Deux pistes de solutions sont refusées
Impasse au sein du conseil de Vaudreuil-Dorion ?
Moins de 48 heures après la séance du conseil municipal de Vaudreuil-Dorion, les conseillères indépendantes, Jasmine Sharma, Diane Morin et Karine Lechasseur se sont dites très déçues de la tournure des événements.
Rappelons qu’au cours de la séance, les conseillères Sharma et Morin ont toutes les deux déposé des résolutions notamment pour abroger la résolution excluant les trois élues des différents comités et conseils d’administration du conseil ainsi que pour demander l’intervention du service d’accompagnement de la Commission municipale du Québec.
Les deux résolutions ont été rejetées par les élus, membres du Parti de l’Action de Vaudreuil-Dorion (PAVD), soulevant la consternation parmi les citoyens présents à l’assemblée.
« Je suis très déçue que ma résolution n’ait pas passé. On essaie de tendre la main, de résoudre le problème, mais les autres membres du conseil la refusent. Je comprends qu’il y a une déchirure, mais à partir de là, on fait quoi », confiait, à Néomédia, Diane Morin.
La résolution déposée par Mme Morin visait à permettre aux conseillères de réintégrer les différents comités et conseils d’administration de certains organismes. « Le maire et les autres élus veulent, au sein des comités, des personnes qui pensent comme eux, qui partagent leur vision. Ils ne se cachent pas pour le dire. Ils peuvent bien maintenir leur majorité sur les comités, mais il devrait quand même avoir au moins un élu issu de l’opposition autour de la table. Ça ouvrirait les débats et les échanges en plus d’être plus représentatif de la réalité. C’est exactement ce que proposait ma collègue », renchérit Jasmine Sharma.
À l’instar de sa collègue, Jasmine Sharma demeure déçue du manque d’ouverture du maire et des autres conseillers. « J’espère qu’ils vont amener des propositions et des solutions durables, mais pour le moment, ça ne semble pas être le cas », poursuit-elle.
En entrevue téléphonique le maire, Guy Pilon, souligne: « Cette proposition est d’une stupidité sans mot. C’est un piège à ours gros comme la bâtisse ici. Est-ce qu’on nous prend pour des tapis, des mous ? Pensez-vous vraiment que le maire va reculer après avoir pris position ? Ça va tellement bien maintenant pour prendre des décisions. Il n’y a personne pour retarder les projets ».
M. Pilon tient toutefois à rappeler le fait que même si les conseillères sont exclues des comités, elles demeurent informées et impliquées dans le processus décisionnel. « Dans le fond, les comités présentent leurs recommandations au conseil et c’est là que se prennent les décisions. Les conseillères sont présentes et peuvent s’exprimer si elles ne sont pas d’accord ».
Le PAVD, un parti «totalitaire» ?
« Ce qui me choque, c’est le silence de nos collègues masculins. Je crois qu’ils sont ouverts à la discussion et aux débats, mais visiblement, c’est le maire qui ne veut pas. Il a beau dire qu’il n’y a pas de lignes de parti au sein du PAVD, mais ce n’est pas ce qu’il laisse paraître », ajoutait au téléphone Diane Morin.
« M. Pilon a beau dire qu’il est ouvert à une démocratie participative, ses comportements prouvent le contraire », renchérit Jasmine Sharma.
Questionné sur le sujet, M. Pilon indique: « Le PAVD n’a jamais eu de lignes de parti et n’en aura jamais. Les conseillères mélangent lignes de parti et adhésion aux résolutions. Jamais je n’ai demandé aux conseillers de voter comme moi. Il ne faut pas penser que tous les gens sont des mitaines. Elles s’imaginent que lorsqu’on propose quelque chose, on leur impose. On apporte des propositions et ensuite on en discute. De toute façon, les projets et les propositions sont apportés au conseil par les fonctionnaires. Ce n’est pas le maire qui suggère les trucs. »
Trouver un intervenant neutre
Pour sa part, Jasmine Sharma a déposé la résolution voulant que la ville fasse appel au service d’accompagnement de la Commission municipale du Québec (CMQ). Ce service offert gratuitement aux municipalités facilite la communication entre les parties, suscite une écoute réciproque afin de trouver des pistes de solution pour améliorer la dynamique municipale. Cette proposition a elle aussi été rejetée par le maire Pilon et son équipe.
« Tout ce que ça prend, c’est une volonté du conseil de vouloir rétablir un climat et rétablir la collaboration autour de la table », avait laissé entendre la conseillère lors du dépôt de la résolution.
Selon le maire, Guy Pilon, ce genre de service est utile lorsqu’un conseil est dysfonctionnel. Avant de passer au vote, il a indiqué: « Notre conseil est fonctionnel. Nous sommes encore six conseillers sur neuf toujours au sein du parti, des conseillers qui font des résolutions, qui votent, qui font avancer la Ville. Je comprendrais si tout était arrêté à la Ville, mais ce n’est pas le cas. Alors pour moi, c’est non. »
Pour Karine Lechasseur, la réponse a bien mal passé. « Laisser le droit à la CMQ et au MAMH de décider si notre cas en est un ou pas est une option. D’accepter, ici, ensemble qu’on veut faire la démarche et de laisser un parti neutre juger, et bien nous, ça nous satisferait peut-être. Votre position de décider que ce n’est pas traitable, je n’adhère pas à ça. Si la CMQ considère que ce n’est pas un cas, si le MAMH considère que ce n’est pas un cas, on trouvera des ressources, nous trouverons des solutions », a-t-elle laissé savoir.
La démission complète comme solution
Pour Guy Pilon, une solution s’impose; la démission complète des conseillères. « La meilleure chose à faire, serait qu’elles démissionnent du conseil municipal, qu’elles se représentent et que l’on déclenche une nouvelle élection. Elles ont été élues par acclamations parce qu’elles étaient avec le PAVD. »
Cela dit, cette option n’est pas envisagée, du moins pas pour madame Morin. « Les citoyens de mon district n’ont pas à s’inquiéter. Je vais rester en poste jusqu’à la fin de mon mandat si, bien entendu, la santé me le permet. Je vais continuer de les représenter à la table du conseil. D’ailleurs, ils peuvent toujours me contacter s’ils ont des questions ou des inquiétudes », a-t-elle laissé savoir.
Quant à Jasmine Sharma, si elle a déjà signifié son intérêt pour la mairie, ce projet est, pour l’instant, mis sur la glace. « En ce moment, j’ai une situation familiale qui rend la situation impossible. Je trouve malheureux que certains jouent cette carte pour discréditer ma démarche. Si jamais je prends la décision de me présenter à la mairie, les premiers qui en seront informés sont les citoyens. Être un maire n’est pas un projet personnel, c’est un poste au service de la communauté. Ce n’est pas moi seule qui vais prendre la décision ».
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