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Par le Centre d'archives de Vaudreuil-Soulanges

Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne de Longueuil – Monongahéla, 9 juillet 1755

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20 juillet 2025
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Par Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges

Il y a 270 ans, le 9 juillet 1755, se déroula près de Pittsburg la bataille dite de la Monongahéla mettant aux prises un corps d’armée britannique commandé par le général Edward Braddock et un contingent militaire de la Nouvelle-France composé de 216 soldats des troupes régulières, 146 miliciens canadiens et 637 Amérindiens de diverses nations, sous le commandement de Daniel-Hyacinthe-Marie de Beaujeu.

Le conflit anglo-français dans cette région prit véritablement naissance en 1752 sous l’administration du gouverneur général Ange Duquesne de Menneville pour ne s’achever qu’en 1758 avec l’abandon et la destruction du fort Duquesne situé au confluent des rivières Monongahéla (Mal-engueulée) et Alleghany, au point où elles forment la rivière Oyo (Ohio).

Pour souligner cet anniversaire, suivons le jeune Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne de Longueuil au cours des campagnes militaires auxquelles il participa en 1754 et 1755.

Un cadet de Soulanges

Joseph-Dominique-Emmanuel – Joseph par la suite – est né au manoir de la seigneurie de Soulanges le 2 avril 1738. Il est le fils de Paul-Joseph Le Moyne de Longueuil et Geneviève de Joybert de Soulanges, les seigneur et seigneuresse de Soulanges, Nouvelle-Longueuil et L’Orignal. Le père de Joseph est issu d’une famille de militaires qui avait tissé des liens très amicaux avec les nations amérindiennes.

Il portait d’ailleurs le surnom de Tatakouiseré. Commandant à Détroit depuis 1743, il est nommé major de Québec en 1748, puis lieutenant de roi le 1er mai 1749. Ses fonctions dans l’organisation militaire et son fonctionnement lui permettent de faire des propositions quant à la nomination et la promotion d’officiers, dont celle de son fils. Il est possible que Joseph, avant 1749, se soit rendu à Détroit auprès de son père et qu’il ait ensuite fréquenté les Hurons de Lorette (Wendake) près de Québec.

Le 1er octobre 1749, alors qu’il n’est âgé que de 11 ans et demi, son père demande pour lui une place d’enseigne en second dans les troupes de la Marine. Il invoque le fait que depuis son enfance son fils a été attaché de près au service militaire et le juge apte à remplir une fonction d’officier mineur.

Le 14 juin 1750, Antoine Rouillé, comte de Jouy, secrétaire du conseil de Marine, répond à Paul-Joseph que son fils ne peut être fait officier que sur la proposition du gouverneur général, en l’occurrence Jacques-Pierre de Taffanel de La Jonquière. Ce dernier n’est cependant pas favorable à la nomination de Joseph à titre d’enseigne en second ; le 1er octobre 1750, il le nomme cadet soldat.

Le père de Joseph a probablement écrit de nouveau au ministre de la Marine tard à l’automne de 1750 pour renouveler sa demande d’un poste d’enseigne pour son fils. L’année suivante, le premier avril 1751, c’est le roi Louis XV lui-même qui choisit Joseph pour servir en qualité d’enseigne en second dans une compagnie d’infanterie de Nouvelle-France et qui demande au gouverneur La Jonquière de le faire reconnaître en la qualité d’enseigne en second.

Le gouverneur prend connaissance de cette nomination le 6 juin et répond au ministre de la Marine le 2 novembre qu’il ne s’attendait pas à recevoir des lettres d’enseigne pour le fils Longueuil, lequel, écrit-il, étudie le latin chez les récollets et qui, à son avis, est hors d’état de faire aucun service. On ne connaît pas les affectations de l’enseigne Longueuil au sein des troupes jusqu’à la campagne de 1754.

