Grand projet d’envergure du gouvernement de Philippe Couillard, le Réseau express métropolitain, anciennement le Réseau électrique métropolitain (REM) est sans contredit un projet qui risque grandement de devenir un enjeu électoral dans les mois à venir.

Si les instigateurs du projet y voient une grande avancée, voire même LA solution au problème de mobilité de la population, il semblerait que le projet ne soit pas perçu de la même façon du côté de l’Opposition officielle.

En effet, le 3 avril dernier, la députée de Sanguinet et porte-parole de l’opposition officielle pour les dossiers touchant le REM, Alain Therrien, et la députée d’Hochelaga-Maisonneuve et porte-parole responsable de l’Île de Montréal, Carole Poirier, ont dénoncé la non-pertinence de l’antenne de Sainte-Anne-de-Bellevue du REM et ont demandé au gouvernement de la retirer afin de miser sur de véritables solutions permettant d’améliorer la mobilité des gens de l’Ouest-de- l’Île.

Un réseau de train, parallèle au réseau actuel

Financé par la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ), le REM se veut un réseau de train électrique, destiné au transport de passagers, reliant l’Ouest-de-l’Île de Montréal, la Rive-Nord et la Rive-Sud au centre-ville de Montréal ainsi qu’à l’aéroport.

Ce nouveau réseau serait construit parallèlement au réseau déjà existant. Le but premier de la mise en place du REM est d’améliorer la mobilité des citoyens, en réduisant le nombre de voitures sur les routes.

Un Grand Déblocage

Or, l’opposition officielle a exprimé son désaccord, particulièrement sur l’antenne de Sainte-Anne-de-Bellevue qui selon eux, ne répond à aucun besoin de transport collectif dans l’Ouest-de- l’Île.

L’opposition soutient également que le BAPE s’est prononcé en défaveur de cette antenne notamment en raison de la demande insuffisante de l’absence de prise en compte des besoins en transport collectif de l’Ouest-de- l’Île et l’éloignement des grandes densités de population.

Estimée à 1,2 G$, l’antenne de Sainte-Anne- de-Bellevue représente 24% du trajet du REM, mais seulement 12% de l’achalandage projeté l’emprunteraient.

« L’ampleur de la déstructuration de la ligne Vaudreuil-Hudson reste encore inconnue à ce jour, mais il est certain que l’effet du REM va être de l’affaiblir, voire de la condamner », souligne Carole Poirier.

Ainsi, le Parti Québécois propose le Grand Déblocage qui comporte des solutions dites efficaces et attractives pour l’ouest.

• L’ajout de 4 trains sur la ligne Vaudreuil-Hudson ;
• L’ajout de 4 stations dans le Suroît ;
• La création des bus rapides de l’ouest, un nouvel axe nord-sud des voies réservée d’autobus entre la ligne de Deux-Montagnes et celle de Vaudreuil-Dorion.

Un projet qui répondra aux besoins réels de la population

De son côté, en tant que président de la commission du transport, le maire de Vaudreuil-Dorion, Guy Pilon, déplore la sortie de M. Therrien et de Mme. Poirier. « C’est complètement ridicule. Le REM, c’est le début de quelque chose de grand. Le but est de relier l’Ouest de l’Île à l’aéroport, c’est parfait non ? ». Toujours selon M. Pilon, l’ajout de trains sur la ligne actuelle est totalement impossible puisque ladite ligne est actuellement utilisée par le Canadien National et le Canadien Pacifique. « Le REM vient non seulement répondre à plusieurs besoins, mais en plus, nous aurions enfin une ligne dédiée exclusivement au transport de passagers. Plus personne ne viendra nous achaler. »

Même son de cloche du côté de la députée de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols. « Comment l’opposition, qui se dit en faveur de l’électrification des transports, peut-elle tourner le dos au plus grand projet d’électrification des transports ? » Mairesse de la ville de Notre-Dame- de-l’Île- Perrot de 2009 à 2013, et préfète de la MRC de Vaudreuil-Soulanges, la députée est bien au fait des problématiques au niveau de la mobilité, particulièrement sur l’Île Perrot.

« Le train est déjà un moyen de transport efficace. Est-il parfait ? Non, mais il représente une superbe alternative. Le REM viendra bonifier l’offre de service déjà en place et permettra de diminuer le nombre de voitures sur les routes. »

Et si l’autoroute 20 était vraiment la solution ?

Évidemment, quand il est question de mobilité sur le territoire de Vaudreuil-Soulanges, personne ne peut passer sous silence le projet de l’autoroute 20, ni même la construction du nouveau pont de l’Île-aux-Tourtes.

Constamment congestionnées, ces deux artères principales font l’objet de beaucoup de spéculations depuis un bon nombre d’années. Le tronçon de l’autoroute 20 entre l’Île- Perrot et Vaudreuil-Dorion représente une distance de près de 6 km qui cause de nombreux problèmes notamment en raison des feux de circulation.

« L’autoroute 20 et le pont de l’Île-aux- Tourtes, sont de réelles aberrations, tout le monde vous le dira, souligne M. Pilon. Des commerces ont été expropriés il y a maintenant près de 50 ans, en vue de l’autoroute 20. Nous sommes les seuls au Québec à avoir ce qu’on appelle un boulevard urbain, sur une autoroute. Le plus aberrant, c’est que le projet n’est toujours pas dans le Programme Québécois des infrastructures (PQI). Le dossier de l’autoroute 20 est sans contredits, l’un des plus gros dossiers qu’a à travailler notre députée et je crois qu’elle y arrivera. »

« Déjà, en 2009, quand j’étais mairesse de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot, les études environnementales étaient désuètes, tout est à refaire, renchérit Marie-Claude Nichols. D’ailleurs, j’ai mis sur pied un comité formé de municipalités et de citoyens engagés qui siégeront avec le ministre du Transport et qui travailleront à mettre le projet de l’autoroute 20, dans le PQI. »

Quoi qu’il en soit, il a fort à parier que les projets du REM, de l’autoroute 20 et du pont de l’Île-aux- Tourtes feront partie des discours électoraux dans les prochains mois.