il ait vu une différence pendant la pandémie, où des gens de la région ont encouragé son entreprise, il n’en demeure pas moins que John McRae trouve que l’achat local n’est pas encore une idée suffisamment ancrée dans la population.
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