Refuge animal
Faute de ressources humaines et financières, Refuge Soulanges ferme ses portes
Le manque de ressources financières, de ressources humaines ajoutées à la pénurie de familles d'accueil prêtes à accueillir des chats et des chiens de façon temporaire sont tous des facteurs qui ont eu raison de l'organisme Refuge Soulanges. L'organisation qui a ouvert ses portes en juin dernier travaille maintenant à sa dissolution.
Comme son nom l'indique, le Refuge Soulanges prenait en charge les animaux, soit les chiens et les chats demeurant sur le territoire de Vaudreuil-Soulanges qui devaient être relocalisés ou adoptés par une nouvelle famille.
« Nous étions une petite équipe d'administrateurs. Certains ont quitté au fil des mois et nous étions seulement deux quelques semaines avant la dissolution, soit moi et Cindy Besner technicienne en santé animale. Un autre des problèmes qui a mené à notre fermeture, c'est l'absence d'un local pour mener nos activités. Nous devions compter sur la collaboration de familles d'accueil pour accueillir les animaux et ça ne court pas les rues», indique Catherine Lalonde, administratrice du Refuge Soulanges.
Plusieurs préjugés subsistent contre les refuges
Mme Lalonde précise qu'il était particulièrement difficile de dénicher des familles d'accueil pour les chiens. « Les gens étaient réticents à l'idée d'en héberger à la maison pour plusieurs raisons: craintes, plus d'occupations, ou encore, parce qu'ils avaient peur que l'animal ait des problèmes de comportement. Il y a beaucoup de préjugés envers les refuges et les animaux qui proviennent de ceux-ci. C'était ardu de réussir à en trouver. Parfois, les familles ne voulaient pas accueillir un animal par peur de trop s'attacher », image-t-elle.
Pour les chats, c'était plus facile de les héberger temporairement, bien que le Refuge Soulanges était confronté à une autre problématique. « Comme nous n'avions pas de local pour y tenir nos activités, il était difficile de dire aux familles d'accueil pendant combien de temps l'animal demeurerait avec elles. Parfois, on ne pouvait pas toujours les faire adopter à court terme. L'adoption des chatons ou des chiots était plus rapide en général mais il pouvait en être autrement pour les adultes», ajoute-t-elle.
Des organismes méconnus et sous-financés
La méconnaissance des missions des refuges pour animaux a aussi contribué à la difficulté de survie du Refuge Soulanges. « Au départ, nous aurions aimé trouver un local pour y tenir nos activités. On aurait pu y recevoir les animaux à adopter et les gens auraient pu venir nous voir, mais c'était difficile de trouver un local adapté à nos besoins et surtout dans notre budget. On ne peut pas opter pour n'importe quel local, il y a des règlements municipaux à respecter si on veut y tenir un refuge. C'est encore plus strict si on accueille des chiens. »
Même si l'organisme avait pu trouver un toit pour abriter ses activités, un autre problème se serait posé. « Il aurait fallu dénicher des bénévoles de confiance pour opérer le local, car nous n'avions pas l'argent pour se payer un employé à temps plein, ce qui n'aurait pas été facile non plus. Les deux administrateurs de Refuge Soulanges qui étaient encore en poste à la fermeture de l'organisme avaient des emplois à temps plein. Ils n'auraient pas été en mesure d'assurer une présence constante au local. C'est désolant pour les animaux de devoir fermer nos portes, mais on n'a pas le choix. »
Les administrateurs du Refuge Soulanges avaient aussi en tête la mise sur pied d'un projet pour leur territoire. Ils souhaitent y déployer un programme CSRM (capture, stérilisation, retour et maintien) mis en place dans de nombreux refuges au Québec, mais financé par les municipalités. Il consiste à capturer, stériliser et à relâcher les chats errants d'un territoire déterminé. Cette façon de faire aurait réduit les risques de propagation de maladies et de reproduction excessive. Un bénévole aurait été responsable de la colonie. Une fois de plus, ce programme n'a pas intéressé les municipalités de la région, du moins, pas assez pour qu'elles consentent à investir dans celui-ci.
Mme Lalonde confirme que l'organisme a cogné à plusieurs portes lors de sa période d'opération afin d'obtenir du soutien financier, mais ses tentatives sont demeurées vaines. « Aucune subvention gouvernementale n'existe pour un organisme comme le Refuge Soulanges. Le gouvernement laisse ce service aux bons soins des municipalités, mais ces dernières ne sont pas soumises à certaines règles pour encadrer le contrôle animalier sur leur territoire. Elles y vont comme elles le souhaitent. Dans notre cas, toutes nos tentatives sont demeurées silencieuses et nous n'avons eu aucun retour. Nous n'avons pas été en mesure de décrocher un contrat pour assurer le contrôle animalier sur le territoire d'une des localités de Vaudreuil-Soulanges», confie-t-elle.
Une réflexion s'impose
Pour Mme Lalonde, une réflexion collective sur la gestion des animaux errants et délaissés par leur famille doit être tenue. « On ne veut pas juger. Il y a plusieurs raisons qui existent pour se départir de son animal: quelle soit financières, matérielles, humaines ou autres. Mais il est important d'avoir un endroit où les accueillir. Plusieurs municipalités ne voient pas de problèmes de chats errants ou d'abandon d'animaux sur leur territoire. Elles ne sont pas conscientes de leurs responsabilités par rapport aux animaux errants ou abandonnés par leurs citoyens », confie-t-elle.
Pour que les municipalités bougent sur cette question, il faudrait que les citoyens fassent pression. Selon Mme Lalonde, plusieurs résidents de Vaudreuil-Soulanges appellent aux Services animaliers de Salaberry-de-Valleyfield pour que l'organisme prenne en charge leur chat ou chien.
« C'est impossible, car l'organisme reçoit de l'argent de la Ville pour s'occuper des animaux de son territoire. Il est déjà saturé et a même recours, comme tous les refuges, aux dons ponctuels du public pour réussir à subvenir aux besoins de ses animaux. »
Poursuivre son engagement
Même si le Refuge Soulanges a cessé ses activités, Catherine Lalonde ne compte pas stopper son implication. « Fort heureusement, tous les animaux que nous avons pris en charge ont pu être relocalisés dans des familles avant notre fermeture. Pour ma part, je n'arrêterai pas de m'impliquer auprès des ressources de la région comme Stérile Chat ou CASCA. Je vais leur donner un coup de main dans mes temps libres. D'ici là, j'espère que les élus se pencheront sur la question et qu'ils trouveront une solution pour permettre aux organisations comme Refuge Soulanges de pouvoir survivre et offrir leurs services », conclut-elle.
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