Près d'une quinzaine d'employés ont quitté dans les derniers mois
Importante vague de démissions à l'hôtel de ville de Rigaud
Climat toxique, intimidation, ambiance de travail négative, bref, rien ne va plus au sein de l’administration de la Ville de Rigaud. Depuis l’arrivée du nouveau conseil municipal, près d’une quinzaine d’employés ont remis leur démission et le bilan des départs ne semble pas sur le point de s’essouffler.
Parmi les employés qui ont quitté, ou qui le feront dans les prochaines semaines, soulignons le directeur général, Sylvain Chevrier, la directrice des Services récréatifs et communautaires, Véronique Cunche, le directeur de l’urbanisme, Luc Boyer, la directrice des finances, Micheline Déry, l’inspectrice municipale, Manon Vachon et Katia Poirier, secrétaire du Service des loisirs et des communications. D’autres personnes dont l’identité demeure inconnue s’ajoutent ou s’ajouteront à la liste.
La situation a même été dénoncée lors de la dernière séance du conseil municipal alors que l’ex-conseillère et candidate à la mairie, Édith De Haerne, avait questionné le conseil à ce sujet. « Il semble qu’il y a un problème qui doit être réglé. Quand est-ce que cette hémorragie va s’arrêter? C’est la mémoire de la Ville qui s’en va. Vous rendez-vous compte? », avait-elle alors clamé.
Rencontrée il y a quelques jours par Néomédia, la mairesse, Marie-Claude Frigault, confiait : « Dès qu’un employé annonce son départ, je m’assois avec mon directeur général pour savoir pourquoi les gens partent. On me dit toujours que c’est pour de meilleures conditions ou pour des raisons personnelles. Je ne peux quand même pas en vouloir aux employés de vouloir améliorer leur qualité de vie. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas eu de rapport négatif. Si je devais être mal informée par les gens de mon équipe ce serait terrible ».
Or, par la voix de la directrice des communications, Marie-Andrée Gagnon, le directeur général, Sylvain Chevrier, a confirmé à Néomédia qu’une ambiance négative planait à l’hôtel de ville et que depuis janvier, il était saisi régulièrement de la situation à l’interne. « La direction générale fait tout son possible pour les informer (les membres du conseil) de l’état de la situation et de l’urgence d’agir », explique Mme Gagnon.
Des employés à bout de souffle
Sous le couvert de l’anonymat, quelques employés ont témoigné à Néomédia d’un climat de travail toxique. Notamment de la part du conseil municipal et de la mairesse. « Plusieurs membres du conseil, y compris la mairesse, semblent se foutre complètement de nous. Ils ne nous font pas confiance, ils pensent que nous ne travaillons pas pour vrai. On se sent littéralement comme de la…», confie une employée en poste depuis plus de 10 ans.
« C’est vraiment à contrecœur que j’ai postulé dans d’autres villes et que je songe à partir. J’ai Rigaud tatoué sur le coeur et j’ai vraiment de la peine de voir notre Ville s’effondrer comme ça », ajoute-t-elle.
Abondant dans le même sens, une autre témoin laisse entendre que chaque employé est appelé à justifier son travail et son rôle. « La situation est si terrible que c’est monté jusqu’aux syndicats et des griefs pourraient être déposés. Il y a beaucoup d’intimidation et plusieurs décisions sont prises sans consultations réelles. C’est vraiment l’enfer », souligne-t-elle.
Questionnée à cet effet, la mairesse a indiqué savoir d’où viennent de telles allégations. « Je sais d’où ça vient. Je ne peux pas empêcher les gens de parler, mais je trouve ça triste de voir qu’il y a des gens qui tentent de faire passer le conseil pour des méchants », de dire Mme Frigault.
Un autre témoin s’est dit fort inquiet pour la Ville. « Je ne sais pas comment on pourrait continuer de travailler dans un tel climat, avec une telle mairesse. Le conseil sait depuis des mois que ça ne fonctionne pas, que les employés se plaignent. Son manque de vision ne nous mènera nulle part. Je suis même surpris qu’il n’y ait pas des plaintes contre elle à Commission municipale du Québec ».
La mairesse change de discours
Au lendemain de l’annonce du départ du directeur général, la Ville de Rigaud a publié un communiqué dans lequel la mairesse, Marie-Claude Frigault, semble ne plus voir la situation du même oeil que lors de sa rencontre avec Néomédia.
« Le conseil savait que certaines décisions et orientations n’avaient pas fait l’unanimité auprès de l’équipe de direction. Par exemple, c’est dans une volonté de maintenir un budget sans augmentation de taxes que le conseil n’a pas voulu investir cette année dans de nouvelles ressources. Toutefois, nous sommes conscients qu’avec la charge de travail qui augmente sans cesse, cela devient très difficile pour nos employés. Après avoir appris la nouvelle hier, le conseil s’est réuni d’urgence, et le fera de nouveau ce soir, afin de mettre en place des solutions qui seront durables et viables pour nos équipes. Une grande réflexion sera assurément faite », a-t-elle déclaré.
À la lumière des derniers développements, Néomédia a recontacté la mairesse qui, ébranlée par la tournure des évènements, a laissé savoir être très attristée.
« Moi, tout ce que je voulais c’est que tout se passe bien. À mon arrivée en poste, j’ai été voir les directeurs des différents services. Après quatre ans en tant que conseillère, j’ai vu à quel point la charge de travail était importante. C’est pour ça que je voulais que l’on réduise la cadence, que l’on revoit nos priorités et que l’on focalise sur les choses importantes, le tout, dans une optique de ne pas avoir d’augmentation de taxes. Je n’en reviens juste pas. »
Questionnée à nouveau afin de savoir quand elle avait été mise au fait de la situation, Mme Frigault persiste et signe: « Je l’ai su seulement quand M. Chevrier nous a avisés, la semaine dernière. Je tiens quand même à rassurer la population que nous avons entrepris des démarches pour procéder à l’embauche de nouveaux employés et nous allons tout faire pour trouver une solution, et ce, le plus rapidement possible », conclut-elle.
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