« Il a été un excellent pape dans mon livre à moi. » - Mgr Alain Faubert
Du diocèse de Valleyfield au Vatican : Mgr Alain Faubert témoigne du processus papal

Par Félix Sabourin, Journaliste
Le pape François s’est éteint lundi matin, à l’âge de 88 ans, des suites d’un AVC. Premier pontife originaire d’Amérique latine, il laisse derrière lui un héritage marqué par l’humilité, la justice sociale et l’ouverture au dialogue. Alors que les fidèles du monde entier entament une période de deuil, le Vatican amorce le processus qui mènera à l’élection de son successeur.
En entrevue avec Néomédia, Mgr Alain Faubert, évêque du diocèse de Valleyfield, nommé évêque par François en 2024, a expliqué les étapes à venir dans les semaines suivant le décès du souverain pontife.
Qui est en charge en attendant?
Jusqu’à l'élection d’un nouveau pape, c’est le cardinal Kevin Farrell, en sa qualité de camerlingue, qui va assurer la gestion du Vatican. « Il est à la tête d’un conseil de quatre cardinaux qui a pour but de gérer le Vatican, mais avec des pouvoirs plus limités pendant ce que l’on appelle la vacance du siège », explique Mgr Faubert.
Le cardinal Farrell a notamment confirmé le décès du pape et en a fait l’annonce officielle. Il est aussi chargé de la destruction de l’Anneau du Pêcheur, symbole du pontificat remis au pape suite à son inauguration, devant le collège des cardinaux.
Une chapelle ardente et des funérailles
Dans les prochains jours, une chapelle ardente sera aménagée à la basilique Saint-Pierre afin que les fidèles puissent venir rendre un dernier hommage au défunt pape. Les funérailles auront lieu au Vatican le samedi 26 avril. Plusieurs cardinaux, archevêques et évêques y assisteront.
Des congrégations générales entre les cardinaux et le camerlingue seront également tenues. « Il s’agit de rencontres entre les cardinaux pour regarder vers l’avenir », explique Mgr Faubert. « Tous ne se connaissent pas très bien les uns les autres, ils viennent de partout dans le monde. C’est une opportunité pour eux de discuter et d’apprendre à mieux se connaître, et ainsi discuter de la suite des choses. »
Une période de deuil appelée « novendiales », qui s’étend sur neuf jours, sera observée.
Le conclave
Le conclave s’amorcera entre le 6 et le 11 mai, à la chapelle Sixtine. Le mot conclave provient du latin cum clave, signifiant « sous clé ». « Ça veut dire qu’ils vont s’enfermer sous clé pour délibérer. Leurs délibérations sont sous le sceau du secret à l’intérieur de la chapelle », précise Mgr Faubert.
Pour qu’un nouveau pape soit élu, il faut l’approbation d’au moins deux tiers des cardinaux votants. Ceux-ci peuvent voter pour l’un de leurs pairs ou, plus rarement, pour une personne extérieure au conclave. « La dernière fois que c’est arrivé, je pense que c’était au 14e siècle, alors je ne pense pas que ça risque d’arriver de sitôt », ajoute Mgr Faubert, faisant allusion à l’élection du pape Urbain VI en 1374.
Parmi les 135 cardinaux admissibles à voter, seulement 120 seront sélectionnés pour participer au conclave. Les votants doivent être âgés de moins de 80 ans. Le processus peut nécessiter plusieurs tours de scrutin, s’étendant sur quelques heures ou plusieurs jours.
Après l’élection
Lorsque l’élection d’un nouveau pape est conclue, de la fumée blanche s’échappe de la cheminée de la chapelle Sixtine. Si le seuil des deux tiers n’est pas atteint, la fumée est noire, signalant la poursuite du conclave.
Suite à son élection, le nouveau pape devra accepter son rôle, choisir un nom et enfiler les habits pontificaux. Il fera ensuite sa première apparition publique sur le balcon de la basilique Saint-Pierre.
C’est le cardinal votant le plus ancien, en l’occurrence le Français Dominique Mamberti, qui proclamera la célèbre formule : « Habemus papam », qui veut dire « Nous avons un pape. »
Une messe inaugurale suivra, marquant officiellement le début de son ministère à la fois comme évêque de Rome et chef de l’Église catholique mondiale.
Une Église plus internationale que jamais
Les cardinaux sont choisis par le pape en fonction ou ses prédécesseurs. « Ce n’est pas une position pour laquelle on fait application. Que ce soit évêque, archevêque ou bien cardinal. On est choisi par le pape », rappelle Mgr Faubert.
Bien que l’identité du prochain pape soit imprévisible, plusieurs cardinaux issus de milieux culturels variés pourraient être candidats. « Le collège des cardinaux qui va élire le prochain pape a une internationalité absolument remarquable », souligne Mgr Faubert.
Historiquement, les papes étaient surtout européens. « Dans les années 60, il y avait une masse d’Européens, surtout des Italiens. Aujourd’hui, il y a beaucoup de candidats qui viennent de l’Asie », explique-t-il.
Cette évolution reflète la distribution géographique des fidèles. « En regardant le milliard et demi de fidèles, il y en a beaucoup en Afrique, en Asie du Sud-Est, en Corée et aussi en Amérique du Sud. »
Une élection spirituelle, mais aussi politique
La sélection du pape peut être influencée par des considérations politiques internes à l’Église. « La grande question est de déterminer lequel est le mieux à même de rendre témoignage à l’Évangile dans les circonstances actuelles de notre monde », note Mgr Faubert.
Selon lui, le pape joue un rôle crucial non seulement pour les catholiques, mais aussi pour les gens à travers le monde. « On élit une figure d'autorité morale et de leadership spirituel non seulement pour un milliard et demi de fidèles, mais aussi pour le monde d’une certaine façon. »
« Il a été un excellent pape dans mon livre à moi »
Mgr Faubert rend un hommage ému à François : « Il a été une conscience morale pour plusieurs à travers le monde. Il a été un excellent pape dans mon livre à moi. »
Il le décrit comme un homme ouvert, à l’écoute, qui se distinguait par une approche humaine. « Il était moins moralisateur, sans pour autant manquer de positions morales. Au lieu de prendre les gens de haut, il marchait avec eux, il dialoguait pour mieux les comprendre. »
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