Avec la Ville de Saint-Lazare
Les Cèdres: une fusion du service incendie sérieusement envisagée
Le mardi 12 novembre, la Municipalité des Cèdres a signé une lettre d'intention avec la Ville de Saint-Lazare afin de mettre, possiblement en commun, leurs services de sécurité incendie respectifs. Qu'est-ce que cela signifie concrètement? Néomédia démystifie la question avec le maire des Cèdres, Bernard Daoust.
« Pour le moment, rien n'est décidé officiellement. Une lettre d'intention signifie qu'à tout moment, dans le processus des discussions, l'une ou l'autre des parties peut changer d'idée. Nous sommes présentement à étudier les coûts relatifs à la mise en commun de nos effectifs, versus ceux que nous aurions à débourser pour construire une nouvelle caserne sur le territoire des Cèdres. Je le répète, pour l'instant, la décision n'est pas prise. On ne fait que discuter de cette option. Pour bien le faire, on s'entoure d'un comité formé d'experts qui connaissent chaque aspect à considérer pour une mise en commun des ressources humaines et matérielles », précise d'entrée de jeu le premier magistrat.
Parmi ces experts, on peut nommer Patrick Lalonde de la firme Icarium: Leader En Gestion De L'Incendie Au Québec. « Il a épaulé plusieurs municipalités de la province dans ce genre de projet. C'est un spécialiste du domaine de l'incendie. Il a été pompier, mais il a aussi une bonne expertise en matière de fusion de services incendies. Il connait toutes les facettes à prendre en considération et c'est la personne parfaite pour nous accompagner dans cette transition, si on décide d'aller vers cette option. La décision finale devrait être prise en juin prochain », ajoute-t-il.
Le budget de fonctionnement annuel du Service de sécurité incendie des Cèdres est de 850 000$. « Nous n'avons pas encore de chiffres précis, mais ça coûte très cher de bâtir une nouvelle caserne de nos jours, sans parler de faire l'acquisition d'un camion incendie. C'est au minimum 1 M $ de dollars et cela dépend du camion requis. Même si on a vingt nouveaux camions, alors qu'on n'a personne pour les opérer, on n'ira pas très loin. Il ne faut jamais oublier que des vies sont en jeu », mentionne-t-il.
Plusieurs avantages à une mise en commun des ressources
Si la Municipalité des Cèdres veut aller de l'avant dans cette voie, soit celle de la mise en commun de ses effectifs humains et de ses équipements avec la Ville de Saint-Lazare, les avantages seront au rendez-vous.
« La caserne 5, située juste à côté de l'Hôtel de Ville, serait conservée et une équipe de deux personnes y serait postée en tout temps, soit 24h sur 24h sept jours sur sept. Actuellement, le Service de sécurité incendie compte 20 pompiers, mais seulement deux employés à temps plein qui travaillent 28 heures par semaine, soit le directeur et le préventionniste. Les autres pompiers travaillent à temps partiel. Quant aux véhicules, il faudrait décider lesquels on garde ou non. L'objectif premier derrière cette décision serait d'améliorer nos services à la population. En ce moment, le schéma de couverture de risques de la MRC nous demande de répondre en 8/15, c'est-à-dire d'avoir huit hommes sur place en 15 minutes, ce qui est impossible. La plupart de nos pompiers à temps partiel ont un emploi de jour à l'extérieur des Cèdres. On pourrait répondre à cette norme si on fusionne avec Saint-Lazare », image-t-il.
En ce moment, il n'est pas rare que la Municipalité des Cèdres soit en sous-effectif pour répondre aux appels incendie ou aux appels liés aux premiers répondants. « On fait régulièrement appel à l'entraide des autres municipalités comme Salaberry-de-Valleyfield, Coteau-du-Lac/Les Coteaux et Vaudreuil-Dorion. À chaque fois, il faut débourser des coûts pour ces interventions. Si on s'alliait à Saint-Lazare, on diminuerait nos demandes d'entraide. On y aurait recours seulement lors des interventions majeures ou qui nécessitent une intervention spécifique comme un sauvetage nautique ou en hauteur », poursuit-il.
