La famille vend son autobus pour voyager en sac-à-dos
Vie de nomade: le clan Lessard-Ringuette passe à la phase 2
C'est le coeur gros que le clan Lessard-Ringuette, qui a entamé une vie de nomade il y a quatre ans presque jour pour jour, met en vente sa maison sur roues. Un passage obligé pour enclencher la phase 2 de leur plan de vie qui, espèrent-ils, les mènera aux quatre coins du globe.
« Le moment est venu pour nous d'entamer la phase 2 du voyage. Je t'en parle et j'ai un grand vertige et des frissons, comme quand on a décidé de se lancer dans cette aventure il y a quatre ans. Mine de rien, aujourd'hui, on a découvert le Canada, les États-Unis et le Mexique avec nos quatre garçons. On a pas envie de se poser et de revenir à notre vie d'avant dans un quotidien de fou. On a donc décidé de vendre notre autobus et de partir découvrir le reste du monde en sac-à-dos et en avion. Notre terrain de jeu s'élargit », raconte Vicky debout au coeur de leur maison sur roues où ils ont vécu de très beaux moments depuis leur départ en 2020.
Puisqu'ils ne savent pas quand ils devront faire leur adieu à leur mastodonte gris tout équipé, la famille n'a pas de date de départ en tête. « On a pas de plan. On s'accorde une liberté totale, ce qui est plaisant et effrayant à la fois. On va partir sur un nowhere, ce qui veut dire que si on a des billets à rabais de dernière minute pour une destination X, on va se lancer dans le vide et partir», ajoute-t-elle.
Pour leur maison roulante, le couple demande 85 000$. « On est conscients que ce n'est pas pour tous les budgets. Mais, c'est vraiment une maison mobile. Il comprend quatre lits couchettes, une chambre fermée avec lit king, une cuisine avec un comptoir en céramique et poêle- frigo, une table de cuisine pivotante et une salle de bain avec douche en céramique. Il fonctionne à l'électricité solaire. Il a tout ce qu'il faut pour faire le bonheur d'une autre famille. Sur les diverses pages de réseaux sociaux où on a partagé notre annonce, on a eu 350 partages», explique Alexandre.
Cette somme, combinée aux allocations familiales qu'ils reçoivent chaque mois, leur permettra de financer leur mode de vie. « Évidemment, depuis notre départ, on a ralenti. Pour vrai, notre autobus nous coûte 50% moins cher, en frais, que notre hypothèque. On économise en électricité puisqu'il fonctionne à l'électricité solaire », mentionne Alexandre.
Toutefois, ce n'est pas parce qu'ils sont tannés qu'ils ont décidé de se départir de leur résidence roulante. « Au contraire, on veut pousser notre expérience encore plus loin. Notre plus vieux a 15 ans. Il lui reste encore quelques années avec nous avant de prendre son envol pour mener sa propre vie. On veut en profiter au maximum. On est tellement plus soudé qu'avant. Ces quatre années ensemble nous ont permis de faire une thérapie familiale et même de couple. Avant notre voyage, je ne sais pas si moi et Alex allions rester ensemble. On disait souvent ça passe ou ça casse à propos de nous deux. On a vraiment remarqué les bienfaits de notre nouvelle vie sur nous», relate Vicky.
Si l'autobus ne trouve pas preneur d'ici janvier, la famille partira vers la Floride. « On ne veut pas que le bus rouille et se détériore. On va rouler avec jusqu'à ce qu'on le vende. On souhaite qu'il apporte autant de bonheur à ses nouveaux propriétaires que nous en avons eu. On est vraiment dans un processus de deuil en ce moment », indiquent-ils le choeur lourd.
Un voyage qui ouvre l'esprit
Quatre ans après leur départ, leurs fils Dominick, Gabriel, Olivier et Raphaël sont âgés de 15 ans, 12, ans, 11 ans et 8 ans. « C'est fou. Raph a vécu aussi longtemps dans sa vie dans le bus qu'en dehors. Il n'a pas connu l'école normale», lance celle qui leur enseigne au quotidien.
