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« C’est une belle folie »

Dans les coulisses … d’un vignoble

durée 07h00
8 mars 2021
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Néomédia s’est penché cette semaine sur l’univers du vin pour la série Dans les coulisses … Rencontre avec la vigneronne et copropriétaire du vignoble Le Bourg à Les Cèdres, Nancy Raymond. 

L’histoire débute en 2007 quand Nancy Raymond et son conjoint Benoît Pilon se font acquéreurs des terres et de la maison ancestrale. Lorsque le bail pour grande culture vient à échéance en 2011, M. Pilon, informaticien à la base, arrive avec une proposition à sa compagne. « Un matin, il m’a demandé si ça me tentait de faire un vignoble. D’une façon très naïve j’ai dit oui c’est super bonne idée! », dit-elle en riant. 

Il faut dire que le couple était déjà des amateurs de vin, mais se lancer dans cette aventure représentait un défi colossal. Ils partaient de zéro. Après quelques formations et l’examen de la qualité de la terre pour la viticulture, tout débute. 

Le sol est drainé, nivelé et chaulé en 2012 en plus de faire le marquage des rangs. La plantation des premières vignes, soit 3800 ceps, se fait l’année suivante avec l'aide d’amis. Jusqu'en 2016, d’autres parcelles connaîtront le même sort avec des cépages différents avant de finalement réaliser la première vendange, c’est-à-dire la récolte. 

Tolérance au risque 

« C’est une belle folie. On ne sait même pas si le vin est bon. On a commencé en 2012 et notre première bouteille a été en 2017 », explique Nancy Raymond. Un vignoble, ce n’est pas comme des carottes qu’on a plantées et qu’on va avoir nos revenus à la fin de l’été. On va investir pendant 4-5 ans et on n’a pas encore de bouteilles. »

Celle-ci indique que l’inexpérience ajoute aussi beaucoup au facteur de stress. « Les premières années, on n’a pas le modèle. Quand c’est la première fois que tu n'as jamais fait de vin, on est dans l’inconnu. On s’améliore constamment et on n’est pas tous seuls », promet-elle. Le couple est entre autres conseillé par un œnologue. 

Le poids est néanmoins descendu de leurs épaules en 2019 lorsque les trois bouteilles présentées à la Coupe des nations ont chacune reçu la mention or. « Cela a été une belle surprise et cela nous a rassurés dans l’avancement du projet. Quand l’extérieur le reconnaît, ça nous donne un gain de confiance et un saut de qualité », se réjouit Mme Raymond. 

Vins de chez nous

Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour la pleine reconnaissance des vins québécois. « Il y a tout un travail de mise en valeur à faire pour faire connaître les vins du Québec. Quand on va en Bourgogne, les vins du coin sont de Bourgogne. Ça devrait être la même chose ici », souhaite-t-elle. 

Les produits du vignoble Le Bourg ne sont pas en succursales de la SAQ principalement en raison des coûts liés à la culture au Québec. « Les vins qui viennent d’Afrique du Sud ou d’ailleurs, souvent le salaire que je vais payer à quelqu’un dans une journée, ça va payer pour deux semaines et demie là-bas », déplore Mme Raymond. Il existe aussi plusieurs programmes de subventions en Europe qui aident les viticulteurs. 

Malgré tout, le retard de la province s’explique surtout par son climat. « Quand les vignerons ont commencé, ce n’était que des cépages européens. Il n’y en avait pas adapté aux régions froides », constate-t-elle. Des plants appropriés aux zones nordiques ont peu à peu fait leur apparition et ils garantissent maintenant de bonnes productions de qualité. 

Les vignerons québécois sont donc beaucoup plus enclins à respecter le fruit. Pour Mme Raymond, leur objectif est de « laisser le vin s’exprimer à son naturel » avec le moins de produits possible, ce qui s’approche du vin nature. 

L’histoire de la région occupe également une place centrale avec le nom des vins. Nancy Raymond est cheffe de division culture, bibliothèques et développement social dans l’arrondissement de Verdun à Montréal et détient une maîtrise en anthropologie en plus d’une en muséologie. « Il y a une mémoire collective. C’est tout le lien avec la communauté qui fait en sorte qu’il y a un sentiment d’appartenance. J’ai la fierté de pouvoir raconter l’histoire des gens autour », témoigne-t-elle.

Un travail d’équipe

Une grande amie, Danielle Samson, s’est jointe à l’équipe en 2018 comme associée, ce qui fait que contrairement à bien des vignobles, les femmes sont majoritaires. Son conjoint, M. Pilon s’implique à temps plein dans le projet et leurs deux adolescents contribuent aux opérations. 

Mme Raymond continue toutefois d’occuper son poste, ce qui peut lui faire des semaines bien remplies, notamment lors de la période des vendanges. Après la récolte au champ pendant la journée par des étudiants employés, le couple ainsi qu’une petite brigade arrivent le soir afin de procéder aux transferts et aux presses qui peuvent s'étaler jusqu’aux petites heures du matin. 

L’avenir 

Nancy Raymond regarde l’avenir d’un bon œil avec l’engouement pour l’achat local. Parmi leurs projets, ils prévoient installer un espace d’accueil extérieur pour des événements de toutes sortes. En raison d’une plus petite récolte la saison dernière, le couple a aussi expérimenté la production d’un vin orange qui devrait voir le jour d’ici l’été prochain. 

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