Par Alexandra Loiselle-Goulet
L’histoire d’une suicidaire en manque d’amour
Par Alexandra Loiselle-Goulet, Blogueuse
L’amour. Ce sentiment si primaire, si fondamental, si essentiel. Cet état d’allégresse ou de chagrin. Ce qu’on obtient en venant au monde ou ce que l’on cherche toute sa vie. L’amour est comme une drogue pour celui qui en manque. Récit d’une suicidaire en manque d’amour.
Dans les années 80 est née une jeune fille aux cheveux foncés et au regard profond. Cette enfant, à moitié désirée, sentait déjà qu’elle n’était pas comme les autres. Elle est « spéciale » comme y disent. Élevée à coup de :
Ben que voulez-vous, elle est si sensible ! Arrête de pleurer ! Tu t’inquiètes pour rien !
Le reflet qu’elle a d’elle-même n’est pas tellement joyeux. L’enfant se sent triste… en permanence. Rien ne la satisfait, pas même l’amour de sa mère. Le vide qu’elle ressent en dedans grandit en même temps qu’elle. C’est si difficile à expliquer qu’elle n’en parle à personne.
De tout de manière, qui la comprend ?
Qu’est-ce qu’elle a dans la tête ? Pourquoi, elle n’arrive pas à aimer sa vie, à s’aimer ? Aucune réponse positive ne sort de ce questionnement. En revanche, ce qu’elle en déduit, c’est qu’elle n’est pas belle, pas gentille, pas assez bonne à l’école, donc pas aimable. La plaie qu’elle a sur le cœur commence à saigner.
Les années passent sans qu’il y ait d’amélioration. Le nuage gris plane toujours au-dessus de sa tête comme une grosse tempête prête à éclater à tout moment.
L’adolescence est remplie pour elle, d’incertitudes, de mauvaises décisions et d’autosabotage. L’ado comprend vite que lorsqu’elle fait le clown, les gens rient.
Ils m’aiment ! Enfin !
Donc, elle se complaît dans ce rôle de faire-valoir. Le clown est triste en cliss comme dirait RBO. Lorsqu’elle se retrouve seule avec elle-même, elle pleure sa douleur, sa solitude, elle pleure sa vie. Elle ne peut vivre sans son public, sans leur approbation d’amour.
La jeune adulte choisit un métier glamour pour être certaine d’être remarquée. Elle s’y plait, c’est certain, mais le besoin de vivre dans le regard de l’autre est primordial. La jeune femme enfile les relations amoureuses comme on change de chansons à la radio.
L’amour, ça fait mal ! La plaie saigne encore plus au fil des ruptures douloureuses.
Un soir, la plaie est complètement ouverte. Elle sent que la mort approche. Sa mort. La femme est blessée, fatiguée, usée. Elle n’a que 27 ans.
Qu’est-ce que ça lui donne de continuer ? Personne ne la pleurera de toute façon. Elle se prépare mentalement à quitter cette vie, qu’elle ne vit pas de toute façon. Les abus d’alcool, les relations et les partys l’ont fait sentir vivante, mais elle est en mode survie.
Ce soir-là, la femme tourmentée, prend un couteau de cuisine et le regarde longuement. Comme une bête que l’on essaie d’apprivoiser. Zen comme jamais, elle se demande comment elle pourrait en finir. La tête lui tourne, les idées revolent comme des feuilles mortes dans le vent.
Sa coloc arrive, appelle info suicide et l’amène à l’hôpital le plus proche. Une dépression sévère et une prise de médicaments l’attendent bien chaudement à la maison pour l’accueillir à son retour.
2 ans plus tard, toujours pas guéri, les idées suicidaires reviennent la hanter comme un mauvais rêve qu’on n’arrive pas à oublier. Évidemment, elle vient de séparer. La douleur est si vive que c’en est insupportable.
Cette fois-ci, sans savoir pourquoi, elle consulte son médecin de famille. Alarmé, il l’envoie directement à l’hôpital Louis-H-Lafontaine. À partir de ce moment, tout a changé. Le noir est redevenu gris et il continue de pâlir au fil du temps.
Cette femme est maintenant fière d’elle-même. Elle repense souvent à celle qu’elle était auparavant et elle sourit. Elle ne regrette aucunement la personne qu’elle a été, car maintenant elle sait passer à travers les orages sans perdre son parapluie. Ce n’est pas rien.
Aujourd’hui, cette femme a grandi. Elle a comme mission de parler de santé mentale et de faire tomber les tabous entourant ce type de maladies et de troubles. Ce n’est pas parce qu’elle a trébuché à plusieurs reprises qu’elle ne peut pas vous aider à marcher, au contraire.
Comme future intervenante, cette femme guidera tes pas dans le simple but que tu ne perdes jamais de vu le soleil qui s’en vient malgré ta tornade mentale. Si tu souffres, mourir n’est pas la solution. Cris de toutes tes forces, je te jure quelqu’un t’entendra.
Ligne de crise en prévention du suicide Le Tournant : 450 371-4090 ou 1 833 371-4090
Courage ! Tu es une personne d’exception. Ne l’oublie jamais.
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