Les fusions, de plus en plus considérées
Si Saint-Lazare accepte la fusion des deux services, elle est ouverte à embaucher davantage de ressources pour mieux desservir le territoire des Cèdres, en plus de conserver les effectifs en poste.
« De nos jours, de plus en plus de localités au Québec décident de mettre en commun leurs ressources. Juste dans notre coin, Coteau-du-Lac et Les Coteaux l'ont fait, tout comme Pincourt et Notre-Dame-de-l'Île-Perrot et Rigaud qui dessert Pointe-Fortune et Très-Saint-Rédempteur. Pour être tout à fait transparents, on a tâté le pouls pour une éventuelle mise en commun de nos effectifs respectifs auprès de Vaudreuil-Dorion et de Coteau-du-Lac également, mais Saint-Lazare reste vraiment la meilleure option à notre point de vue. Nous avons une belle proximité avec eux et de belles relations de travail », confie-t-il.
L'évolution du rôle des services incendies au cours des dernières décennies pourrait expliquer pourquoi de plus en plus de municipalités optent pour des fusions.
« Dans les années 50, les pompiers n'avaient qu'à éteindre les feux. Les résidences étaient faites de matériaux qui ne s'embrasaient pas immédiatement. On avait le temps d'intervenir, même si ça prenait plus de temps à se rendre sur place ou à avoir accès à de l'eau. De nos jours, ça s'embrase rapidement. Il faut donc avoir un très bon temps de réponse. Les services incendies sont aussi appelés à intervenir sur les appels de premiers répondants ou sur des interventions de sécurité civile ou encore de prévention. Leur rôle s'est élargi considérablement au fil des ans. Même chose pour l'équipement. Il y a 40 ans, on se souciait peu de ce qu'ils portaient ou de ce qui était bon, ou non, pour leur santé. Aujourd'hui, c'est tout le contraire et c'est bien normal. On ne voudrait pas qu'ils se rendent malades en pratiquant leur métier. »
Afin d'être pleinement transparente avec les citoyens, la Municipalité des Cèdres tiendra une rencontre citoyenne en décembre pour faire le point sur ce dossier. Au cours de celle-ci, il sera possible de poser des questions aux intervenants, soit à la mairesse de Saint-Lazare et au directeur du Service de sécurité incendie de Saint-Lazare. Que se passera-t-il si la Ville de Saint-Lazare se retire du processus avant la conclusion d'une potentielle entente? Il faudra penser à un plan B, estime M. Daoust.
« On est rendus là. On est seulement 7 200 citoyens aux Cèdres et encore moins de payeurs de taxes. Il faut tenir compte de la capacité de payer des gens avant de prendre des décisions. On veut informer les citoyens de manière juste et transparente. L'objectif est que tout le monde possède la même information et que les citoyens puissent poser leurs questions directement à la source. »
Dans cette optique, Saint-Lazare et Les Cèdres avaient convié tous les membres de leur service incendie à une réunion spéciale tenue le jeudi 14 novembre. Celle-ci portait sur ce scénario de fusion entre les deux services. Comment ont-ils réagi? « Certains de nos pompiers pensaient qu'ils n'avaient plus d'emplois. Avant la réunion, ils avaient vu une information erronée sur Facebook qui leur laissait croire cela. On a remis les pendules à l'heure et répondu à leurs questionnements. C'est normal qu'ils aient des questions. On s'est assuré d'y répondre le mieux possible », conclut-il.
M. Daoust invite les citoyens des Cèdres et de Saint-Lazare intéressés par le sujet à assister à la rencontre d'information prévue en décembre prochain. La date sera dévoilée sous peu. L'occasion sera parfaite pour partager son opinion, ses questionnements, ses inquiétudes et ses interrogations avec les gens concernés.
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