Les positions de la CSTL et du Collège de Valleyfield.
Toilettes mixtes dans les établissements scolaires de la région
Depuis le début de l'année 2018, les élèves du Collège John-Abbott font face à une nouvelle réalité qui semble prendre de plus en plus d'ampleur dans le réseau scolaire. En effet, un nouveau pictogramme a fait son apparition sur certaines portes de blocs sanitaires de l'établissement. Maintenant, certains blocs sanitaires ne sont plus réservés qu'aux hommes ou aux femmes. Les toilettes tous genres confondus ont fait leur apparition. En d'autres mots, tout le monde partage la même salle de bain.
« Disons que j'ai été surprise de voir entrer un garçon dans la même salle de bain que moi. Ce n'est pas quelque chose à laquelle nous sommes habitués dans les endroits publics », explique Katherine, étudiante au Collège John-Abbott. Même son de cloche du côté des hommes. « Disons que j'ai fait le saut en voyant une fille entrer dans la salle de bain alors que j'y était moi-même, je me suis demandé si j'étais au bon endroit », souligne un étudiant de deuxième année au collège.
Quelle est la position de la Commission scolaire des Trois-Lacs?
« Nous ne nous sommes pas encore prononcés sur le sujet. Pour l'instant nous regardons et observons la Commission scolaire de Montréal », explique Francine St-Denis, présidente de la commission scolaire. « Toutefois, nous répondons à la demande », poursuit-elle.
Afin de répondre à la demande, la direction, notamment de l'école secondaire Cité-des-jeunes, permet aux élèves qui vivent un certain inconfort ou malaise, d'utiliser les toilettes normalement réservées au personnel. « Les écoles nouvellement construites ont des salles de toilettes mieux aménagées, avec des cabines pour handicapées. Nous n'avons pas des salles de bain mixtes, mais en ayant des cabines pour handicapés, nous offrons une certaine option pour les élèves », souligne Mme. St-Denis.
Évidemment rénover l'ensemble des salles de bain des écoles de la CSTL demande un certain budget. « Pour l'instant, il n'est pas question de rénover les installations déjà en place. Premièrement, il nous faudrait le budget et bien qu'on en fasse la demande, rien ne confirme que nous l'aurions. Deuxièmement, nous répondons à la demande », conclut la présidente de la CSTL
Un dossier suivi de près au Collège de Valleyfield
Du côté du Collège de Valleyfield, Anne-Marie Lefebvre, directrice des affaires corporatives, du développement institutionnel et des communications, explique que l'établissement est bien conscient de cette nouvelle réalité. « Nous n'avons pas eu de demande pour l'instant, mais c'est certain que quand la demande viendra, nous allons nous ajuster et répondre à celle-ci », explique-t-elle.
Tout comme pour la CSTL, il est question, ici aussi, de budget. « L'aménagement de toilettes mixtes est un gros projet en sois qui demande un certain budget. C'est certain que ce ne sera pas pour cette année, mais nous y réfléchissons c'est certain », poursuit-elle. « Il y a deux ans, nous avons rénové les vestiaires et avons aboli les douches ouvertes. Suite à plusieurs demandes, maintenant, tant du côté des hommes que des femmes, les douches sont fermées. Elles ne sont pas mixtes, mais elles offrent une intimité. »
La directrice poursuit en affirmant que la porte n'est pas fermée à l'aménagement de blocs sanitaires mixtes dans un avenir plus ou moins rapproché. « Certains blocs pourraient devenir mixtes, ce qui favoriserait l'intégration des élèves transgenres, mais également aiderait à maximiser l'espace et faciliter l'aménagement. Pour l'instant, nous n'avons pas eu de demande, mais si cela devait venir, il est certain que nous nous ajusterions et trouverions une solution afin que les étudiants puissent se sentir à l'aise chez nous », conclut-elle.
Une nouvelle réalité
Depuis quelques années, l'intégration des personnes transgenres dans la société est devenue un sujet courant d'actualité. L'opération grandement médiatisée du champion olympique Bruce Jenner, maintenant connu sous le nom de Caitlin Jenner a, sans aucun doute, ouvert une porte sur cette réalité. Voilà que le mouvement a rapidement traversé les frontières, ouvrant le dialogue sur le sujet dans les institutions canadiennes et québécoises.
En juin 2016, l'assemblée nationale a adopté à l'unanimité le projet de loi 103, visant à renforcer la lutte contre la transphobie et à améliorer notamment la situation des mineurs transgenres. La même année, la Commission scolaire de Montréal a élaboré les lignes directrices relatives aux élèves transgenres de la commission scolaire de Montréal. Ces lignes directrices se veulent un guide des responsabilités et des obligations qui incombent aux établissements scolaires accueillant des élèves transgenres.
Le guide, à l'intention des établissements scolaires, indique aux différents acteurs du réseau de l'éducation comment intégrer les élèves transgenres et comment facilité leur intégration, notamment en supportant la démarche personnelle de l'élève, en utilisant le prénom et le pronom choisis par ce dernier, en permettant à l'étudiant de porter les vêtements qui cadrent avec l'expression de son identité de genre et en donnant le choix à l'élève d'utiliser les toilettes et les vestiaires en conformité avec son identité de genre, pour ne nommer que ceux-là.
La naissance d'une nouvelle société
Le 18 janvier dernier, la Table nationale de lutte contre l'homophobie et la transphobie a présenté un guide de bonnes pratiques à adopter pour mieux intégrer les trans en milieu scolaire. Le guide s'adresse aux établissements scolaires du préscolaire à l'université ainsi qu'aux membres du personnel qui y travaillent.
Formée du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur et des syndicats et associations de directions du milieu scolaire, la table de concertation a lancé ce guide dans le but d'offrir un environnement sécuritaire aux jeunes transgenres, mais également à l'ensemble de la clientèle des établissements scolaires.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.