Par: Julie Bellefeuille, archiviste/directrice du Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges
Connaissez-vous… Pierre Patry, l’homme de culture
Pierre sait aussi écouter ! Vers 1970. Extrait d’un livret.
L’événement Plein feux : la vache vêlant sur la scène devant la foule ébahie.
Pierre Patry en action au Centre culturel de la Cité-des-Jeunes. Vers 1970. Extrait d’un livret.
Notes prises par Pierre Patry pour son rapport sur le projet de la Place du citoyen à Hull. Vers 1973.
Extrait de procès-verbal mentionnant l’embauche de Pierre Patry comme directeur à la Cité-des-Jeunes. 1967.
Rapport préliminaire, projet de Centre culurel-hôtel de ville, nommé « Place du citoyen » à Hull. 1973.
Préparation de programmation : liste d’activités présentées au Centre culturel de Vaudreuil.
« Pierre Patry, animateur captivant » dans le journal Progrès, p.43, 23 novembre 1969.
Dans les précédents textes parus en 2024, nous vous faisions connaître Pierre Patry, l’homme de radio, de théâtre et de cinéma. On se souvient que, né en 1933 et décédé en 2014, ce personnage phénoménal a mené plusieurs carrières dans sa vie, souvent deux ou plus de front.
Depuis tout jeune, il s’intéresse au monde artistique et culturel. Aussi, après ses études, il se lance dans le monde du théâtre et de la radio. Il a par la suite œuvré dans le monde du cinéma. Pierre Patry a travaillé pour l’ONF et dans sa propre compagnie, Coopératio. À son actif, plus de 52 films.
Après la fermeture de son entreprise de production de films, Coopératio, en 1972, Pierre Patry ne se sent pas vaincu. Pourquoi ne pas vivre autre chose ? En effet, les années 1970 marqueront pour lui un virage vers le monde culturel. Un virage déjà entamé depuis près de trois ans.
La Cité-des-Jeunes à Vaudreuil-Dorion, l’un des premiers campus au Québec au niveau de l’éducation secondaire création de l’ancien ministre de l’Éducation Paul Gérin-Lajoie, comprenait divers secteurs d’activités et plusieurs bâtiments dont le centre culturel. Pierre Patry en fut l’un des premiers animateurs et directeurs.
De 1967 à 1973, il a animé plusieurs événements et mené maintes activités, et ce, dans toutes les disciplines possibles : artistiques, physiques, intellectuelles et sociales comme il aime à le dire lui-même. Par son travail de directeur, il a permis à l’organisation qu’est la Cité-des-jeunes, milieu d’éducation, de développer son offre culturelle en activités et spectacles autant pour la clientèle scolaire que pour le public en général.
Son expérience en radio, théâtre et cinéma lui a servi assurément lui permettant de diriger, analyser et commenter les actions lors de présentation de films et spectacles. Il mentionne à cet effet, « considérant que les moyens audio-visuels servent la communication simultanément dans des secteurs essentiels, […], il nous est apparu que le jour où l’on arriverait à créer un moyen de communication par le son et par l’image en un seul appareillage léger, souple et flexible, on réaliserait une économie au sens plein du mot qui ferait la richesse de tous ceux qui l’utiliseraient autant que celui qui en serait le créateur. » (Mémo sur l’audio-visuel, 1968, p.2).
Son emploi de directeur à la Cité-des-Jeunes débordera du monde scolaire. Il travaillera autant pour les étudiants que pour la population de la jeune ville qui se développe. Il faut mentionner qu’à cette époque, à Vaudreuil (ville non fusionnée encore à Dorion), le Centre culturel sert les étudiants, mais catalyse surtout la vie culturelle de la localité qui se développe fortement.