Qu'ont-ils préféré dans leur périple? « Moi, c'est de me baigner avec les tortues à Tulum au Mexique», partage le petit dernier. « Moi, c'est l'océan et la jungle », renchérit l'aîné Dominick. Pour sa part, Olivier a eu un coup de coeur pour l'Île de Vancouver, tandis que Gabriel a préféré la Basse Californie où il a pu toucher des baleines. De son côté, le papa Alexandre conserve de beaux souvenirs de Terre-Neuve et ses icebergs.
Quels endroits rêvent-ils de découvrir dans cette phase 2 de leur voyage? « L'Australie», clame en premier le plus jeune Raphaël. « Les temples chinois et la Cité de Hong Kong», ajoute Gabriel. Quant à lui, Olivier aimerait voir l'Alaska alors que Dominick, l'aîné, aimerait poser ses valises au Panama et en Polynésie Française.
« C'est beau de voir qu'ils ont des rêves et qu'ils considèrent que rien n'est impossible. C'est un peu ce qu'on voulait leur inculquer. On n'est pas riches monétairement, mais ce sera notre legs pour eux. On est fiers de voir qu'ils vont vers les autres et qu'ils s'intéressent vraiment aux humains. Dans chaque destination, on essaie de manger la nourriture locale et de parler avec les gens qui demeurent là-bas. On veut, comprendre et expérimenter le mode de vie local», partagent-ils.
Au terme de ce périple en Amérique du Nord, l'aîné Dominick est trilingue. Le reste du clan est bilingue. « Ils n'ont pas peur d'affronter l'inconnu. Ils voient que tout est possible. Ils apprennent à s'adapter. Jamais pendant notre voyage, on ne s'est senti en danger. Il faut le mentionner», précise Alexandre.
De retour auprès de leurs proches, la famille ne peut que faire quelques constats. D'abord, le rythme de vie dans la région du Grand Montréal n'est pas le même qu'au Québec. « Ici, on court tout le temps. On s'oblige à se voir pendant le temps des Fêtes, même si on fatigué et épuisé. On ne passe pas de temps de qualité ensemble. Les enfants sont accros aux écrans et dorment mal. Ici, on consomme plus. Sur la route, on consommait beaucoup moins. Nous étions autonomes, grâce aux panneaux solaires disposés sur le toit de notre autobus. On n'arrêtait à l'épicerie qu'en cas d'extrême nécessité. On est des observateurs du quotidien de nos proches et on ne sait pas comment on a fait pour en faire partie avant qu'on parte. On ne se voit pas du tout revenir à notre vie d'avant», admettent-ils
Un quotidien bien rempli
Même si plusieurs associent la vie de nomade, à une liberté totale, Vicky et Alexandre avaient instauré une routine bien établie sur la route. Si bien, que leurs enfants disent affectueusement qu'ils ont des parents dans l'armée.
« On se lève tôt et on fait notre lit. Par la suite, on déjeune, on s'entraîne, on se douche et on s'habille. Par la suite, c'est le temps des leçons. Ensuite, temps libre pour les activités. Ça peut paraître militaire, mais on a remarqué les bienfaits de cette vie sur nous. On est plus en forme, on mange mieux, on dort des nuits de 12 heures. On est plus de bonne humeur. Les enfants n'ont droit qu'à deux heures d'écran par semaine et ils s'en portent bien. Ils ont tellement lu depuis notre départ, c'est fou. Un de nos garçons était très anxieux avant. Aujourd'hui, l'anxiété est disparue», témoigne Vicky, native de Coteau-du-Lac.
Toutefois, ils avouent que tout n'est pas toujours rose. Partir sur la route est synonyme d'adaptation. Il faut accepter les problèmes mécaniques et autres pépins qui peuvent survenir au fil du voyage. « Alex est super prévoyant et habile de ses mains, alors il a une bonne personnalité pour me suivre dans mes idées de fou (rires). On conseille à toutes les familles de vivre une expérience de ce genre au moins une fois dans leur vie. Au moins pour resserrer leurs liens. Si on peut en inspirer une seule à partir à l'aventure, on sera heureux. Si les gens ont des questions, ils peuvent nous écrire sur notre page Facebook Mon Espace Famille. On peut aussi les suivre, sous le même, sur Instagram et Youtube. D'ailleurs, on va continuer d'y partager nos prochaines aventures. Ça ne changera pas! », conclut Vicky enthousiaste face à ce que le destin réserve à sa petite famille.
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