Deux enseignantes du secondaire ont témoigné plus tôt ce matin
«Le gouvernement doit comprendre l’importance de l’enseignement et faire de nos conditions de travail une priorité», Martine Lacoursière
C’est à l’occasion de l’activité de visibilité de la Fédération autonome de l’enseignement tenue ce mercredi 29 novembre sur le campus de la Cité-des-Jeunes que deux enseignantes ont livré des témoignages éloquents sur leur situation quotidienne.
Martine Lacoursière enseigne à l’école secondaire de la Cité-des-Jeunes depuis 1989. Elle est presque retraitée, mais elle tenait quand même à s’adresser à ses collègues.
« Notre tâche n’a cessé de s’alourdir depuis mon entrée en poste. De négociation en négociation, le gouvernement nous a fait vivre le supplice de la goutte en nous en demandant toujours plus. De nos côtés, on s’adaptait aux demandes pendant que notre pouvoir d’achat diminuait drastiquement. L’an passé, j’ai été la mentore d’une jeune femme qui, pleine d’espoir, arrivait sur le marché du travail comme future enseignante de français. Auparavant, elle avait travaillé en comptabilité dans une entreprise privée. Après un mois et demi, elle avait quitté en disant:c’est épouvantable de faire tout ce qu’on fait pour un aussi petit salaire», a-t-elle rapporté.
Par la suite, elle a fait référence aux années 1960, 1970 et 1970 au cours desquelles son père était enseignant. « Son pouvoir d’achat était de loin supérieur au nôtre. Ses conditions de travail étaient aussi meilleures que celles que nous avons aujourd’hui. Sa tache complète à l’époque était de 24 heures. Sur ce nombre, il enseignait 20 heures par semaine. On est loin de notre réalité. Il faut continuer notre combat pour démontrer au gouvernement que la machine est brisée et qu’il est plus que temps que les choses changent», a-t-elle ajouté.
Mme Lacoursière a terminé son discours sur une note positive. « Il est important de continuer à se battre si on veut que les meilleurs candidats se joignent à la profession et y reste. Le gouvernement doit comprendre l’importance de l’enseignement et faire de nos conditions de travail une priorité», concluait-elle avant de céder le micro à une jeune collègue.
Faire le trottoir trois ans après son entrée en poste
De son côté Florence Berthelot, enseignante en insertion professionnelle à l’école secondaire du Chêne-Bleu de Pincourt, souhaitait elle aussi partager son expérience avec ses collègues.
Elle est en poste depuis septembre dernier, mais elle est devenue officiellement enseignante depuis trois ans. « Je ne pensais pas devoir faire le trottoir aussi rapidement après mon embauche. Cependant, je le fais avec une pancarte syndicale à la main. Depuis mon entrée en poste, je constate le manque de reconnaissance de nos dirigeants. Comme disait le rappeur Eminem, bientôt le seul repas que je pourrai me payer est le spaghetti de ma mère» lançait d’entrée de jeu.
Elle s’est attristée de constater « qu’on vaut moins que des prestations versées à des joueurs de hockey. Comme le disait Nelson Mandela, l’éducation est l’arme la plus puissante que l’on possède. C’est une arme de destruction massive contre la pauvreté et l’ignorance de mon point de vue. Le gouvernement nous demande de faire preuve d’une flexibilité sans pareille à moins de s’appeler Cam Talbot et d’être le gardien de but des Kings de Los Angeles», poursuivait-elle.
En terminant, elle a rappelé que les enseignants ont su s’adapter lors de la pandémie en offrant l’enseignement en ligne. « Nous avons prouvé que nous avons pu faire de la planification malléable selon les conditions des élèves qui composent nos classes. On ne veut pas avoir à mettre notre brevet d’enseignement en berne», imageait-elle.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.