La campagne de 1754

Le 27 janvier 1754, le gouverneur général Duquesne ordonne à Claude-Pierre Pécaudy de Contrecœur d’occuper la vallée de l’Ohio. Le 16 avril suivant, à la tête de forces importantes, Contrecœur s’empare d’un fort que les Anglais étaient en train de construire à l’embouchure de la rivière Monongahéla. De nouveaux affrontements vont s’ensuivre.

Le 17 mai 1754, Duquesne étant à Montréal ordonne à l’enseigne Joseph Le Moyne de Longueuil   de partir de Lachine avec les Hurons de Lorette à qui il confie la conduite pour se rendre le plus rapidement possible au fort Niagara, et de là à Chatacoin (lac Chatauqua, New-York), puis au fort Duquesne où de nouveaux ordres l’attendront.

Il lui impose de passer par le nord du lac Ontario afin d’éviter toute tentative des Hurons de vouloir s’arrêter à Chouaguen (Oswego, New-York). Pendant ce temps, le 28 mai, Joseph Coulon de Jumonville est tué lors d’une expédition commandée par George Washington, le futur premier président des États-Unis d’Amérique.

Le 14 juin suivant, le capitaine Louis Coulon de Villiers, le frère de Jumonville, à la tête des Népissingues et des Algonquins, arrive à Chatacoin ainsi que le jeune Joseph Le Moyne de Longueuil qui repart pour le fort Duquesne le 17 avec ses alliés Hurons.

Selon son journal, Coulon de Villiers arrive le 26 juin au fort Duquesne vers huit heures du matin, ce qui signifie que l’enseigne Joseph y arriverait vers la même heure. Villiers apprend qu’un détachement de près de 30 Canadiens avait été attiré dans une embuscade par des miliciens de Virginie dirigé par Washington et que son frère avait été assassiné.

Pécaudy de Contrecœur, le commandant du fort Duquesne, nomme Villiers à la tête d’une troupe constituée de 600 Canadiens, dont le jeune Joseph de Longueuil avec ses Hurons de Lorette. Le 28 juin, la troupe quitte le fort Duquesne et pendant les quatre jours suivants, sous la pluie, elle se rapproche des retranchements de l’ennemi.

Le 3 juillet, toujours sous la pluie, Joseph est à la tête des Hurons lors de la prise du fort Necessity (près de Farmington, Pennsylvanie). Il sort indemne de son baptême de feu après la capitulation du détachement de George Washington. Les vainqueurs sont de retour au fort Duquesne le 7 juillet.

Le 20 juillet 1754, le commandant Contrecœur lui ordonne de partir du fort Duquesne et de se rendre au fort La Presqu’île (près Érié, Pennsylvanie) avec ses compagnons Hurons sous les ordres de Coulon de Villiers et où il recevra de nouveaux ordres du capitaine Michel-Jean-Hugues Péan, lequel dernier y est arrivé le 14 juillet. Joseph est reparti de là le 21 ou le 22 juillet et est probablement de retour à Québec à la fin du mois d’août.

Le 10 octobre 1754, le gouverneur général Duquesne envoie au ministre de la Marine la liste des d'officiers à remplacer dans les troupes du Canada, il demande à ce que Joseph remplace François Piercot de Bailleul à titre d’enseigne en pied. 

La campagne de 1755

La campagne de 1755 s’amorce en avril 1755. Daniel-Hyacinthe-Marie de Beaujeu est choisi par le gouverneur Duquesne pour conduire des troupes au fort Duquesne et pour y remplacer Pécaudy de Contrecœur à titre de commandant. Le gros des troupes est rassemblé à Lachine vers le 20 avril.

Daniel-Hyacinthe-Marie est le frère de Louis, l’époux de Geneviève Le Moyne de Longueuil, la sœur de Joseph, lequel était présent à Québec en février 1753 à la signature de leur contrat de mariage et à la cérémonie religieuse de leur mariage. Il signe Longueuil fils.

