Migrants irréguliers à la frontière
La GRC de Valleyfield plus occupé qu’habituellement
Avec le contexte politiquement tendu aux États-Unis, de plus en plus de personnes tentent de franchir illégalement la frontière. Le détachement de Valleyfield met les mesures nécessaires en place pour éviter un flux d'immigrants illégaux important, mais les résidents du secteur vivent tous les jours sur le qui-vive.
« Au cours des dernières semaines, nous observons une augmentation notable des entrées illégales, particulièrement sur le territoire couvert par notre détachement de Valleyfield », indique le caporal Erique Gasse du bureau des communications de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
Dans la petite municipalité de Franklin située tout juste avant la frontière canado-américaine, les citoyens sont sans cesse confrontés à des situations impliquant les migrants irréguliers et le réseau de passeurs qui facilite leur passage d’un pays à l’autre.
Valises, sac à dos, linges et équipement de camping jonchent couramment le terrain des domiciliés pour qui la propriété touche directement à la frontière. Ce sont des objets laissés sur place par des gens s’apprêtant à traverser illégalement.
Collaborant de concert avec la GRC, les témoins de situations anormales près de chez eux sont invités à contacter directement le détachement de leur région. Une pancarte a même été installée à cet effet au bout de la montée Covey Hill.
Quelques résidents ont même le numéro de téléphone portable personnel du sergent en poste. « Il m’arrive parfois de communiquer directement avec lui », témoigne Mark, un agriculteur du coin.
Une situation déplorable
« Ces gens-là ne sont pas particulièrement dangereux, mais mettez-vous à ma place, je veux m’assurer que ce soit sécuritaire pour ma famille », explique Mark, papa de deux jeunes enfants.
Les voisins de Mark abondent souvent dans le même sens : « C’est triste parce qu’ils ne sont qu’à la recherche d’un meilleur avenir, d’une meilleure vie pour leurs enfants », souligne Ian qui a habité le long de la frontière une bonne partie de sa vie.
Il arrive parfois à Ian de voir des gens passer sur son terrain alors qu’il écoute la télévision le soir : « Ça surprend au début, mais on sait que la GRC a une tonne de gadgets pour les intercepter », relate-t-il.
Bien équipé pour faire face au problème.
« Comme toujours, nous surveillons la situation de près et adaptons nos interventions sur le terrain et l’affectation de nos ressources en fonction de celle-ci », assure le caporal Gasse.
En effet, les agents de la police fédérale ont installé des caméras aux points chauds, ils sont munis de véhicules tout terrain et un hélicoptère Blackhawk survole parfois le territoire. De plus, les patrouilleurs multiplient leurs allées et venues dans le but d’arrêter des suspects et de démanteler des réseaux de passeurs.
« Les véhicules que je vois le plus passer devant chez moi, c’est ceux de la GRC », remarque Mark.
Un voyage périlleux
Passer des États-Unis au Canada, ce n'est pas aussi facile que d'aller faire une marche dans la forêt : les défis sont aussi nombreux que les dangers. Il arrive souvent que les migrants attrapés par la GRC soient envoyés dans un centre hospitalier pour soigner leurs blessures.
« Nous rappelons qu’il est non seulement illégal de traverser la frontière entre les points d’entrée officiels, mais c’est également périlleux. D’ailleurs, plusieurs migrants ont dû être hospitalisés récemment, notamment en raison des effets de la chaleur », communique le caporal Gasse.
Idem en hiver où les engelures se joignent aux embûches. D'ailleurs, la GRC a demandé aux citoyens de ne pas ouvrir la porte aux inconnus qui cognaient chez eux. Tous sont priés de les contacter si une situation du genre se présente.
Une situation préoccupante selon la députée fédérale Claude DeBellefeuille
La députée du Bloc Québécois dans la circonscription de Beauharnois-Salaberry-Soulanges-Huntingdon, Claude DeBellefeuille est aussi vice-présidente du Conseil de la sécurité publique et nationale. La situation à la frontière la concerne et la préoccupe depuis le début de son mandat. Elle déplore que « les migrants soient victimes d’un réseau de passeurs criminels bien établi ».
Madame DeBellefeuille travaille conjointement avec le régiment de GRC de Valleyfield afin de trouver des solutions efficaces au problème qui sévit à la bordure. Dans la dernière année, la députée a eu plusieurs rencontres avec des cadres de la police fédérale qui ont débouché entre autres sur la création d’un numéro unique auquel peuvent appeler les citoyens aux prises avec des migrants irréguliers.
Ainsi, « en croisant des données, les agents de la GRC peuvent avoir un aperçu plus juste de la situation et intervenir de manière plus directe et efficace », souligne Claude DeBellefeuille. « Toutes les solutions, qu’elles soient petites ou grandes, sont bonnes. C’est en les additionnant qu’on arrive à sécuriser la frontière comme il se doit », ajoute-t-elle.
Concrètement, Madame DeBellefeuille propose aussi de donner des pouvoirs additionnels aux agents des postes frontaliers. Pour le moment, ceux-ci ne peuvent pas sortir de leur poste pour intervenir s’ils sont témoins d’une traversée illégale. « Au Bloc Québécois, on veut que ces agents-là puissent intervenir parce que la GRC ne peut pas toujours être sur les lieux à temps lorsqu’ils sont appelés, notre idée a été reçue froidement par le ministre responsable », explique la députée.
Pour Claude DeBellefeuille, un problème de bureaucratie saute également aux yeux : les délais avant que ces réfugiés obtiennent un permis de travail sont interminables puisque le ministère de l’Immigration est débordé. « Ça n’a pas de sens qu’on soit incapable de les introduire d’une meilleure façon dans la société […] à cause de ça, ils sont exploités », relate la bloquiste. Elle est donc d’avis qu’il faut réduire les délais, mais aussi que le Canada doit répartir équitablement les réfugiés à travers les provinces puisque le Québec se retrouve lui aussi débordé.
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