L'activité se tenait ce samedi 15 mars
Retour en images sur le séminaire d'autodéfense Krav Maga
C'est ce samedi 15 mars à l'école primaire Pierre-Elliott Trudeau, située sur la rue Bourget à Vaudreuil-Dorion, que se tenait un évènement unique en son genre de 13h à 18h. Pilotée par Mélissa Degongre et Harry Stergiopoulos, l'activité prenait la forme d'un séminaire d'autodéfense et visait à permettre aux personnes qui la suivait d'acquérir des notions simples pour qu'elles se sentent en sécurité en tous lieux et en tout temps.
Fait intéressant: l'objectif derrière ce rassemblement était bien sûr de permettre aux femmes d'acquérir des bases d'autodéfense, mais aussi plus largement, d'amasser des fonds pour la Fondation Canadienne des femmes. Selon son site Internet, cette organisation a quatre volets d'intervention soit Échapper à la violence, Sortir de la pauvreté, Les Filles et Le Leadership.
Si l'évènement s'est tenu 15 mars, soit une semaine après la Journée internationale des droits des femmes, c'était pour permettre à un grand nombre de femmes d'y assister. « Il y a toujours beaucoup d'activités qui se tiennent le 8 mars pour la Journée internationale des droits des femmes. On avait envie que celles qui souhaitaient se joindre à nous ne soient pas partagées entre plusieurs activités. C'est pour ça que ça se tenait une semaine plus tard», confiait la paire lors du passage de Néomédia.
Même si l'activité a attiré au maximum une trentaine de participants, c'est un bilan positif de l'activité que Mélissa dressait. « C'est une première édition. On était aussi à la dernière minute pour l'organiser. Mais je suis heureuse quand même. Je ne me décourage pas. Il y a beaucoup de jeunes parmi nous. L'an prochain, je vais m'y prendre plus tôt pour l'organisation. Je suis très contente parce que huit personnes hébergées dans des maisons pour femmes victimes de violence ont pu se joindre à nous aujourd'hui et bénéficier des conseils et des techniques partagées par Harry. »
Un témoignage touchant
Sans contredit, c'est le témoignage inattendu d'un des participants qui a retenu l'attention lors de l'activité. Ce dernier a confié à Néomédia que sa fille est décédée dans des circonstances violentes. C'est lorsqu'il est arrivé au séminaire ce samedi matin qu'il a fait le lien entre l'objectif de l'activité et la violence faite aux femmes. Il a alors pris la décision de partager son histoire avec les gens présents.
« Tout le monde avait les larmes aux yeux et la gorge nouée. On ne s'attendait vraiment pas à ça», lançait Mélissa.
L'homme, un père de famille, a profité de sa participation au séminaire pour partager l'histoire de sa fille. « Ma fille avait un TDAH et un problème d'attitude qui a empiré au décès de sa mère en 2015. Elle a commencé à décrocher de beaucoup de choses. Elle s'est retrouvée dans une maison pour jeunes en difficulté. À 18 ans, elle s'est retrouvée laissé à elle-même et je ne voulais pas l'aider, car les gens me disaient qu'elle devait s'en sortir seule. Elle n'avait pas beaucoup de scolarité et survivait à peine avec des petits boulots. Elle s'est donc fait promettre de l'argent facile. Elle a commencé à danser dans un bar, puis à se prostituer par la suite dans le coin de Calgary. La première fois, elle a pu être localisée par la police et ramenée à la maison après que j'ai obtenu une injonction du Tribunal. Elle a pu intégrer un programme de l'organisme La Sortie alors qu'elle était enceinte, mais je n'ai jamais su le pourquoi du comment, elle a été mise à la porte après deux semaines de suivi. Elle s'est de nouveau retrouvée à Calgary d'où elle m'a appelé alors qu'elle était intoxiquée. Elle n'allait pas bien du tout. Elle m'a dit qu'elle avait un fusil avec elle pour se protéger», expliquait-il à Néomédia.
L'homme a contacté la police de l'Alberta pour leur demander d'intervenir, mais a oublié de les prévenir que sa fille était armée. Cette dernière a malheureusement été abattue par les agents après avoir pointé son arme vers eux. « Une enquête est en cours pour faire la lumière sur les évènements qui ont conduit au décès de ma fille qui venait tout juste d'avoir 20 ans au moment des faits. C'est important de mentionner que je n'en veux pas du tout à la police. J'espère que l'enquête interne saura répondre à quelques questions qui demeurent, encore aujourd'hui, un mystère», ajoutait-il.
Le Krav Maga, un mélange de conscience et de connaissances
Dans son quotidien, en plus de son emploi de jour, Harry Stergiopoulos, élève de Thierry
Cimkauskas, Maitre Instructeur et Expert Internationale, est instructeur et propriétaire du gym Krav Maga de Vaudreuil-Dorion. Cette méthode de combat se distingue du karaté ou des arts martiaux, car elle met l'accent sur l'anticipation et la contre-attaque. Ce sont des notions issues du Krav Maga qui seront partagées avec les participants la semaine prochaine.
« On a décidé d'organiser ce séminaire, car la violence sous toutes ses formes est bien présente dans la société. L'accès facile à de la pornographie et de la violence à la télé a aussi augmenté de beaucoup les cas de violences conjugales. On pense que c'est des comportements normaux parce que c'est comme ça que ça se passe sur ces sites-là. Que ce soit au supermarché, dans la rue ou encore dans les cours d'école. Il est important que les gens sachent comment se défendre pour assurer leur sécurité. L'activité s'adressait surtout aux femmes, mais les hommes et les enfants étaient aussi les bienvenus. Ce qu'on y montrait peut être appliqué par tout le monde », précisait Harry.
De son côté, Mélissa Degrongre est la propriétaire de l'entreprise Heka Innergy, en plus de pratiquer le Krav Maga depuis six ans au gym de Vaudreuil-Dorion. « Au cours de l'atelier, on a partagé des notions techniques avec les participants, mais aussi des trucs simples pour leur permettre d'être conscients de ce qui les entoure et d'être prêts à affronter toutes les situations. C'est ça au fond le Krav-Maga, c'est un mélange entre la conscience et la connaissance. Si tu vois la personne arriver pour t'attaquer, mais tu n'as pas les notions pour te défendre, ça ne sert à rien. Tu dois savoir comment réagir. Notre but était de redonner de la confiance aux femmes et de faire en sorte qu'elles soient capables d'affronter n'importe quelle situation », ajoutait-elle.
Le Krav-Maga est l'application de techniques qui font la différence, sans pour autant blesser les gens. « On apprend aux participants à être vigilants. On fait aussi de la prévention. Si on voit quelqu'un avec une hache sur le même trottoir que nous, on peut changer de trottoir et s'en aller, sans chercher à se battre. C'est aussi ça le Krav Maga», imageait-elle.
Dans ses locaux de la rue Charbonneau, à Vaudreuil-Dorion, M. Stergiopoulos accueille une clientèle variée allant d'adultes qui souhaitent apprendre les rudiments de l'autodéfense, aux enfants qui ont subi des traumatismes. « On reçoit des femmes victimes d'agressions sexuelles ou de viols, mais aussi des enfants en proie à l'intimidation à l'école. Après quelques semaines avec nous, ils reprennent confiance et sortent de leur coquille et reprenne du pouvoir sur leur vie. C'est ça notre vraie paie, de les revoir sourire et ne plus se comporter en victime », témoignait-il.
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