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Nomades modernes

Le début d’un nouveau chapitre pour la famille Lessard-Ringuette

durée 18h00
15 juillet 2025
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Maxim Ouellet
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Par Maxim Ouellet, Journaliste

Après avoir traversé de long en large l'Amérique du Nord, Vicky Ringuette, Alexandre Lessard et leurs quatre garçons ont vendu leur maison sur roues baptisée Sky. La prochaine étape : parcourir le Vieux Continent avec leur sac à dos !

Si leur véhicule s’appelait Sky, pour Sky is the limit, la nouvelle page de leur histoire porte le titre Dream. La famille Lessard-Ringuette a même adopté un petit toutou qui porte ce nom. C’est la nouvelle mascotte de leur prochain voyage.

Raphaël, 9 ans, avec les mascottes Dream et Sky.

« On est complètement nouveau dans l’univers du backpacking », souligne Alexandre Lessard qui, comme le reste de sa famille, n’a jamais mis les pieds en Europe. Comme lors de leur précédent voyage en autobus, ils devront réapprendre certaines choses et trouver une communauté qui leur donnera les bons conseils.

« Quand on a un rêve, il faut trouver les gens qui sont déjà passés par là, puis on doit poser les actions nécessaires pour atteindre nos objectifs », affirme Vicky Ringuette.

Est-ce que ce voyage sera seulement destiné à l’Europe ? 

Pas nécessairement : « On n’a pas de destinations fixes, on part avec un minimum de plans », explique la mère de famille qui désire avant tout assouvir son besoin de liberté. « Une fois que tu goûtes à ça, tu ne veux plus revenir en arrière. »

Une fois de l’autre côté de l’Atlantique, il se pourrait bien que leur périple transporte la famille jusqu'en Asie ou au sud de la Méditerranée, en Afrique. D’un autre côté, les Lessard-Ringuette ne se forceront pas à se déplacer pour autant. « Si on est bien à Paris, rien ne nous empêche d’y rester pendant deux semaines, mais si on se retrouve en Thaïlande, ce sera ça », poursuit Vicky.

Parlant de Paris, c’est dans la capitale de France que Vicky, Alexandre, Raphael, Olivier, Gabriel et Dominick ont l’intention de démarrer leur expédition. 

Les billets d’avion ne sont pas encore achetés, idem pour le peu d'équipement dont ils auront besoin, mais comme lors de leur escapade de cinq ans en autobus, ils espèrent quitter la région en novembre 2025.

Combien de temps durera cette aventure ?

« Aussi longtemps que possible », répond d'emblée Vicky. « Ça se peut que ce soit six jours, six semaines, six mois ou même six ans s’il le faut », ajoute-t-elle. Malgré son objectif, Vicky ne se fait pas d’illusion et ne s'empêchera pas de revenir au Québec plus tôt que prévu si leur grand voyage s'avère décevant.

Peu importe ce que l’avenir leur réserve, il leur faudra revenir puisque, pour avoir droit aux prestations gouvernementales, il faut demeurer sur le territoire de la province au moins six mois par année. 

Combien coûte une aventure d’envergure comme celle-ci ?

C’est justement grâce aux allocations familiales que les Lessard-Ringuette parviennent à financer leur mode de vie nomade. Avec quatre enfants et peu, voire aucune entrée d’argent, ils reçoivent le maximum d’argent alloué par le gouvernement du Québec.

Ils ont vendu leur maison, leur deuxième voiture et payé toutes leurs dettes. « Quand on est partie la première fois, on avait 85 000$ de côté, on avait aucune dette et nos prestations étaient au maximum pour quatre enfants », rappelle Vicky Ringuette. 

En vendant leur autobus 85 000 dollars, la famille revient à la case départ, mais ils gardent la même vision, c'est-à-dire dépenser le moins possible pour leurs hébergements et leurs activités.

La famille Lessard-Ringuette n’a jamais été très fortunée. Avant même de se lancer dans l’inconnu, seul Alexandre avait un travail car Vicky s’occupait des enfants à la maison. 

« J’allais travailler, je me virais de bord et je donnais ma paye à la banque, à Hydro-Québec, à la ville pour payer les taxes, puis on vivait vraiment avec les prestations, là on a tout arrêté ça et on vit réellement avec les allocations », se rappelle Alexandre.

Les enfants sont bien au courant que les voyages qu’ils entreprennent sont loin d'être luxueux : « On va faire des hôtels trois étoiles », glisse Raphaël, le plus jeune. Ce à quoi sa mère lui répond en riant : « Peut-être plus une étoile, peut-être même pas d'étoile ».