Le 15 mars auparavant, Joseph, qui aura 17 ans le 2 avril suivant, avait été nommé enseigne en pied par le roi Louis XV. Cette nomination ne fut sans doute connue en Nouvelle-France qu’en juin ou juillet. 

Le 27 avril 1755, Jacques-Michel Bréard, conseiller du Roi et commissaire de la Marine et délégué de l’intendant, donne un permis à Joseph, enseigne commandant des Hurons en route pour le fort Duquesne, ordonnant aux capitaines et autres officiers de milice depuis Québec jusqu’à Montréal de lui fournir le logement chez les habitants et le bois de chauffage pour faire la chaudière (la soupe).

Le 15 mai 1755, Joseph reçoit l’ordre du gouverneur Duquesne, qui parle de lui comme d’un enseigne en second, de conduire les Hurons de Lorette à la Belle Rivière (Ohio) sous les ordres de Jacques François Le Gardeur de Croisille de Courtemanche afin d’y rejoindre le capitaine de Beaujeu. Le 11 juin, il est au fort Niagara. Le Gardeur de Courtemanche et probablement Joseph et les Hurons de Lorette quittent ce fort le 15 juin. 

Le 3 juillet, il arrive en mauvaise santé au fort de la rivière au Bœuf (French River, près de Waterford, Pennsylvanie). Il passe ensuite par le fort Machaud (Franklin, Pennsylvanie).

Le 9 juillet 1755, Joseph participe avec son détachement à la victoire de la bataille de la Monongahéla sous les ordres du capitaine D.-H.-M. Liénard de Beaujeu, lequel est tué dès le début de la bataille. C’est le capitaine Daniel Dumas qui prend la relève avec une maîtrise remarquable. Les pertes sont énormes du côté anglais en hommes et en matériel ; le général Braddock, blessé, meurt le 13 juillet suivant.

Les pertes canadiennes s’élèvent à 23 morts et 16 blessés. Selon une lettre du commandant Contecœur du 14 juillet, le lieutenant Courtemanche coucha sur les lieux de la bataille ; Joseph, sain et sauf, fit probablement de même.

Le 27 juillet 1755, Pécaudy de Contrecœur ordonne à Joseph de partir avec ses compagnons Hurons pour s’en retourner à Montreal et, pour le bien du service, de s’arrêter à Niagara pour prendre les ordres du capitaine Coulon de Villiers dans le cas qu’il ait besoin de lui et des Hurons. Le 2 août, Joseph est de retour au fort de la rivière au Bœuf.

On perd les traces de son voyage de retour vers Montréal et Québec ; il a peut-être fait un arrêt au coteau des Cèdres et au manoir de la seigneurie de Soulanges.

Conclusion

Pour conclure sur ces deux campagnes militaires soulignons que Joseph-Dominique-Emmanuel Le Moyne de Longueuil n’avait que 16 ans en 1754 lors de la prise du fort Necessity et 17 ans l’année suivante à la bataille de la Monongahéla. Sa carrière d’officier n’est pas terminée pour autant puisqu’il participe aux campagnes de 1756 à 1760.

Le 28 avril 1760, il est blessé à la cuisse à la bataille de Sainte-Foy. En novembre 1760, il quitte la Nouvelle-France avec son père Paul-Joseph. Il séjourne à Paris, rue Vivienne, et s’occupe de son grand-oncle et fondateur de la Nouvelle-Orléans, Jean-Baptiste Le Moyne de Longueuil, duquel il hérita en partie après son décès à Paris le 7 mars 1767.

Joseph revient au pays ’à l’automne de 1767. Après le décès de sa mère et l’abandon des biens familiaux par son père, le patrimoine est partagé entre lui et sa sœur Geneviève en 1769. Il devient alors seigneur de Soulanges, Nouvelle-Longueuil et L’Orignal.

Auteur : Jean-Luc Brazeau, bénévole
 

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