La vie urbaine y est fortement entremêlée. Il sera donc, seul ou en comité, derrière un large spectre d’activités, dont entre autres, la mise en place d’un comptoir du livre québécois disponible à la bibliothèque municipale située alors au Centre culturel de la Cité-des-jeunes, la célébration du bicentenaire de Vaudreuil en 1973, selon lui accueillie avec enthousiasme par toute la population, programmation de cinéma, production d’un journal pour le Centre culturel et production d’ateliers de théâtre.
Plusieurs spectacles sont alors montés et présentés. Rappelons-nous simplement des pièces suivantes Le tabernacle à trois étages et Skidibi Youppi.
La série « le temps qui vient… » a présenté en 1974, des d’activités. En février, le temps de vivre, en avril le temps de l’envol consacré au voyage et aux rêves, en mai le temps du sol célébrant la terre, les fleurs par le festival de musique.
Pour lui, ces activités puisaient à une source commune : « la volonté que le Centre culturel soit un lieu où chacun y trouve les moyens de se retrouver selon un idéal et ses aptitudes » (Pierre Patry, programmation 1974, p.3).
Les spectacles suivants ont été présentés à Vaudreuil-Dorion devant une salle comble au « Grand théâtre » connu aujourd’hui sous le nom de Théâtre Paul-Émile Meloche : La Sagouine, Sol de Marc Favreau, Bonne fête Papa de Jacqueline Barette, Le Goglu de Jean Barbeau, André Gagnon et ses musiciens et enfin, Les Séguin, Marie-Claire et Richard.
Vous souvenez-vous des événements « Pleins Feux » ? Sur la scène du Centre culturel, des présentations, parfois particulières et sortant de l’ordinaire, faisaient la joie des spectateurs. Comme cette fois où parlant agriculture, une vache amenée au théâtre pour l’occasion a vêlé sur la scène. Un participant a adopté le veau.
Musique avec matinées, concrets et cours-ateliers pour développer la connaissance et le goût de la musique, atelier théâtre, cours de poterie avec Bernard Poirier pour un moment, cours d’émail sur cuivre, création de bijoux et de murales sont offerts aux adultes les soirs et les fins de semaine.
Les enfants et adolescents ne sont pas oubliés avec une offre d’activités réalisées pour eux : jardins d’enfants (ancêtres des prématernelles), arts plastiques, montage de pièces de théâtre, jeux de marionnettes et clubs de toutes sortes. Pierre Patry voyait à ce que toute la population ait accès à l’art et au culturel.
Fort de son expérience acquise à Vaudreuil-Dorion et lors de stages de perfectionnement, il s’impliquera dans maints projets à travers le Québec et à l’international. Il animera pour transmettre sa passion et ses connaissances.
En 1974, il sera consultant afin de planifier le projet de construction du centre culturel de la ville de Hull (fusionnée à Gatineau en 2002) nommé Place du Citoyen intégré dans l’hôtel de ville. Cet ensemble existe toujours et est connu comme étant la Maison du citoyen de Gatineau. Il programmera également le « Festival Réflexion », l’événement Plein Soleil Québec, un festival d’été multidisciplinaire.
En tant que professionnel du milieu culturel, il sera impliqué, en 1971-1972, dans une étude sur les orientations de la politique culturelle du Québec pour le ministère des Affaires culturelles. Son talent pour l’animation le mènera partout. Il sera notamment un animateur régulier auprès de la Fédération des Centres culturels du Québec, animateur lors de colloques dont celui des animateurs socio-culturels de CEGEP.
En lien avec ce dernier milieu et de manière toute naturelle, Pierre Patry mettra le pied dans le milieu de l’éducation en devenant enseignant en technique de loisir, au cours des années 1971-1973 à l'Université de Montréal et au Cégep du Vieux-Montréal.
C’est ce nouvel aspect de sa fructueuse carrière que nous aborderons dans le dernier volet Connaissez-vous Pierre Patry, l’homme de l’éducation et des communications. Pour lui, tout tournait autour de la communication, qu’elle soit artistique, culturelle ou éducative. À suivre dans une prochaine parution !
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