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Journée internationale des droits des femmes - Entrevue

Faire oeuvre utile, le projet de vie de Josiane Farand

durée 18h00
8 mars 2024
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Jessica Brisson
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Par Jessica Brisson, Éditrice adjointe

Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes qui se tient ce vendredi 8 mars, Néomédia a voulu mettre en lumière des membres de la gent féminine qui se démarquent au quotidien. Que ce soit sur les plans personnel ou professionnel, ces femmes méritent d’être propulsées sous les projecteurs à l’aube de cette journée importante. 

Photographe, globe-trotter et femme impliquée, Josiane Farand est, depuis sa tendre enfance guidée par le désir de faire oeuvre utile. Au fil de ses voyages, Josiane sait exposer la beauté des peuples des contrées lointaines à travers sa lentille. 

« Depuis que je suis toute petite, j'ai toujours été attirée par ce qui se passe ailleurs. Cette passion me vient de ma grande tante qui me donnait, chaque Noël, des magazines National Geographic. Je passais mon année à les regarder, à lire les articles et admirer les photos. Mes sujets de recherches à l'école venaient tous de ce que je trouvais dans le magazine. D'ailleurs, petite, je le disais déjà que je voulais faire quelque chose du genre. Ma tante Viviane doit être contente de me voir aujourd'hui », confiait-elle en riant.

Depuis le début de sa carrière de photographe, Josiane Farand a travaillé pour de nombreux journaux, et magazines avant de se tourner vers les photos de mariage et de famille. Depuis plusieurs années, elle collabore avec de nombreuses entreprises et organismes de la région.

« La photographie je l'ai choisie pour qu'elle devienne mon travail, pour gagner ma vie. J'ai réussi au fil du temps à jumeler mes deux grandes passions: la photo et les voyages. J'ai réussi à rendre ce que je fais utile. Ma caméra fait partie de mes voyages et tant mieux si ça permet aux gens de découvrir des choses. Je crois qu'on ne fait jamais assez de découvertes », ajoute-t-elle.

Documenter pour mieux comprendre, pour mieux aider

Depuis 2007, Josiane Farand est impliquée auprès de l'organisme 60 millions de filles. Basé à Montréal, l'organisme fondé en 2006 a pour mission de collecter des fonds pour des projets visant spécifiquement l'éducation des filles dans les pays en développement.

« C'est vraiment le goût de l'aventure qui m'a amené à m'impliquer auprès de l'organisme. En 2007, la fondatrice, Wanda Bédard a fait un discours lors d'une soirée de graduation au Collège John-Abbott. Son message m'a interpellé parce que c'est quelqu'un qui est directement lié à des projets sur le terrain. J'ai vu là une opportunité de m'impliquer et de grandir avec eux » .

Depuis, Josiane a fait partie des quelques voyages au Nicaragua et au Guatemala, entre autres. « La première fois que je suis allé au Nicaragua en 2019, c'était pour documenter l'implantation d'un système d'éducation avec des tablettes, dans des écoles situées dans des régions éloignées où les communautés autochtones n'ont pas accès à l'eau courante et à l'électricité. C'était toute une organisation d'aller installer tout ça. Les tablettes sont alimentées et chargées par des panneaux solaires ».

En 2023, la photographe est retournée dans cette communauté autochtone et méconnue des Miskitos au sein de la réserve de la biosphère des Bosawás. Son voyage a d'ailleurs mené à la création de l'exposition de photographies, Miskitos : Voyage au cœur des Bosawás.

L'exposition se veut d'être une immersion visuelle dans la culture, le mode de vie et la beauté de la communauté autochtone unique et méconnue des Miskitos au sein de la réserve de la biosphère des Bosawás, au Nicaragua.

Elle encourage la réflexion sur les questions liées à la préservation culturelle et environnementale des peuples qui se retrouvent coincés entre les traditions et la modernité que l’on réinvente au nom de notre constante évolution.

Après avoir été présentée au Musée régional de Vaudreuil-Soulanges, l'exposition se trouve désormais à l'atrium de la Maison du développement durable, à Montréal. Elle y sera présentée jusqu'au 29 mars.

Ici, comme ailleurs

Pour Josiane Farand, ici, comme ailleurs, les femmes portent le poids du monde sur leurs épaules. 

