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Politique fédérale

Peu importe ce que fera Trudeau, tout pointe vers des élections au printemps à Ottawa

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24 décembre 2024
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Par La Presse Canadienne

Le Canada semble se diriger vers des élections fédérales printanières, maintenant que le Nouveau Parti démocratique (NPD) a promis de faire tomber le gouvernement libéral au début de l'année prochaine, que le premier ministre Justin Trudeau reste au pouvoir ou non.

Les observateurs politiques évoquent de nombreux scénarios qui pourraient se produire au cours des prochains mois, après le tumulte politique qui a secoué le gouvernement Trudeau la semaine dernière. Une campagne électorale fédérale au printemps semble être l'hypothèse qui recueille le plus d'appuis.

Le moment exact est encore très incertain, mais le fil des événements le plus probable serait que le gouvernement tombe d'ici la fin mars, puis qu'une élection générale ait lieu en avril ou en mai, selon Yaroslav Baran, qui est cofondateur du Pendulum Group et ancien chef de cabinet du leader parlementaire conservateur Jay Hill.

«Le plus probable serait que le gouvernement tombe quelque part entre la fin février et la fin mars», a-t-il précisé. Dans ce scénario, l'élection aurait lieu en avril ou en mai.

Si le gouvernement fédéral est désavoué lors d'un vote de confiance à la Chambre des communes, le premier ministre sera alors obligé de se rendre auprès de la gouverneure générale Mary Simon pour l'informer de la situation et la conseiller sur l'échéancier des élections.

La période de campagne est d'au moins 36 jours et d'au plus 50 jours, selon Élections Canada.

Le NPD prêt à faire tomber le gouvernement

Les événements survenus à Ottawa la semaine dernière pourraient précipiter les choses, puisque la démission soudaine de la ministre des Finances Chrystia Freeland a porté un coup dur à l'emprise de M. Trudeau sur son parti.

Alors que M. Trudeau est confronté à de la pression, tant interne qu'externe, pour qu'il démissionne, on dit qu'il réfléchit maintenant à son avenir. Le bureau du premier ministre n'a pas répondu lorsque La Presse Canadienne a tenté de savoir quels étaient les plans de M. Trudeau pour la pause des Fêtes.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a juré qu'il aiderait à défaire le gouvernement libéral lors d'un vote de confiance à la rentrée parlementaire. Les conservateurs, fermement en tête dans les sondages, ont réclamé des élections tout l'automne, tandis que le Bloc québécois a aussi appelé à des élections au début de la nouvelle année.

M. Singh pourrait encore changer d’avis et de nombreux scénarios restent possibles, comme celui d’un parti d’opposition qui négocierait des gains dans le budget et qui appuierait le gouvernement jusqu'à l'automne, mais ce scénario semble moins probable.

«Cela n’a plus beaucoup de sens de conclure une sorte d’accord et d’être un partenaire du gouvernement que vous allez devoir vilipender quelques mois plus tard», a souligné M. Baran. Les prochaines élections doivent avoir lieu au plus tard à l'automne.

«De toute évidence, les libéraux ne bénéficient plus du soutien d’aucun des partis d’opposition. La probabilité d’une élection au printemps est donc élevée, que le gouvernement proroge ou non», selon Brittney Kerr, qui est associée fondatrice de Framepoint Public Affairs et qui a coprésidé la campagne libérale en 2019.

«Personne (au cabinet du premier ministre) ne perdra de vue à quel point l’équation politique est complexe pour gagner, compte tenu du sentiment public écrasant en faveur des conservateurs, associé au long mandat du premier ministre», a-t-elle mentionné.

La prorogation, vraiment utile?

Le gouvernement peut toujours proroger le Parlement, ce qui aurait pour effet d'interrompre les travaux pendant plusieurs mois. Cela pourrait donner du temps au Parti libéral pour organiser une course à la direction si M. Trudeau décidait de se retirer.

Mais M. Baran estime qu'une telle mesure ne le mènerait pas bien loin, car les partis d'opposition semblent tous prêts à se rendre aux urnes. Et dans tous les cas, le Parlement doit reprendre ses travaux pour approuver les finances et continuer à payer les fonctionnaires.

«Si le premier ministre proroge le Parlement, cela lui permet de ne pas avoir à affronter le Parlement le 27 janvier. Il peut donc gagner du temps pour planifier, se regrouper, etc. Mais il serait vraiment difficile que cette période de prorogation dure au-delà de la fin mars», a-t-il affirmé.

Ne pas négliger l'arrivée de Trump

Une éventuelle course à la direction serait différente par rapport aux précédentes au Parti libéral. Lorsque M. Trudeau a été élu chef, en 2013, la course a duré environ six mois. Cependant, en 1993, les progressistes-conservateurs ont élu Kim Campbell en environ trois mois.

Michael Wernick, un ancien greffier du Conseil privé, croit que proroger la Chambre des communes au moment même où Donald Trump sera investi président, le 20 janvier, priverait le Canada de toute possibilité de réagir à d'éventuelles décisions soudaines à Washington.

«La question n'est pas de savoir si le premier ministre peut proroger le Parlement. C'est plutôt de savoir s'il doit le faire. J'ai le sentiment que ce serait un très mauvais choix de baisser la garde avant le 20 janvier. Je pense que nous avons besoin que le Parlement soit là et fonctionnel», a-t-il fait valoir.

Les libéraux ont souvent répété qu'un gouvernement d'expérience doit être en place pour faire face à un président imprévisible comme M. Trump. Les partis d'opposition sont quant à eux d'avis que la population devrait choisir un leader plus fort que M. Trudeau pour tenir tête à l'administration Trump.

Selon M. Wernick, le Canada devrait chercher à organiser des élections plus tôt que tard.

«La meilleure chose à faire pour le pays serait de tenir les élections le plus tôt possible et d'indiquer très clairement qui les Canadiens ont choisi pour nous diriger», a-t-il déclaré.

«Plus nous prolongeons ce théâtre, plus nous faisons traîner les choses, plus nous affaiblissons le pays», à son avis.

Kyle Duggan, La Presse Canadienne

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