Elections provinciales - Soulanges
Entrevue audio avec Samuel Patenaude (candidat PQ) - Episode 1/2
Par Jean-Michel Lhomme, Journaliste
Samuel Patenaude a 21 ans et est originaire de Saint-Zotique. Pour la première fois, le 3 octobre prochain, il se présentera à une élection à la quelle il défendra les couleurs du Parti Québécois. Entrevue.
Dans cette première partie, le candidat nous explique les raisons de son engagement en politique et de son choix d'aller avec le Parti Québécois. Il défend également sa vision du transport dans la région.
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Vous êtes le candidat du Parti Québécois dans le comté de Soulanges, mais vous êtes encore peu connue des citoyens. Pouvez-vous nous dire qui vous êtes ?
Samuel Patenaude : « J'ai 21 ans, je suis originaire de Saint-Zotique et je vis actuellement dans la circonscription de Beauharnois. Toutefois, j'ai grandi dans la circonscription de Soulanges.
Je suis « un petit gars du coin » comme on dit. Un gars avec des convictions et des valeurs. Un gars qui aimerait bien défendre les intérêts des citoyens de Soulanges. »
À 21 ans, vous êtes l'un des plus jeunes candidats à vous présenter aux élections du 3 octobre. Or, dans le même temps, on constate que plusieurs figures de la vie politique québécoise ont fait le choix de se retirer ou de ne pas se représenter. Pourquoi avoir choisi de vous lancer en politique ?
Samuel Patenaude : « Je me lance, car cela fait déjà quelques années que je suis impliqué au niveau du Bloc québécois auprès de la députée Claude de Bellefeuille. J’ai activement participé aux élections fédérales de l’année dernière. Et j'ai adoré l'expérience !
Après ça, il y a eu le forum jeunesse, mes implications au niveau de la jeunesse. C'est là que j'ai eu mon gros intérêt envers le Parti québécois.
J'ai toujours été souverainiste et indépendantiste. Alors j'avais déjà de l'intérêt envers le parti, mais je n'avais jamais participé. Je n'avais jamais fait des choses au nom du Parti québécois. Enfin, je me suis impliqué et j'ai rencontré des gens merveilleux, des gens qui, comme moi, avaient un projet de société avec un Québec indépendant. Un Québec qui fait ses propres choix.
C'est ça qui m'a motivé. Et après le camp de formation du Parti québécois, j'ai fait part de mon intérêt pour devenir candidat. Ça s'est décidé vraiment sur le tard et l'annonce a été très, très tardive. C'est pour cela que je ne suis pas très connu par rapport aux autres candidats de la circonscription.
Mais malgré tout, je me lance avec mes convictions. Pour l’instant, je pense que ça va bien. »
Cette campagne est marquée par un climat assez malsain. Il y a eu des intimidations, des dégradations, des menaces. Je suis assez curieux de savoir comment vous qui découvrez ce milieu, vous vivez cette situation ?
Samuel Patenaude : « Peu importe, le parti, moi comme mes confrères, on se présente pour défendre des valeurs. Ces valeurs peuvent différer d'un parti à l'autre. C'est sûr. C'est justement le but de la politique et de la démocratie.
Le fait qu'il y en ait beaucoup qui reçoivent des menaces, c'est vraiment une tension pour tout le monde. Nous sommes tous là pour faire avancer nos idées. Voir de la haine, comme on a pu énormément en voir dans les médias, ce n’est pas normal. Au sein du parti, j'en connais qui m’ont dit que c’était assez violent.
Pour ma part, dans la circonscription de Soulanges, les gens sont bienveillants. On parle surtout du fait que je suis jeune, que je m'implique. Les gens sont gentils, même si leurs valeurs ne sont pas nécessairement les miennes. Cela fait de beaux sujets.
Il y en a bien certains qui m'ont fait bien comprendre que je n’étais pas, selon eux, du bon parti… Parfois c’est même un peu lourd, mais il faut s'y attendre parce que ça fait partie de la gamme politique.
Toutefois, je pense que chaque personne devrait considérer qu'on est des humains à la fin. On est des candidats, mais au final, on est des citoyens comme monsieur et madame tout le monde. »
Revenons justement à ce choix du parti. Les derniers sondages montrent que la jeunesse se sent majoritairement plus proche de Québec solidaire. Or vous, vous êtes un jeune à contre-courant, puisque vous avez choisi le Parti québécois. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Samuel Patenaude : « C'est une question de valeur. Pour moi, la priorité numéro un, tant d'un point de vue historique que des choix, c'est l'indépendance. C’est la solution à beaucoup de problèmes. Or, aujourd’hui, pour beaucoup d'avancements que nous pourrions faire, nous sommes bloqués.
C'est pour ça que j'ai choisi le Parti Québécois. C'est parce qu'ils veulent défendre le français avec la loi 101 aux cégeps. Ce sont des choses essentielles selon moi pour la survie du Français. Il faut agir.
C'est vrai que Québec Solidaire est populaire auprès des jeunes. Notamment parce qu’ils s’intéressent à l'environnement. Mais justement, je pense sincèrement que le Parti québécois a les meilleures propositions en termes d’environnement.
