Une mère monoparentale de Vaudreuil-Dorion rénove elle-même son sous-sol
Faire preuve de résilience et de patience après les inondations du 9 août dernier
Le 9 août dernier, la résidence de Stéphanie Lapierre, située sur la rue des Floralies, a été, à l'instar de milliers d'autres à Vaudreuil-Dorion, victime d'un refoulement d'égout causé par la pluie diluvienne qui s'abattait sur la région de Vaudreuil-Soulanges. La mère monoparentale de deux enfants adolescents a toutefois décidé d'enfiler sa salopette et de relever ses manches pour reconstruire, elle-même, son sous-sol.
C'est pour livrer un message d'espoir, et peut-être inspirer les autres, que la femme, qui aura 50 ans dans quelques mois, a accepté de rencontrer Néomédia pour partager son histoire. C'est une amie de Mme Lapierre, Francine, qui a contacté le journal pour faire part du projet mené par cette dernière à l'auteure de ses lignes et la mettre en lumière.
Depuis la COVID-19, les mots adaptation et résilience prennent tout leur sens pour plusieurs. C'est le cas pour Stéphanie Lapierre qui demeure sur la rue des Floralies depuis 2017. Elle a fait l'acquisition de son domicile en raison de sa proximité avec l'école de ses enfants, qui étaient au primaire au moment de l'achat.
« Mes voisins qui sont ici depuis plus longtemps que moi n'avaient jamais vécu une situation semblable à celle qui s'est produite le 9 août dernier. Au plus fort des intempéries ce jour-là, les gens avaient de l'eau jusqu'aux genoux dans la rue. On pouvait apercevoir les remous causés par les infrastructures de la Ville. Par chance, je n'étais pas ici quand c'est arrivé. J'étais dans les Laurentides, c'est une voisine qui m'a informée de la situation. La rivière Quinchien est sortie de son lit en raison de la quantité de pluie tombée et c'est ce qui a causé l'inondation de notre secteur. Face à la situation, j'ai décidé de lâcher prise et de ne pas revenir le soir même. De toute façon, les routes étaient trop dangereuses», indique-t-elle d'entrée de jeu.
Retrousser ses manches
Dans son adolescence, Mme Lapierre a travaillé dans la cour à bois d'une quincaillerie. À 15 ans, en 1990, elle aidait les contracteurs à charger leurs camions de matériaux pour leurs différents chantiers. Elle n'a jamais eu peur de se salir les mains.
Le sous-sol de Mme Lapierre a été inondé par un refoulement d'égout provenant de la toilette. À cet étage, on retrouvait la chambre de son garçon de même qu'une salle d'eau.
Au total, deux pouces d'eau brouillée se sont retrouvés sur le plancher du sous-sol. Dès lors, Mme Lapierre se met en action avec l'aide de proches: elle sort tous les meubles qui y prenaient place afin de mieux examiner l'étendue des dégâts. Par la suite, elle commence à découper le bas des murs.
« J'ai découvert un défaut de construction au sous-sol de la maison en ouvrant les murs. Je me suis dit que je ne pouvais pas reconstruire ainsi. Avant que j'emménage, la maison appartenait à quelqu'un qui recevait ses clients à domicile. On comptait huit portes et une aire d'attente au sous-sol. Bref, c'était aménagé pour répondre aux besoins de l'ancienne propriétaire des lieux, mais pas aux miens. J'ai décidé de remédier à la situation », confie-t-elle.
À la suite des évènements du 9 août dernier, Mme Lapierre a reçu des chèques de sa compagnie d'assurances pour couvrir les dommages. Malgré tout, elle a décidé de faire le plus gros du travail par elle-même et de faire appel à des professionnels qu'en cas d'extrême nécessité.
« J'ai décidé que le plancher du sous-sol serait en époxy, ce qui est bon à vie. De cette façon, si la situation se répète, ça devrait faire moins de dégâts. J'ai aussi payé pour les services d'un électricien. Depuis le début de cette situation, j'ai fait le choix de prendre ça du bon côté. Je vais pouvoir rénover le sous-sol à mon goût et selon mes besoins. J'ai aussi pu me rééquiper en outils de toutes sortes. »
Depuis le 9 août, Mme Lapierre a réussi plusieurs étapes. « Vive les vidéos Youtube (rires). J'ai appris comment faire un plafond suspendu et des divisions en les regardant. C'est moins difficile qu'on le croit. Ma priorité en ce moment est de terminer la chambre de mon garçon pour qu'il puisse revenir vivre ici une semaine sur deux. Je dirais que le chantier est terminé à 80%. Pour faciliter ma tâche, je me suis fait un coin atelier au sous-sol où j'ai placé tous mes outils. Je pense que la société met trop de standards, trop de balises pour nous indiquer ce à quoi notre maison devrait ressembler. On doit arrêter de vouloir tout faire de la même manière. Au final, si elle correspond à nos goûts et à nos besoins, c'est ce qui compte. »
C'est la première fois que Mme Lapierre entreprend un chantier de cette ampleur. « On est deux filles chez nous et mon père était pas mal manuel. On l'a souvent vu faire des travaux. J'ai appris de lui. Aujourd'hui, il a 75 ans et sa santé ne lui permet plus de m'aider, ce qui le désole beaucoup. Lui et ma mère sont très fiers de moi et m'encouragent dans ce projet. Pendant la COVID, j'ai aussi fait des travaux dans ma salle de bain en haut. Pour le sous-sol, j'ai fait un plan pour savoir où je mettrais ma laveuse, ma sécheuse, ma salle de bain et mon atelier. Je n'ai rien laissé au hasard, vu que le sous-sol n'est pas très grand. »
Quelles étapes lui ont donné le plus de fil à retordre? « Toutes les lattes de bois. D'abord, il a fallu les transporter au sous-sol. Seule, ce n'était pas évident. Ensuite, il fallait prendre les mesures et percer les trous pour les prises de courant. Il fallait que je sois extrêmement minutieuse pour cette étape. J'ai dû recommencer au moins une fois. Disons que les employés du Home Dépot me connaissent bien (rires). Le chantier n'a pas été évident dans son ensemble. Pendant trois mois, je ne pouvais utiliser qu'une seule prise de courant en bas. »
La patience et la résilience au coeur du projet
Que retient-elle de cette expérience? « Je suis heureuse que mon corps continue de me suivre (rires). Je respire et j'avale de la poussière depuis quatre mois. Depuis un an, je dois composer avec l'arthrose et l'arthrite et des problèmes vasculaires. Heureusement, j'ai toujours été sportive et active dans ma vie, je crois que c'est ce qui fait que je peux encore suivre la cadence. Mais je ne cache pas que j'ai besoin d'une pause bientôt. J'ai pris peu de pauses depuis les évènements, alors quand mon fils va revenir, je vais ralentir la cadence. »
Malgré l'ampleur de la tâche à accomplir, Mme Lapierre ne s'est pas laissée décourager. Elle a fait preuve de résilience et de patience pour mener à bien son projet. Si un ami l'appelle pour de l'aide sur un chantier, ira-t-elle?. « Si c'est pour un court chantier, bien sûr, avec plaisir. Si c'est plus long, ça va dépendre...pas avant l'été prochain, au moins», lance-t-elle entre deux coups de marteau.
« Si j'ai à donner un conseil aux gens qui pensent à faire la même chose, ce serait de se lancer et de se faire confiance. Quel est le pire scénario qui pourrait arriver? De ne pas réussir du premier coup et de recommencer. Ce n'est pas la fin du monde», conclut-elle sur une note positive.
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