« Il faut placer l’intérêt du patient avant tout » -Jean-François Desgagné
Accès aux médicaments vétérinaires en pharmacie : des obstacles persistent

Par Félix Sabourin, Journaliste
Les propriétaires d’animaux de compagnie font face à des frais vétérinaires parfois élevés, notamment pour l’achat de médicaments. Cependant, une alternative existe pour les propriétaires, soit l’ajout de leur animal au dossier pharmaceutique, permettant d’obtenir certains traitements sur ordonnance à coût réduit en pharmacie. Toutefois, l’accès à ces médicaments demeure limité en raison de contraintes réglementaires et de restrictions d’approvisionnement.
Le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec, Jean-François Desgagné, souligne que les pharmaciens rencontrent des difficultés d’approvisionnement. « Il n’y a qu’un seul grossiste où les pharmaciens peuvent se procurer ces médicaments. Certains fabricants refusent de vendre à des compagnies pharmaceutiques, ce qui complique l'accès aux traitements. »
Autrefois, les pharmaciens pouvaient acheter directement auprès des fabricants, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le grossiste agit comme intermédiaire et applique une marge bénéficiaire. Bien que cette pratique facilite la gestion des stocks, elle peut restreindre l’accès à certains médicaments.
Une situation qui s’améliore lentement
En théorie, les pharmacies devraient pouvoir obtenir ces médicaments. Cependant, malgré certaines avancées, plusieurs fabricants refusent toujours de vendre directement aux pharmacies. L’Ordre des pharmaciens du Québec poursuit ses démarches auprès de Santé Canada pour améliorer la situation. « L’objectif sera toujours de prioriser la santé, qu’il s’agisse d’un être humain ou d’un animal », rappelle Jean-François Desgagné.
Les pharmaciens qui remplissent des ordonnances vétérinaires sont soumis aux mêmes responsabilités déontologiques que pour les patients humains. Ils doivent garantir la qualité des traitements et assurer un suivi rigoureux. « Il faut placer l’intérêt du patient avant tout. C’est un principe fondamental de la pratique pharmaceutique », rassure le président de l'Ordre.
Une formation limitée en médecine vétérinaire
Les pharmaciens reçoivent une formation avancée en pharmacologie et pharmacodynamie, des connaissances qui s’appliquent à tous les êtres vivants. Toutefois, la formation vétérinaire est peu abordée dans le cursus de pharmacie.
Ils doivent donc développer leurs compétences de manière autonome pour s’assurer d’offrir des services les plus adéquats possible. « Si un pharmacien souhaite remplir des ordonnances vétérinaires. Il a le devoir d’adapter ses compétences et de se tenir informé afin d’assurer la sécurité des traitements administrés aux animaux. », conclut Jean-François Desgagné.
Vers une meilleure collaboration entre pharmaciens et vétérinaires
Interrogé sur le manque de collaboration entre les pharmaciens et les vétérinaires, l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) reconnaît que cette nouvelle réalité nécessite une période d’adaptation. « La possibilité de se procurer des médicaments vétérinaires en pharmacie est un besoin qui s’est manifesté récemment chez les propriétaires d’animaux. »
L’OMVQ se dit toutefois optimiste quant à l’évolution de cette collaboration. « Cette nouvelle réalité implique une période d’adaptation entre les pharmaciens et les médecins vétérinaires, afin que les clients trouvent leurs repères et que les professionnels poursuivent leur collaboration inter-ordre.»
Cette coopération devrait améliorer l’accessibilité aux soins vétérinaires et renforcer la protection du public. « L’OMVQ voit d’un bon œil cette collaboration entre professionnels, qui se bonifiera au fil du temps », explique l'Ordre des médecins vétérinaires du Québec.
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