Centre d’études collégiales sur le territoire de Vaudreuil-Dorion
La Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec demande un moratoire
Si plusieurs personnes et organisations se réjouissent de l’annonce, de la possible création centre d’études collégiales sur le territoire de Vaudreuil-Dorion, la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), ne voit pas la nouvelle d’un bon oeil.
En effet, une lettre ouverte signée par le vice-président et responsable du regroupement cégep de la FNEEQ-CSN, M. Yves de Repentigny, dénonce l’absence de vision et de planification entourant la démultiplication de centres d’études collégiales.
« À la FNEEQ-CSN, nous nous inquiétons des répercussions que pourrait avoir le projet de centre d’études collégiales à Vaudreuil-Dorion. Ce projet, porté par les cégeps John Abbott, Valleyfield et Gérald-Godin, ne repose sur aucune évaluation sérieuse : il s’appuie entre autres sur un simple sondage d’intérêt, et semble surtout correspondre à une volonté de s’approprier un territoire dans une course des établissements pour accaparer des « parts du marché » collégial. Il y a donc lieu de se questionner sur la rigueur de la démarche, qui relègue à l’arrière-plan la notion de projet éducatif sensé et réfléchi », déplore le vice-président et enseignant au Cégep du Vieux-Montréal.
Rappelons qu’en entrevue avec Néomédia, Jonathan Gagné, conseiller en communication au Cégep Gérald-Godin soulignait « Nous avons fait affaire avec une firme qui nous a présenté des projections pour les années à venir et ça nous a permis de conclure que le besoin en matière de formation collégiale, dans Vaudreuil-Soulanges, et spécialement dans Vaudreuil-Dorion, est bel et bien présent. On estime que d’ici 2026 que le nombre de jeunes de 15 à 19 ans augmentera d’un peu plus de 17%. Avec l’arrivée en 2026 de l’hôpital et par conséquent la création de nouveaux emplois, on peut supposer que des familles viendront s’établir dans la région. »
Faciliter l’accessibilité
Selon Anne-Marie Lefebvre, directrice des affaires corporatives, du développement institutionnel et des communications au Collège de Valleyfield, de plus en plus d’étudiants se tournent vers les centres d’études.
« On remarque depuis quelques années que le facteur de proximité est très important pour les étudiants. Ils souhaitent pouvoir concilier le travail et les études et parfois même la parentalité et les études. C’est d’ailleurs l’un des commentaires que nous recevons le plus souvent depuis l’implantation de notre centre d’études à Saint-Constant. Les gens sont heureux de pouvoir profiter d’installation et de services de qualité près de chez eux. Nombreux sont ceux qui ne veulent pas nécessairement être dans un gros établissement.»
Pour la FNEEQ-CSN, l’accessibilité ne devrait pas servir d’excuse. « L’accessibilité ne peut servir de prétexte dans le cas de Vaudreuil-Dorion, alors qu’elle se révèle un facteur clé dans le cas de centres d’études comme ceux de Chibougamau ou de Mont-Laurier. Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a refusé, en 2014, un tel projet dans la région. Selon le MESS, Vaudreuil-Soulanges était, déjà à l’époque, bien desservie en matière d’établissements collégiaux. Pour 2021, le MEES projette un effectif étudiant semblable à celui de 2014. Comment conclure autrement qu’en affirmant que la région est toujours bien desservie ? », questionne Yves de Repentigny.
Toujours selon le vice-président, « L’ouverture du centre d’études collégiales à Vaudreuil-Dorion ne servira qu’à déplacer un effectif étudiant qui dispose déjà d’un choix intéressant d’établissements. C’est pourquoi nous croyons, à la FNEEQ-CSN, que le projet devrait être mis en veilleuse en attendant d’en démontrer la pertinence à long terme. »
Qualité des services en jeu ?
La FNEEQ-CSN, craint qu’un centre d’études collégiales nuise aux conditions d’enseignements et d’apprentissage, plus particulièrement sur la qualité des services aux étudiants, sur l’environnement d’apprentissage et sur les conditions de travail des différentes catégories de personnel.
« Un établissement d’enseignement doit offrir un véritable milieu de vie et il revient au MEES d’y veiller. Dans les centres d’études collégiales, la vie étudiante est quasi inexistante. », de dire Yves de Repentigny.
Or, le conseiller en communication au Cégep Gérald-Godin, Jonathan Gagné, se veut rassurant à ce niveau. « Il est important de mentionner que pour nous, il est primordial que les étudiants du centre d’études ne soient pas pénalisés en matière de services. Nous souhaitons donc offrir les mêmes services pédagogiques que sur nos campus respectifs », ajoute Jonathan Gagné.
« Nous demandons la mise en place d’un comité national tripartite »
Selon Yves de Repentigny, la mise en place d’un comité national tripartite formé de la FNEEQ-CSN, de la Fédération des cégeps et du MEES s’impose.
« Le MEES a la responsabilité sociale, politique et économique de s’opposer à tout développement qui nuirait à la cohérence du réseau collégial. Aussi, nous demandons la mise en place d’un comité national tripartite qui conviendrait de balises nationales pour l’ouverture d’un centre d’études collégiales et qui analyserait tout projet de cette nature avant de recommander ou non sa poursuite. En attendant de disposer de ces balises, un moratoire sur les autorisations d’ouverture de nouveaux centres d’études collégiales ou de points de service permettrait de maintenir la cohérence du réseau collégial », conclut le vice-président.
Les instances concernées dans le dossier sont toujours dans l’attente d’une réponse du ministère de l’Éducation. Une demande auprès du gouvernement provincial a été déposée conjointement par les cégeps John-Abbott, Gérald-Godin et Valleyfield. Les principaux intervenants espèrent accueillir une première cohorte, à Vaudreuil-Dorion, en septembre 2021.
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