« Les femmes portent le fardeau de la planète. C'est souvent plus par elles qu'on voit les effets des changements climatiques parce qu'elles ont plus de difficultés à faire ce qu'elles font en temps normal. Tout devient plus long, plus lourd, incertain. Au niveau de l'agriculture dans les saisons des pluies, elles ne sont pas en mesure de faire pousser des légumes, ça pourrit en terre. Alors elles doivent trouver de nouvelles façons d'alimenter leur famille. C'est un peu la même chose avec le cycle de la pauvreté, encore là c'est un fardeau qui revient aux femmes. C'est aussi à elle que revient la responsabilité d'élever les enfants. Une autre chose qui reste la même, que l'on soit femme ici ou là-bas, c'est l'amour d'une mère pour son enfant. Ça, c'est universel. À la base, nous sommes toutes pareilles, on part toutes du même niveau », souligne la photographe mère de trois enfants et grand-maman d'autant de petits.

Autre similitude, l'éducation des garçons et des hommes face aux enjeux des femmes.

« Depuis maintenant un an et demi, dans une des plus grosses communautés autochtones, il y a une femme à la tête d'un département contre la violence faite aux femmes dans un poste de police. Depuis son arrivée, ils font beaucoup d'éducation avec les garçons et les jeunes hommes. Souvent, dans ces peuples-là, les pères sont absents. Les adolescents et les jeunes hommes deviennent donc contrôlants envers leur mère et leurs soeurs. Si on regarde ce qui se passe ici, nous ne sommes pas si différents malheureusement. Des cas de violence contre les jeunes filles, des adolescents qui malmènent leur copine, il y en a aussi ici. C'est fou de voir que nous sommes au même niveau, alors qu'ici nous avons tout pour changer les choses ».

Se tenir debout

L'actualité l'a trop souvent prouvé, il suffit d'un changement de gouvernement pour que tout bascule et malheureusement, dans bien des cas, ce sont les droits des femmes qui sont remisés. Il suffit de penser au débat entourant le droit à l'avortement aux États-Unis pour en avoir la démonstration.

« Il n'y a rien d'acquis. Je le répète toujours à mes filles. Ne tenez jamais rien pour acquis. Si vous sentez qu'il y a une injustice qui vous ait fait, dénoncez-le, dites-le. Je crois aussi qu'il est primordial pour les jeunes femmes d'être indépendantes financièrement. Elles doivent s'informer et s'éduquer sur le sujet ».

Devant un tel constat, pouvons-nous avoir confiance en l'avenir pour les femmes ? 

« Oui, il faut avoir confiance. J'ai confiance qu'on a des forces et qu'il y aura toujours un mouvement entre nous pour nous protéger et nous soutenir entre nous. Les femmes doivent se respecter entre elles, qu'elles se complimentent. Mais le plus important, c'est qu'il faut que la femme se respecte elle-même. Je crois qu'il faut encourager les femmes à s'émanciper et à se respecter pour ce qu’elles sont et pour ce qu'elles sont capables d'apporter dans leur communauté ». 

Connaître son histoire pour mieux écrire la suite

Que dirait Josiane aux jeunes filles qui se questionnent ?

« Écoutez ce qui se passe autour de vous. Informez-vous sur ce qui se vit ailleurs. Je dirais aussi aux jeunes filles de prendre le temps d'avoir des discussions avec leur mère, leur grand-mère, leurs tantes. Des fois, on pense qu'on les connait, mais on se rend compte plus tard dans notre vie que ce n'est pas nécessairement le cas. Ce sont des femmes qui ont eu des enjeux quand elles étaient plus jeunes. On veut toujours donner le meilleur à la prochaine génération, mais on ne va pas nécessairement leur dire les épreuves qu'on a vécues et les moments plus difficiles, donc souvent, de prendre un café avec les membres de notre famille pour les faire parler un peu de leur passé. On se rend compte qu'on n'est pas si différentes l'une de l'autre. On voit comment les enjeux ont, ou n'ont pas évolué dans le temps ». 

Finalement, que pouvons-nous souhaiter à Josiane la femme, la photographe, la maman, la grand-maman ?

« Juste que tout aille bien. Pas besoin de plus », conclut-elle. 

À lire également:

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