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Lawrence Alexander Wilson

L’homme qui donne à son prochain et pourfend les profiteurs du système financier…

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3 mars 2024
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Par Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges

« …j’estime que l ’homme qui donne avec l’espérance d'en retirer quelque profit ne donne rien. Je sais d’ailleurs que vous n’applaudissez pas Lawrence Wilson, et qu’en somme vous vous fichez de lui comme de votre dernière chemise, mais vous saluez celui qui peut répandre de la joie et du soleil sur la vie de vos familles, qui cherche à rendre votre existence plus gaie. Vous ne me devez rien pour ce que j’ai fait, car si je le fais, c’est parce que j’en suis heureux. Je retire de ce que je donne un vif plaisir, celui de vous voir heureux et contents, et c’est tout ce que j’ambitionne. » (Le devoir, 29 juillet 1929, page 1.) 

Voici comment Lawrence A. Wilson décrivait sa vision de la philanthropie.

Il y a 90 ans, le 3 mars 1934, s’éteignait à sa résidence montréalaise le sénateur Lawrence Alexander Wilson. Bien que ne semblant pas particulièrement porté sur la pratique religieuse durant sa vie, ses  funérailles ont été célébrées à l’église Notre-Dame de Montréal en présence d’un très grand nombre de prêtres et de religieux provenant notamment du diocèse de Valleyfield. M. le chanoine Noé Rémillard, curé des Cèdres, a chanté le service, assisté du R.P. Alphonse Gauthier, C.S.V., supérieur du Collège Bourget, et de M. l'abbé Herménégilde Julien, V.F., supérieur du Séminaire de Valleyfield. Mgr Joseph Alfred Langlois, évêque de Valleyfield, a présidé l’absout. Dans les différents articles traitant du sujet, on souligne une très grande assistance représentant toutes les couches de la société; ces gens qui étaient importants pour lui et qu’il a aidé. Une fois les célébrations religieuses complétées, un train transporta la dépouille qui fut inhumée dans le cimetière catholique de Coteau-du-Lac. Signe de l’espace public qu’il occupe, il est possible de retrouver plusieurs articles et des éloges funéraires dans la presque totalité des journaux importants du Québec.

Mais revenons un peu en arrière et découvrons certaines facettes de sa vie, de sa carrière et de ses actions de philanthropie. Monsieur Wilson est né à Montréal le 14 juin 1863, fils de Christine Sicard de Carufel et d’Alexander Adam Wilson. Sa famille appartient à la bourgeoisie et demeure dans le Mile Carré doré signe d’une certaine aisance financière. Son père a un commerce d’importation et de quincaillerie. Il est le 2e d’une fratrie de quatre (4) enfants. Bien que né à Montréal, il est issu d’une ligné où ses ancêtres étaient établies à Coteau-du-Lac depuis 1803 et son père y conservera toujours une propriété tout en s’impliquant dans les affaires municipales.

Selon sa biographie, il a une formation académique restreinte et se lance très tôt sur le marché du travail. Se formant au rouage des affaires dans différents commerces, dont celui de son père où il est employé. Les contacts de son père semblent aussi avoir joué un rôle dans le développement de ses connaissances. À 26 ans, en 1889, il fonde sa compagnie, la Lawrence A. Wilson & co probablement inspiré par ses années de travail chez Pagnuelo Frères, de Saint-Hyacinthe, importateur en gros qui se spécialisait en importation de vin et spiritueux. Rapidement cette compagnie d’importation et d’agence canadienne pour des compagnies de vin et de spiritueux prend une part de marché enviable et est qualifiée de plus gros importateur du Canada. Il est possible de retrouver des annonces dans la plupart des journaux concernant la gamme des différents produits vendus. On souligne la qualité et l’excellence des vins et des alcools offerts. On remarque aussi que monsieur Wilson organisait annuellement des croisières privées très courues pour faire découvrir ses produits et faire la promotion de son commerce. L’adoption de la Loi sur les boissons alcooliques en 1921 et la création de la Commission des liqueurs entraine la fin de sa compagnie et sa liquidation. C’est cette liquidation qui lui apportera une très grande aisance financière.

Maintenant âgé de 58 ans, cette retraite du monde des affaires marque un basculement vers sa « 2e carrière » liée au monde de la politique active et de la philanthropie. C’est aussi à ce moment qu’il transfère sa résidence permanente à Coteau-du-Lac en conservant un pied à terre à Montréal. Dans ces deux facettes, il semble poursuivre un même but à savoir le bien commun et le soulagement de la misère humaine.

Philanthropie

Dans la région, M. Wilson est surtout reconnu comme un philanthrope d’exception. Il est intéressant de noter qu’il souligne qu’il est du devoir de ceux qui ont réussi monétairement de redonner à la communauté. Dans cet optique, il le fait allégrement, mais selon certains principes. Il ne donnait pas à des individus, mais pour le bien des communautés et il souhaite que son don serve au plus grand nombre. Certains thèmes semblent retenir son intérêt tels que l’éducation, la santé et les arts comme la musique et le théâtre. À titre de ses interventions, soulignons simplement ses contributions aux Collèges de Valleyfield et de Rigaud, à différentes universités et hôpitaux. Il est important de mentionner les nombreuses contributions qu’il réalise pour le Village de Coteau-du-Lac. Il est interpellé à toutes les sauces et il contribue pour l’embellissement et le développement de son village. Pensons notamment au don d’une partie de son terrain où sera aménagé un parc et où seront construits une académie et un pavillon. Dans un soucis d’équité, il souhaitait intervenir dans l’ensemble des municipalités de Vaudreuil- Soulanges pour leur léguer un lieu dédié à la population que ce soit un pavillon ou un parc.

Carrière en politique

Bien qu’il ne semble pas apprécié particulièrement ce domaine, il est encouragé par ses collègues et amis. Il est d’abord élu comme député libéral de la circonscription Vaudreuil-Soulanges en 1925. Il sera reconduit à l’élection de 1926, mais il démissionnera au tout début de l’année 1929. Les raisons précises liées à cette démission ne sont pas connues. Certaines personnes soulignent des questions liées à la santé ou à des enjeux idéologiques. Mais coup de théâtre, il se représente à sa propre succession et remporte l’élection complémentaire. À la lecture de certains discours, on remarque l’importance de préserver son honneur, rétablir les faits et conserver une voix forte pour Vaudreuil-Soulanges. Il ne se représente pas à l’élection de 1930. Durant ses différents mandats, il s’intéresse particulièrement au volet de la fiscalité et de l’impôt pour s’assurer que les compagnies et les grandes fortunes contribuent au pays en payant leur juste part.

À la suite de son choix de ne pas se représenter à l’élection de 1930, sa candidature est proposée par le premier ministre Lyon Mackenzie King et il est nommé sénateur pour la division de Rigaud par le gouverneur général le 3 juin 1930. Il occupera ce poste jusqu’à son décès. Durant ces années, son cheval de bataille principal sera, encore une fois, de réformer les lois pour que tout le monde paye sa juste part d’impôt.

Conscient que cet article est court pour comprendre toutes les nuances du personnage et exposer l’ensemble de sa vie, les lecteurs qui souhaiteraient en apprendre davantage sont invités à consulter les archives et lire le livre Les Wilson de Coteau-Luc d’Hector Besner. Pour les plus aventureux, il est aussi possible de consulter les différents articles qui le concernent ou qui ont été écrits sur lui tout au long de sa vie. En terminant, il est important de souligner que les sujets qui lui tenaient à cœur et étaient défendus par le sénateur sont toujours d’actualité dans notre société…

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