En effet, aussi longtemps que l’endroit est sécurisé, ils dormiront là où c’est le moins dispendieux. Les auberges de jeunesse et les maisons d'hôtes seront à l'honneur, mais une femme rencontrée aux États-Unis les a aussi invitées à venir passer quelques jours chez elle, à Munich. 

Avec toutes les connexions qu’ils ont faites avec d’autres voyageurs à travers le monde, les Lessard-Ringuette pourraient bien se retrouver à être hébergés par des connaissances aux quatre coins du globe.

Comment fait-on pour préserver son intimité lorsqu’on est toujours ensemble ?

Évidemment, l’un des défis les plus difficiles à surmonter lorsqu’on vit à six dans le même véhicule ou dans une seule et même pièce, c’est l'intimité de tous et chacun.

Au niveau du couple, par exemple, « il a fallu réapprendre à s’aimer autrement », a témoigné Vicky. Malgré les obstacles, Alexandre et elle ont su profiter de leur moment et au final se sont bien plus rapprochés. Un constat similaire se fait pour les quatre frères qui, au fil du temps, ont développé une connexion marquée.

« Je crois qu'à la base on a vraiment une belle chimie familiale qui permet de vivre mais aussi d'évoluer et d’apprendre à se connaître davantage en étant toujours aussi proches les uns des autres », observe Vicky.

Ceci dit, la famille Lessard-Ringuette n’est pas parfaite : « Comme tout le monde, ça nous arrive de nous chicaner et bien sûr qu'on a vécu nos moments difficiles », avoue la maman.

Depuis qu’ils ont vendu leur autobus réaménagé et avant de décoller pour l’Europe, les six membres de la famille demeurent dans la même chambre chez mamie, la mère de Vicky, à Les Coteaux.

Pourquoi avoir décidé de vivre tout ça ?

La plupart des gens attendent généralement la retraite avant de voyager, mais ce n’est pas ce que Vicky et Alexandre avaient en tête : « Nous avons tous les deux perdu des proches avant qu’ils atteignent la soixantaine, on s’est dit c’est qu'on allait vivre notre retraite avec nos enfants et on travaillera une fois qu’ils auront quitté le nid familial », raconte Vicky.

« Je ne voulais pas que nos enfants pensent que le Québec, c’était tout le monde, je veux qu’ils comprennent toutes les cultures », précise la maman. Ainsi, les jeunes développent une ouverture sur le monde et apprennent non seulement en faisant l'école à la maison, mais aussi et surtout en faisant l'expérience d’une multitude de choses sur le terrain. 

« Le choix de partir en sac à dos, c’est juste de poursuivre ces apprentissages là avec mes garçons », souligne Vicky.

Avant de se lancer dans ce mode de vie, le couple n'était pas nécessairement heureux, ni confortable avec le rythme traditionnel du 9 à 5. Puis, sur un coup de tête, ils ont décidé de partir. 

Évidemment, ce n'était pas pour être riche financièrement, mais plutôt pour être riche de temps !

Que réserve le futur à la famille Lessard-Ringuette ? 

« On essaie de ralentir, et surtout de vivre dans le moment présent », mais après leur voyage sac au dos, pas question de s'arrêter : tant que les enfants auront moins de 18 ans, ils parcourront le monde en compagnie de leurs parents. 

Mais s'ils évitent à tout prix de passer deux fois au même endroit, où iront-ils une fois que les sept continents auront été explorés ?

L’eau, il reste encore tellement d'endroits à explorer qui ne sont pas nécessairement sur la terre ferme. D’ailleurs, Alexandre avoue avoir réfléchi longtemps avant d'arrêter son choix sur le backpacking : « Ce n’est pas dit que je n'achèterai pas un voilier pour naviguer et voir en dehors de nos horizons », note Alexandre. 

Écrire un livre, partager leur histoire lors de conférences et même réaliser du travail humanitaire, bref, rien n’est exclu pour le futur du couple.

Et une fois qu’ils décideront enfin de s’installer, à la retraite peut-être, ce ne sera pas de manière conventionnelle. « Le prochain chapitre, ce sera peut-être d’acheter une maison, mais je vais être 100 % autonome », projette Alexandre Lessard.

La famille documente chacune de leurs aventures en publiant du contenu sur ses réseaux sociaux et sur sa chaîne YouTube. Il est possible de les suivre via leurs différents comptes, nommés Espace Famille.

 

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