Les Pincourtois veulent sauver le boisé Rousseau
« Nous sommes dans une démocratie, il me semble que les citoyens auraient pu être consultés. » « J'aimerais que la Ville mette ses culottes, le maire ici c'est monsieur Cardinal, pas monsieur Ménard. » « La Ville c'est nous, les citoyens. » Voilà ce que certains citoyens avaient à dire lors de la dernière séance du conseil municipal de la Ville de Pincourt qui s'est tenue le 12 juin.
C'est près d'une cinquantaine de Pincourtois qui se sont déplacés, mardi soir, pour assister à la séance du conseil municipal. Nombreux étaient présents afin d'exprimer leurs inquiétudes face à l'avenir du boisé Rousseau.
Situé entre la 19e et la 22e avenue, dans un secteur appelé Place Rousseau, le boisé Rousseau est d'une superficie de 300 000 pieds carrés, qui depuis plus de 40 ans, appartient à divers promoteurs privés. La Ville a accordé au promoteur, Samuel Ménard, le permis d'aller de l'avant avec son projet de construction de 45 maisons unifamiliales. Le projet deviendra la Place Pierre-Brunet.
« Il y a certainement une loi qui existe qui pourrait empêcher M. Ménard de construire, quitte à lui rembourser les fameux terrains. Les gens qui sont ici ce soir souhaitent voir le conseil municipal s'intégrer et prendre position face à cette situation », a souligné M. Michel Pilon, porte-parole du regroupement de citoyens qui souhaitent préserver le boisé Rousseau.
Une richesse rare au Québec
Une étude exhaustive menée par un biologiste indépendant et présentée par M. Pilon démontrerait que le boisé Rousseau représente un écosystème particulier et extrêmement rare au Québec, soit une forêt carolinienne.
« Selon le biologiste, des demandes de conservation devraient être déposées auprès du ministère de l'Environnement, du Développement durable et de la Lutte contre les changements climatiques, mais également au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. » M. Pilon poursuit en soulignant que les premières observations du biologiste ont permis de répertorier plus d'une cinquantaine d'espèces de plantes, 25 espèces d'oiseaux résidents et migrateurs, différentes espèces de tortues et d'amphibiens et bien plus encore.
« Certaines espèces présentes dans le boisé sont menacées d'extinction et de détruire la forêt causerait inévitablement la perte de ces espèces », explique Mme Perry, une autre citoyenne militante pour la survie de la forêt. L'autre milieu humide se trouvant à 1 km du secteur, à la Pointe-aux Renards, il va sans dire que le rapatriement des espèces est impossible.
Refonte du règlement
« Nous amorçons présentement une refonte du règlement et tant que le processus de refonte n'est pas terminé il n'y aura pas d'entente donc, pas de permis, même si promoteur a les autorisations », explique Me Etienne Bergevin Byette, directeur général adjoint et greffier au sein de la Ville de Pincourt. « Alors, si vous lisez entre les lignes, vous avez un laps de temps pour nous remettre tous documents ou études. Nous en prendrons connaissance et les ferons suivre au besoin. Sachez toutefois que nous sommes limités dans nos outils qui nous permettent d'encadrer un processus qui est conforme à la règlementation. »
« Advenant qu'une entente entre la Ville et le promoteur soit signée, aucun mouvement ne peut être fait dans le boisé d'ici le 1er octobre », renchéri M. Michel Perrier, directeur général de la Ville de Pincourt. « Présentement, notre règlementation fait en sorte que la Ville ne peut pas s'opposer au projet. Par contre, si le ministère conclut que des espèces à statuts précaires ou autre se trouvent dans ce boisé, il pourra imposer la conservation de la forêt. Advenant le cas, la Ville ne pourra délivrer de permis au promoteur puisque ce dernier n'aura pas tous les certificats d'autorisation en main. Mais présentement, le promoteur détient des certificats. »
Des pistes de solutions
Plusieurs citoyens ont évoqué le terrain de l'aréna comme étant une solution envisageable. Puisque la Ville a repris possession du lot en janvier dernier, l'idée pourrait sembler logique à priori. Toutefois, la Ville travaille actuellement à étudier ce qui pourrait advenir du bâtiment en fin de vie et du terrain.
D'autres militants ont proposé d'avoir recours à la Loi sur la conservation du patrimoine naturel qui a pour but d’assurer la conservation du patrimoine naturel du Québec. Elle propose des mesures visant à favoriser la mise en place d’un réseau d’aires protégées représentatives de la biodiversité du Québec. Or, cette reconnaissance est une démarche qui doit être initiée par le propriétaire du terrain, en l'occurrence, le promoteur M. Ménard.
Puisque la Ville n'est pas propriétaire et ne l'a jamais été, la Loi ne peut s'appliquer dans le cas du boisé Rousseau.
« Soyez assuré que dans toute cette démarche, l'intérêt que vous nous avez démontré ce soir est partagé par les élus. Nous ne ferons rien à l'encontre de tout ce qui doit être fait. Donc, si vous avez des choses, des rapports, à déposer à la Ville, faites-le », ajout le maire, monsieur Yvan Cardinal.
Bien que la bataille soit loin d'être gagnée, M. Michel Pilon ressort optimiste de cette séance qui aura duré près de deux heures. « J'ai trouvé que le conseil a fait preuve d'une belle ouverture. J'ai senti les membres beaucoup plus réceptifs », souligne-t-il.
Un rapport préliminaire émis par deux biologistes, l'un francophone et l'autre anglophone, devrait être déposé à la Ville d'ici une à deux semaines.
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