Sondage mené par la Fédération du personnel de soutien scolaire
Violence en milieu scolaire: 35% du personnel de soutien du CSSTL a subi de la violence physique
Ce vendredi 14 juin, le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire, Éric Pronovost était de passage dans la région de Vaudreuil-Soulanges pour présenter les résultats d'un Sondage sur la violence auprès du personnel de soutien scolaire réalisé par Ad Hoc recherche à la demande de la FPSS. L'exercice démontre que deux employés sur 5, soit 45% du Centre de services scolaire des Trois-Lacs a été victime de violence au cours de l'année scolaire 2023-2024.
« La violence envers le personnel de soutien scolaire est inacceptable, et ce dernier doit être considéré et traité à sa juste valeur, cela l’affecte durement. Il faut que ça cesse, il faut protéger le personnel de l’éducation. Dans la majorité des cas, les actes de violence subis par nos membres sont banalisés par les directions en place. Il faut mettre en place des solutions concrètes pour que cette situation cesse une fois pour toutes. L'une d'elles pourrait d'avoir plus de ressources en place, sur le terrain, pour faire de la prévention auprès des membres du syndicat, mais aussi des élèves pour que ces comportements soient mieux compris et moins tolérés», précisait Carol-Anne Dupré, présidente par intérim du Syndicat du personnel de soutien des Trois-Lacs (SPSTL-CSQ).
Notons que le sondage a été mené en ligne par le biais d'invitations acheminées par courriel entre le 6 février et le 22 mars dernier à l'ensemble des membres de la Fédération du personnel de soutien scolaire. Au total, 5 127 membres ont participé au sondage au Québec, dont 180 répondants qui sont affiliés au CSSTL.
Qui sont les membres représentés par le Syndicat du personnel de soutien du CSSTL? Ils occupent 41 classes d'emplois et œuvrent dans les secteurs administratifs, de l'entretien ou autres. À titre d'exemple, ils occupent des postes de secrétaire, d'agents de bureaux, d'ouvrier d'entretien, d'éducatrice en services de garde, de technicien en adaptation scolaire ou de technicienne en éducation spécialisée auprès d'une clientèle à mobilité réduite.
Les principaux objectifs de cette étude étaient de vérifier et documenter les actes de violence subis par le personnel non enseignant et d'évaluer si les rapports d'incidents constituent un moyen efficace pour documenter cette violence.
Les violences non physiques sont les plus courantes
Selon le résultat du sondage, deux employés sur cinq ont subi de la violence en milieu de travail au cours de l'année scolaire 2023-2024. Un peu plus du tiers des répondants, soit 35%, a indiqué avoir subi de la violence physique alors que deux répondants sur cinq, soit 41%, disent avoir subi de la violence autre que physique au cours de la même période.
L'enquête démontre aussi que les incidents violents sont rarement uniques et isolés puisque plus du deux tiers des victimes, soit 69% ont au moins subi deux actes distincts, l'un de nature physique et l'autre de nature autre que physique.
Les 5 actes de violence les plus souvent répertoriés ont tous été subis par plus du tiers des victimes. Il s’agit donc possiblement de situations violentes qui combinent plus d’une forme d’agression. On parle de cris (63%), de se faire lancer un objet (60%), de coups (51%), de blasphèmes (43%) et de propos injurieux (39%).
Les élèves comme première source de violence
Neuf membres sur dix (87 %) du personnel de soutien scolaire victimes de violence identifient les élèves comme la ou l’une des sources des incidents subis. Les collègues (20 %) et les parents (13 %) sont les 2e et 3e sources de violence les plus fréquentes, presque à égalité,
avec environ un cinquième et un sixième des victimes qui les identifient comme la ou l’une des sources des incidents.
La direction est moins souvent identifiée comme une source de violence avec seulement 4 % des victimes qui les dénoncent.
Fait plus troublant: 43% des victimes de violence ne remplissent jamais de rapport d'incident. Voici les raisons évoquées par les répondants:
- Évaluation de la gravité: 60%;
- Procédure: 41%;
- Inutilité: 37%;
- Relation de travail: 20%;
- Chance donnée aux enfants: 16%;
- Méconnaissance du rapport: 4 %
- Autres raisons: 17%.
Des raisons multiples pour choisir de ne pas remplir de rapport
Deux membres sur cinq du personnel de soutien scolaire interrogé dit ne jamais remplir de rapports d’incidents suite aux situations vécues. C’est la notion d’évaluation de la gravité qui est mentionnée le plus souvent pour expliquer l’absence de rapport d’incident. Les événements ne semblent pas toujours assez graves (42 %) et le personnel de soutien se dit assez fort pour endurer la situation (18 %) tout en évitant de remplir un rapport en raison de la complexité procédurale (41 %).
Plusieurs absences dues à la violence
Parmi l’ensemble de ceux ayant été victimes de violence, 5 % ont dû s’absenter pour cette raison. En février 2024, on enregistrait 125 démissions enregistrées au CSSTL depuis le mois de septembre 2023. Notons que celles-ci n'incluent pas les départs à la retraite et ne sont pas toutes reliées aux actes de violences détaillés précédemment.
« C'est à cette période-ci de l'année que le dépôt des effectifs doit être fait par les Centres de services scolaire au gouvernement en vue de la prochaine rentrée scolaire. On ne prévoit pas d'ajout de ressources pour faire de la prévention. Récemment, le ministère de l'Éducation a annoncé un investissement de 30 M$ pour les centres de services scolaires du Québec dans le cadre du Plan de lutte à l'intimidation. C'est un début, mais ce n'est pas assez», concluait Mme Dupré.
À lire également:
- Violence et démissions: un dur constat pour le personnel de soutien scolaire
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.