Pour Éric Girard, président du conseil d'administration du centre de crise et de prévention du suicide Le Tournant, qui aide des milliers de personnes chaque année, cette ressource est plus que jamais pertinente. Entrevue avec celui qui côtoie la mort au quotidien et qui souhaite mettre à profit son expertise au sein de cet organisme pour le faire connaître et rayonner afin d'aider encore plus de gens. 

En cette 35e semaine de prévention du suicide, qui se tient du 2 au 8 février 2025 sous le thème Mieux vaut prévenir que mourir, M. Girard cumule huit ans d'implication au sein du C.A. de la ressource à titre d'administrateur, dont deux ans passés comme président. 

Dans la vie de tous les jours, Éric Girard est directeur de funérailles dans une entreprise située sur l'île de Montréal. Il côtoie des familles endeuillées au quotidien, parfois par suicide, et il reçoit régulièrement dans son bureau des familles de Vaudreuil-Soulanges. 

 « Je vois la mort de près et j'avais envie de partager mon expertise professionnelle avec Le Tournant. Surtout qu'après avoir vécu le suicide d'un proche, une personne a 75% de risques de passer à l'action à son tour. Il faut en parler et faire connaître Le Tournant. Personnellement, il y a longtemps, j'ai perdu un ami par suicide. Nous avions le même profil, soit le même âge, et on faisait le même métier. C'est sûr que ça bouleverse quand on perd un proche de cette manière-là», résume-t-il d'entrée de jeu. 

Dans la majorité des cas de décès par suicide, la santé mentale joue un rôle important.  « J'ai suivi plusieurs cours sur le sujet à l'université et ça me fait plaisir de mettre mes connaissances à contribution pour Le Tournant. Si ça peut contribuer à sauver des vies, c'est ça le but», ajoute-t-il. 

De par son métier, Éric Girard constate deux choses: les gens qui décèdent par suicide ont des profils bien différents et ils ont souvent un point en commun: des enjeux de santé mentale.  « Les victimes du suicide ont des âges variés, des profils variés, des origines variées, mais presque tous le même point en commun: la santé mentale. Aucun d'eux ne se donne la mort en pleine conscience comme on voit souvent à la télé ou au cinéma. Le suicide, c'est violent pour les proches qui le vivent de près », confie-t-il.

Pour M. Girard, il existe une autre forme de suicide, légalement acceptée au Québec depuis quelques années, et plus douce pour les proches: l'aide médicale à mourir.« Au départ, je craignais que ça ait un côté dévastateur, mais au contraire. Les proches ont le temps de se faire à l'idée et d'accepter la décision de la personne qui l'a prise. Surtout, ils connaissent les raisons derrière le geste, il n'y a pas de non-dit comme pour les endeuillés par suicide qui n'ont pas toujours les réponses à leurs questions. »

Le Tournant, une ressource qui sauve des vies 

Pour les proches de gens qui songent au suicide ou qui sont inquiets pour eux, Le Tournant peut littéralement sauver des vies.   « On peut se tourner vers l'organisme pour questionner, ou se questionner, si on consulte pour nous afin de déceler les signes ou les indices qui peuvent conduire vers le suicide. On peut obtenir de l'assistance pour identifier les indices et savoir s'il est urgent d'agir ou non ou des astuces pour tenter de se connecter avec la personne en détresse. Il faut dire que souvent les gens qui songent au suicide sont isolés. On peut obtenir des conseils pour l'aider à se raccrocher à quelque chose ou lui venir en aide avec certaines problématiques comme des problèmes financiers ou d'autres natures. »

M. Girard pousse plus loin sa réflexion.  « Le Tournant, c'est un filet de sécurité sur lequel on peut se reposer quand la crise atteint son apogée. Par la suite, un réseau est en place dans la région pour aider les gens en fonction de leurs problématiques. Par exemple, Psycohésion offre du soutien en santé mentale.»

En terminant, si M. Girard devait adresser un message aux gens qui sont en état de détresse, c'est celui-ci:  « Il ne faut pas hésiter à consulter Le Tournant. C'est un service anonyme. Peu importe où l'on se trouve au Québec, il existe des ressources pour nous venir en aide, même si on est sans emploi et sur l'aide sociale. Il y a toujours un organisme près de nous qui peut nous sauver la vie», conclut-il. 

Plusieurs autres ressources dans la région 

La région du Suroît englobe d'autres services d'aide pour les hommes et les femmes de la région qui souffrent de détresse psychologique, de problèmes de santé ou d'autres problématiques qui peuvent conduire au suicide. 

Parmi ces ressources, on peut nommer: 

- Le Versant; 

- Via L'Anse; 

- La Passerelle; 

- Le Pont du Suroît: 

- L'Accueil pour Elle; 

- Aire ouverte pour les 12-17 ans; 

Pour plus d'informations, on peut visiter le site Internet au Tournant. On peut joindre son personnel au  450 371-2820. La ligne de crise et de prévention du Tournant est accessible 24h sur 24h sept jours par semaine, au 450 371-4090 ou sans frais au 1 833 371-4090. 

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