Journée internationale des femmes
Briqueteuse-maçonne dans l’âme depuis l’âge de 14 ans
Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars prochain, Néomédia a décidé de mettre en lumière des membres de la gent féminine qui se démarquent au quotidien. Que ce soit sur le plan personnel ou professionnel, ces femmes méritent d’être propulsées sous les projecteurs à l’aube de cette journée importante. Entrevue avec Joanie Doire Daoust.
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Elle est partie à 14 ans de la maison pour vivre avec un amoureux plus âgé. Elle rêvait de faire le métier de son père qui est briqueteur-maçon et entrepreneur général. Il préférait qu’elle fasse autre chose.
Joanie Doire Daoust a bâti sa première maison à Saint-Zotique à ce moment-là. Elle a été refusée à l’École des métiers de la construction à 16 ans parce que le directeur lui a dit qu’elle n’était pas assez costaude. Au Québec, il y a seulement 2 % des femmes qui oeuvrent à titre de briqueteuses- maçonnes.
Elle le répète à plusieurs reprises : « Quand t’es faite pour un métier, même s’il y a parfois des préjugés, tu le sais que tu es à la bonne place et ça t’atteint moins ». À la suite de son refus à l’École des métiers de la construction, Joanie ira vivre à Québec pendant quelques années. Elle travaillera dans la restauration et dans l’immobilier et elle y réussira très bien. Son rêve reste présent.
Elle suit son cours de briqueteuse-maçonne pendant 9 mois et 900 heures. Un peu plus tard, elle complétera un cours en gestion d’une entreprise de la construction. Elle fonde sa compagnie, Fix-o-brique à 27 ans. Elle est revenue vivre à Rigaud récemment, mais sa clientèle se trouve à Montréal : « Le marché est beaucoup plus vaste et avec un grand bassin, les tarifs sont plus compétitifs », souligne-t-elle.
« Quand je signe des contrats, les clients veulent me voir sur les lieux. J’apporte de la douceur et de l’efficacité au métier », croit-elle. Elle s’est bâti une réputation d’ouvrage bien fait. Elle travaille maintenant de temps en temps avec son père.
Modestement, elle avoue qu’elle espère l’inspirer et que son père l’appelle parfois pour des conseils : « Je connais presque par cœur toutes les normes de la Garantie de construction résidentielle (GCR) », confie-t-elle.
Et de l’autre côté, le fait que son père soit entrepreneur général lui facilite parfois certaines transactions. Un beau lien de confiance et de complicité s’est construit. Ils viennent de créer une nouvelle compagnie immobilière ensemble : Gestion Daoust et Fille.
Son entreprise est dirigée de la maison. Elle a compté jusqu’à 8 employés, mais aujourd’hui, elle préfère travailler avec des sous-traitants, car ceux-ci sont autonomes. Elle avoue que le métier de briqueteuse-maçonne est exigeant physiquement : « C’est dur sur les épaules, tu travailles toujours en flexion vers l’avant et tu soulèves; en plus je me suis blessée à une hanche », ajoute-t-elle. Et elle déteste prendre des médicaments. « Il y a aussi la silicose pulmonaire qui guette les travailleurs. À force de travailler dans la brique, la poussière de silice peut limiter la capacité de respirer. Mon père est atteint de silicose et doit utiliser des pompes », relate Joanie.
Oui, elle pense que la Journée internationale des droits des femmes a toujours sa place. « On a fait du chemin et il en reste à faire; j’ai parfois l’impression qu’il faut que je me prouve. Par exemple, je ne pourrais pas arriver sur un chantier en voiture électrique, ça prend un pick-up », admet-elle en souriant.
En ce sens, elle a quelquefois le sentiment qu’elle doit correspondre à une certaine image, mais elle vit très bien avec ça.
Joanie a aussi connu ses épreuves, elle a souffert de boulimie-anorexie plus jeune et a été hospitalisée.
Elle a également été atteinte d’un cancer des ovaires duquel elle est en complète rémission depuis un an.
« J’ai choisi ma vie, j’ai construit ma vie. Je tasse les gens qui tirent de l’énergie, je veux juste le bonheur. J’ai une vie fantastique. Je n’ai rien à envier à personne. Je fais de l’exercice, du ski, je profite de la vie et je suis en congé l’hiver depuis quelques années », conclut Joanie. De plus, elle se marie cette année. Qui dit mieux?
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