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"Parfois, je voudrais être deux ou trois moi à la fois"

Marie-Belle Ouellet : revendicatrice et poète de naissance

durée 18h00
6 mars 2024
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Ginette  Brisebois
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Par Ginette Brisebois

Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes qui se tient ce vendredi 8 mars, Néomédia a décidé de mettre en lumière des membres de la gent féminine qui se démarquent au quotidien. Que ce soit sur les plans personnel ou professionnel, ces femmes méritent d’être propulsées sous les projecteurs à l’aube de cette journée importante. 

Ce que l'on ressent et voit en premier chez la poète Marie-Belle Ouellet, c'est son calme intérieur, son regard qui écoute et sa passion pour la vie en général. Elle est belle du dedans et du dehors. Elle a accompli tellement dans une vie, pas si avancée, que l'on ne sait trop par où commencer. Une chose est certaine, elle l'a confirmé à Néomédia en entrevue : « J'ai toujours été revendicatrice; et je n'arrêterai jamais d'écrire », assure-t-elle avec conviction. 

Marie-Belle Ouellet est originaire de Matane en Gaspésie, elle y retourne d'ailleurs régulièrement. Ses parents n'étaient pas très âgés quand ils sont décédés : son père d'un cancer fulgurant et sa maman d'une lente agonie avec de l'emphysème sévère. «ils étaient de gros fumeurs », confie Marie-Belle.

Sa grand-maman maternelle, Claire, l'a profondément aidée à forger son identité : « C'est l'être humain le plus significatif de mon enfance; elle m'a permis de ressentir mes forces. Elle lisait mes textes et m'a dit : " Tu peux être journaliste, écrivaine ". Elle me donnait des livres, se souvient-elle. Elle est décédée quand j'avais 10 ans. Ce fut le début d'une série de deuils, ça m'a montré que la vie est précieuse. Un certain temps, j'ai eu peur de la mort et maintenant, j'ai une relation spéciale avec les êtres qui nous ont quittés dans mes livres, ils habitent mon âme.

Marie-Belle a travaillé dans le domaine communautaire, et a lancé son entreprise Marie-Belle Rédaction Créative. Elle demeure aux Cèdres et s'est impliquée dans une foule de projets communautaires et créatifs dans la région. Marie-Belle fait également du coaching en écriture et compte plusieurs entreprises dans sa clientèle de rédactrice.

Après la Gaspésie, elle est déménagée à Montréal et a étudié à l'UQAM où elle a obtenu un diplôme en littérature (concentration études féministes); puis elle a décroché un second diplôme en intervention éducative à l'université de Montréal.

« J'ai toujours voulu savoir qui sont les femmes pionnières, je trouvais qu'il y avait toujours des inégalités partout. J'ai voulu apporter des solutions. En ce sens, je suis très revendicatrice, je prône la liberté culturelle ».

Marie-Belle a publié 4 recueils de poésie :

- Un peu de ciel au bout d'une corde

- Je promets d'être là

- Le son friable de l'étreinte

- La nappe étoilée des anges

De son propre aveu, elle travaille actuellement sur 5 manuscrits; le plus avancé est celui qui raconte l'histoire de sa mère, « une femme affectueuse, aimante, adorable, mais qui refusait de parler de la réalité de la maladie mentale dont elle souffrait, parce qu'elle éprouvait trop de honte », se souvient avec tristesse Marie-Belle.

De multiples projets ont jalonné son parcours

- « Le projet le plus marquant de ma vie est Une pose inspirante avec Les Radieuses que j'ai réalisé en 2017-2018 avec ma partenaire (photographe) Julie Dessureault de Rose aux joues photographie. Nous avons fait des séances photo avec 12 femmes et 1 homme, survivants du cancer. Et j'ai composé des textes poétiques sur leur parcours. Pour finir, nous avons fait imprimer un magazine et notre porte-parole était la comédienne Johanne Fontaine

« Ce projet fut magique et restera dans mon coeur pour toujours. Il a été très significatif dans ma vie personnelle

- « Le projet Toutes les peaux sa valent (vidéo présentant des femmes de diverses communautés) a été inspiré de mon poème du même nom. J'ai l'ai écrit après la mort de Georges Floyd.

« C'était un cadeau qu'on voulait offrir et s'offrir en tant qu'êtres humains, qui dénoncent et dévoilent que, si ensemble on le veut très fort, l'amour peut l'emporter sur tout

- « Il y a aussi les ballades Harpe et poésie (qui ont été offertes durant deux étés au grand quai de Les Coteaux) qui m'ont fait vraiment vibrer », se remémore-t-elle.

Et puis... en route vers l'école secondaire

Tout ce cheminement l'a amenée lentement mais sûrement vers son nouvel engagement, qu'elle a débuté il y a un an, à temps partiel. En effet, elle oeuvre comme animatrice de vie spirituelle et d'engagement communautaire à l'école secondaire du Chêne-Bleu.

« Maintenant, je veux transmettre, ajoute-t-elle. Je veux cheminer avec les jeunes, je les accueille, je les observe tranquillement. Le contact se fait naturellement et il n'y a pas d'obligations. C'est plus leur local que le mien, ajoute-t-elle, dans son grand  lieu de rencontre dédié aux élèves du Chêne-Bleu. Je veux qu'ils s'y sentent bien, en sécurité ».

« Ils sont ici chez eux, j'apprends leurs prénoms, je les nomme.  Comme tous les ados, ils ont des défis et des apprentissages à faire et en venant dans ce local, ils ne sont plus seuls pour les vivre. Je leur dis : "On tient à toi, tu n'es pas seul"; "Je te comprends, tu peux exprimer ta colère ", etc.  

« Ce qui est merveilleux dans mon travail, c'est que je peux les guider dans leur cheminement et qu'ils ont de belles occasions de construire des projets qui les font grandir, et viennent en aide à la communauté. Je suis en première ligne. Si besoin est, je les réfère aux psycho-éducatrices ».

« Je me vois où dans 5 ans ?

« Je me vois ici à l'école, je continue mes combats et je me rends compte avec les années, que c'est plus grand que les causes très justes sur l'égalité entre hommes et femmes, plus grand que les combats nécessaires des communautés LGBTQ2+, c'est le débat de se respecter entre êtres humains, tous les êtres humains », énonce-t-elle. 

« Bien sûr, je poursuis ma route avec mes trois êtres humains les plus chers : Martin, Antonin et Zachari.

« Parfois j'aimerais être deux ou trois "moi" à la fois, tellement je veux accomplir de projets significatifs, mais on n'a qu'une seule vie comme on dit. 

« Je crois que l'écriture peut faire naître la beauté, la gratitude et l'amour pour son prochain.

Marie-Belle Ouellet offre aussi des ateliers de poésie dans les écoles dans le cadre du répertoire culture-éducation. Elle admire énormément Anne Hébert, Aude et Lyne Richard, des écrivaines, qui selon elle, nous foudroient d'émotions.

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