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Fonds de lutte contre les maladies infectieuses: quelle contribution du Canada?

durée 17h40
19 septembre 2022
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Par La Presse Canadienne

Des militants dans la lutte contre le sida font pression sur le gouvernement de Justin Trudeau pour qu'il renouvelle son soutien à la lutte contre les maladies infectieuses dans le monde, après une conférence embarrassante à Montréal, qui a laissé des intervenants plutôt inquiets.

Le premier ministre Trudeau doit assister à New York mercredi à une conférence des donateurs au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Le Canada, l'un des plus grands partisans de ce Fonds, a promis 4 milliards $ depuis 2002.

Les pays donateurs reconstituent ce Fonds tous les trois ans; leurs contributions augmentent généralement au fil du temps à mesure que les systèmes de santé renforcent leurs capacités pour traiter et prévenir ces maladies. Et à chaque cycle triennal, les groupes de la société civile publient le montant qui serait selon eux équitable afin de refléter ce que chaque pays riche peut raisonnablement s'engager à contribuer au Fonds pour qu'il atteigne ses objectifs.

Ainsi, des militants canadiens ont demandé au printemps dernier à M. Trudeau d'engager 1,2 milliard $ cette fois-ci. Depuis lors, les États-Unis, l'Allemagne et le Japon ont tous annoncé un financement répondant aux demandes de leurs groupes nationaux. Mais Ottawa n'a toujours rien dévoilé.

Élise Legault, directrice canadienne de la campagne ONE, une organisation non gouvernementale internationale qui lutte contre l'extrême pauvreté et les maladies évitables, a déclaré qu'une contribution de moins de 1,2 milliard $ entraînerait des décès que l'on pourrait autrement éviter.

«Le premier ministre Trudeau ne peut pas négliger la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, car c'est un combat que nous pouvons gagner», a-t-elle plaidé.

Le Fonds aide les pays en développement à limiter et à traiter les trois maladies évitables qui, dans de nombreuses régions, comptent parmi les principales causes de mortalité. M. Trudeau a défendu ce Fonds dans le passé, notamment en 2016, lorsqu'il s'est exprimé aux côtés de la militante zimbabwéenne Loyce Maturu.

Mme Maturu a perdu sa mère et son frère, en 2003, du sida et de la tuberculose. Elle a elle-même contracté les deux maladies et elle affirme que les contributions du Canada ont financé des programmes qui lui ont permis d'échapper de justesse à une mort certaine. La trentenaire envisage désormais d'avoir des enfants.

« Je voudrais vraiment remercier le gouvernement canadien d'être un donateur traditionnel au sein du Fonds mondial, car il a vraiment sauvé des millions de vies, et je suis l'une de ces vies qui ont été sauvées », a déclaré Mme Maturu depuis New York, où elle compte faire pression sur M. Trudeau pour qu'il augmente la contribution du Canada.

« On croise les doigts »

L'Organisation mondiale de la santé a signalé que pour la première fois en plus d'une décennie, les décès dus à la tuberculose avaient augmenté en 2020, alors que les gouvernements se concentraient sur la pandémie de COVID-19.

Les décès dus au paludisme suivent un schéma similaire, tandis que l'on observe que des patients séropositifs interrompent leurs traitements qui empêchent le virus de progresser vers le sida.

Mme Maturu estime que ces tendances inquiètent les survivants comme elle face à la réticence du Canada à annoncer son financement. « C'est vraiment difficile, nous croisons les doigts », a-t-elle déclaré.

Des organismes comme la campagne ONE avaient appelé le gouvernement libéral à dévoiler l'engagement du Canada lors de la conférence internationale sur le sida, en juillet à Montréal. Le gouvernement n'a pas fait cette annonce et le ministre du Développement international, Harjit Sajjan, a même annulé sa participation à la conférence internationale, son cabinet invoquant des «problèmes opérationnels».

Ottawa avait été vertement critiqué alors pour ne pas avoir délivré de visas de séjour à des experts et des militants de pays africains, ce qui a conduit certains participants à accuser le Canada de racisme. L'International AIDS Society a même déclaré qu'elle reconsidérerait à l'avenir l'opportunité d'organiser de telles conférences au Canada.

Le cabinet du ministre Sajjan a déclaré vendredi dernier qu'un autre engagement pour le Fonds mondial est à venir, sans fournir plus de détails.

« Nous continuerons de soutenir le Fonds mondial, qui est le plus gros investissement du Canada dans la santé mondiale, a écrit la porte-parole, Haley Hodgson. Le ministre Sajjan reconnaît à quel point la septième Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial est essentielle pour atteindre nos objectifs mondiaux collectifs de vaincre le VIH, la tuberculose et le paludisme. »

Lors de la dernière ronde de promesses de dons du Fonds, en 2019, le gouvernement Trudeau avait augmenté sa contribution, après des semaines de pression soutenue. À l'époque, Ottawa n'avait pas contesté les rumeurs selon lesquelles il s'en tiendrait au même montant de financement qu'il avait annoncé en 2016.

Mme Legault soutient que le Fonds a fait des « progrès étonnants » vers l'objectif de l'ONU consistant à mettre fin à l'épidémie de VIH/sida d'ici 2030. Selon ONUSIDA, le programme commun des Nations unies sur le VIH/sida, les décès liés à cette maladie ont diminué de 68 % depuis le sommet de 2004, et de 52 % depuis 2010.

« Il y a vingt ans, les gros titres sur le sida étaient terribles, rappelle Mme Legault. De nombreux pays africains ont été tellement touchés que l'espérance de vie suivait une tendance à la baisse à cause de la maladie, sans espoir à l'horizon. »

« La lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme est l'une des grandes réussites méconnues du siècle », soutient-elle.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne

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