Vous en avez parlé vous-même avec Christopher Massé (notre candidat dans Vaudreuil). La Passe climat, c’est quelque chose qui va vraiment changer les choses pour tout le monde. »
Restons sur ce choix du Parti Québécois : au sein de la CAQ, on compte plusieurs anciens péquistes (et non des moindres). Auriez- vous pu vous engager avec la coalition Avenir Québec ?
Samuel Patenaude : « C'est une très bonne question. La réponse est non.
La Coalition Avenir Québec entend défendre les intérêts des Québécois et je le comprends. Toutefois, on l'a vu dans son premier mandat, la CAQ a essayé de son possible pour défendre le français, l'immigration, avoir accès à l'immigration, etc. Ils ont fait 25 demandes au fédéral qui ont toutes été refusées. La CAQ veut sincèrement avancer pour le Québec, mais ils ne peuvent pas, parce que le fédéral les bloque.
C'est pour ça que je ne peux pas aller vers la CAQ. Parce que la seule solution, sincèrement, c'est l'indépendance. Pour avoir nos propres choix, pour pouvoir prendre nos propres décisions. L'indépendance est la seule clé. »
Quand on interroge les citoyens, ce qui les préoccupe en premier lieu, ce sont les questions de santé. Suivent les questions de pouvoir d'achat, d'environnement. Or, comme vous venez de le faire à l'instant, le discours du Parti Québécois reste centré sur cette revendication indépendantiste. Est-ce que vous n'avez pas peur d'être en décalage avec la population ?
Samuel Patenaude : « Non, pas du tout. Parce qu'au final l'indépendance va ouvrir les portes à une solution à tous les problèmes que vous venez de citer.
Au niveau de la santé, cela fera en sorte que le fédéral ne sera plus impliqué dans la santé. Aujourd’hui, on envoie 6 milliards de dollars par an au fédéral pour la santé. Nous pourrons récupérer l'argent et le placer comme on veut : dans les soins de proximité ou sur plusieurs projets qu'on a faits au niveau du système de santé.
En ce moment, on a deux impôts. Si on fait l'indépendance, on aura plus qu’un seul et unique mode d'imposition. Il va y avoir beaucoup de changements administratifs qui vont permettre aux Québécois et aux Québécoises de pouvoir faire plus, de pouvoir faire avancer les choses de façon plus rapide et avoir plus de moyens de faire. »
L'autre grand sujet de préoccupation en 2022, c'est le pouvoir d'achat. Dans une économie mondialisée et de plus en plus interdépendante, notamment sur la partie énergétique, en quoi est-ce qu'un projet indépendantiste serait une réponse aux questions de pouvoir d'achat des Québécois ?
Samuel Patenaude : « La majorité des partis (même la totalité des partis, sauf le Parti Québécois), veut des baisses d’impôts. Est-ce que c'est véritablement la solution ? Est-ce que baisser les impôts ne va pas plutôt profiter aux plus riches, et pas nécessairement à ceux qui sont le plus dans le besoin.
Moi je pense sincèrement qu’avec la baisse d'impôts, le prix de la vie courante ne sera pas diminué. Elle va même augmenter puisque la demande va augmenter. C'est pour ça qu’on offre des solutions qui sont différentes des autres. Par exemple, il y a le chèque de 1 200 dollars pour les personnes qui ont moins de 50 000 dollars par an. »
On l'a vu avec la question du troisième lien entre Lévis et Québec, il existe de vraies différences, d'approche et de philosophie, entre les différents partis en matière de transport. Ici aussi, dans Soulanges, il y a des enjeux. Je pense notamment au pont de l’île aux tourtes. Quel est votre projet en termes d'infrastructures de transport dans Soulanges et notamment en ce qui concerne les transports en commun.
Samuel Patenaude : « C'est un grand projet sur lequel je suis très fier de travailler avec Christopher Massé, mon collègue du Parti québécois de Vaudreuil. On travaille très fort ensemble sur un projet avec le national pour notre région. Surtout en transports en commun parce que dans notre région, c'est un enjeu majeur.
Présentement, on n’a pas vraiment d’offre. C'est ce qu'il faut changer. Christophe et moi, on travaille sur un projet qui pourrait amener un système de transports en commun qui va partir de Rigaud et qui va relier un peu toutes les municipalités de nos comtés jusqu’à Vaudreuil.
On pense sincèrement aussi que l’on devrait donner un plus grand accès aux gens de la région à Montréal.
On voit aussi que ce serait nécessaire pour le développement économique de la région. Ça, ça prend de l'expansion. On voit beaucoup avec le quartier et le parc industriel. C'est important que les transports en commun soient disponibles à un faible coût. Notamment pour ceux qui n'ont pas de voiture et qui n'ont pas les moyens de s'en acheter. D’autant que le prix des voitures a augmenté tout comme les taux d'intérêt.
Je regardais pour acheter une voiture dernièrement, ce n’est quasiment pas achetable. C'est terrible ce qui se passe. C’est pour cela qu’on a proposé la Passe climat à un dollar par jour. Cela va venir aider énormément la classe moyenne. Et tous ceux sous la moyenne comme les étudiants, les personnes âgées ...
Enfin, la mise en place d'un système comme ça va pouvoir permettre l'immigration économique et le développement de notre région. Je pense que c'est important d'accueillir des migrants économiques dans notre région. Mais il faut faire en sorte qu'ils parlent français et qu’ils puissent avoir un transport adéquat pour aller travailler. »
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