La famille de six qui vit dans un autobus reprendra la route à la mi-octobre
Le clan Lessard-Ringuette poursuit son voyage d'apprentissage
En 2020, Vicky Ringuette et son conjoint Alexandre Lessard décident de réaliser un rêve fou: vendre leur résidence de Saint-Clet, laisser leurs emplois derrière eux et partir sur la route au volant de leur nouvelle résidence: un autobus scolaire converti. Entrevue avec la famille qui compte maintenant près de 100 000 kilomètres au compteur et plus de 1 000 jours passés dans leur maison sur roues.
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Compte-rendu d’une vie de nomades
Dès les premières minutes de l’entrevue, Alexandre, précise qu’ils vivent dans ce bungalow roulant depuis exactement 1 043 jours et qu’ils ont parcouru 98 700 kilomètres au total depuis leur départ le 3 novembre 2020.
« Quand nous avons quitté, nous n’avions pas d’échéancier en tête, on se laissait porter par la vie. Dans quelques semaines, on repartira pour une 4e année sur la route. C’est fou quand on y pense parce que notre plus jeune, Raphaël, est resté plus longtemps dans l’autobus que dans notre maison de Saint-Clet (rires). C’est quelque chose quand on y pense», indique Vicky assise à sa table de cuisine pivotante aux côtés de son conjoint Alexandre Lessard.
Dans les prochaines semaines, leur périple les mènera jusqu’au Tennessee, au Texas et même au Mexique. « On va compléter la boucle que nous avons amorcée lors de nos précédents voyages. Nous hésitions à aller en Basse-Californie qui est un état mexicain situé à la frontière avec l'État américain de Californie à cause de ce qu'on dit sur la dangerosité de cette région. Finalement, on a décidé de s’y rendre et on s’est rendu compte que c'était loin d'être comme ce que les gens disent sur cette région. On a bien aimé voyager, passer par-dessus notre peur et découvrir un coin que l'on ne connaissait pas», témoigne-t-elle sous le regard approbateur d’Alexandre et de leur aîné Dominick, 14 ans.
Un été à découvrir le Québec
Au cours des dernières semaines, la famille s’est rendue sur la Côte-Nord, au Saguenay Lac-St-Jean et à Terre-Neuve-et-Labrador. « Nous avons vu des icebergs à Terre-Neuve et c’était très impressionnant. Je ne pensais jamais vivre ça dans ma vie. Ç’a été une année exceptionnelle là-bas. Lors de notre passage, il y avait plus de 400 icebergs visibles, ce qui arrive très rarement. Nous sommes toujours bénis lors de nos voyages pour ce genre de choses. Je crois que nous avons une bonne étoile qui veille sur nous», ajoute-t-elle.
Mais attention, tout n’est pas tout rose pour la famille qui a dû composer avec des températures froides, et même une tempête de neige, au fil de son voyage. « Dans l’Ouest canadien, notre chauffage a brisé et il faisait entre 0 et 2 degrés. On se promenait avec nos tuques. En Californie, à notre sortie du Mexique, nous avons été stoppés quelques jours par une tempête de neige, car on se trouvait en altitude. Contrairement à ce que les gens pensent, nous ne sommes pas en vacances. Si on a un problème mécanique, on ne peut compter que sur nous-mêmes pour le régler et se débrouiller», précise Alexandre qui était camionneur dans son autre vie.
Vicky renchérit et donne comme exemple un petit village du Mexique. Lors de leur arrivée sur place, la météo était clémente. Toutefois, une fine pluie est tombée et a transformé le sol de poussière en boue et en glaise, ce qui a représenté un bon défi pour sortir de cet endroit en un seul morceau.
« On est chanceux que rien ne nous arrive. Cette fois-là, on a dérapé, mais on a réussi à s’en sortir malgré tout. Mais on a eu une bonne frousse. Sinon, nous sommes pas mal plus zen et confiants maintenant que nous en sommes à notre 4e périple.»
Un souvenir marquant pour la famille est le fait d’avoir célébré l’anniversaire de deux de leurs garçons à 5 500 kilomètres de distance, dans deux pays différents et deux environnements aux antipodes l’un de l’autre. « Pour l’un, nous étions à Terre-Neuve avec les icebergs alors que pour l’autre, nous étions au Mexique sous le chaud soleil dans une péninsule ressemblant à la Floride », confie-t-il.
S’ouvrir au monde et aux autres cultures
Au fil de leurs aventures, les enfants Dominick (14 ans) , Gabriel (11 ans et 3\4) , Olivier (10 ans et demi) et Raphaël (7 ans) s’ouvrent au monde et aux autres cultures. « Ils apprennent l’anglais et l’espagnol. Notre plus vieux a même commencé à étudier l’Allemand. Avant, quand ils allaient à l’école ici, tous nos enfants n’étaient pas des fervents lecteurs. Ils avaient de la difficulté à lire un livre au complet. Maintenant, la lecture fait partie de leur quotidien. Ils ont chacun une liseuse et, en plus, ils nous demandent d’arrêter à la bibliothèque quand on revient dans le coin entre deux voyages», image Vicky.
Même chose sur le plan alimentaire, si les garçons avaient des goûts bien précis avant le grand départ, ils mangent aujourd’hui de tout. « Au Mexique, ils ont réalisé qu’il n’y a pas autant de variétés d’aliments et de saveurs qu’ici. On a mangé énormément de fruits et de légumes et du poulet qu’une seule fois. Sur tous les plans, ils sont ouverts à la diversité et j’ai remarqué qu’ils ont développé une bienveillance pour les autres et qu’ils sont plus à l’écoute des autres», mentionne Vicky.
Après quatre ans à partager leur espace avec leurs quatre enfants, Vicky et Alexandre ne sont pas tannés. « Nous sommes plus proches que jamais. On découvre le monde et les garçons sont confrontés à la réalité du terrain qui est souvent autre que celle que l’on voit quand on en vacances ailleurs comme au Mexique par exemple. Ils réalisent la chance qu’ils ont de vivre ici dans notre société privilégiée», lance le couple en choeur.
Alors qu'Alexandre s'assure de conduire les siens à destination, Vicky se transforme en enseignante avec les garçons. « Je suis moins intense qu'au début par contre. L'école est importante, mais l'école de la vie aussi. Mon plus jeune de 7 ans parcourt le Bescherelle pour apprendre ses verbes, mais il est aussi capable de nous préparer de la purée d'avocats tous les matins pour déjeuner. Je considère qu'ils apprennent autant sur la route que dans les livres.»
Leur constat après des mois passés sur la route? « On ne reviendrait pas à votre vie d’avant. On a réalisé qu’ici les gens se mettent beaucoup de pression au travail, mais aussi dans la vie de famille. On court tout le temps. On revient ici et on capote quand on voit ça. On a de la misère à se réunir pour se voir lors d’un événement spécial parce qu’on est trop occupés. On ne prend plus le temps de vivre et de passer du temps ensemble, ce qui est l’essentiel», analysent-ils.
Même si le clan familial reprendra la route dans quelques semaines, Alexandre et Vicky cogitent déjà sur leur prochain voyage. Pour ce périple, l’autobus pourrait être laissé de côté puisque ce séjour prendrait place en Europe.
« On commence à y penser. Peut-être qu’on voyagera en sac à dos. On regarde ça. Pour le moment, on ne sait pas encore quelle forme ce projet prendra. Mais c’est excitant d’y penser et de le planifier», concluent-ils.
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