Entrevue avec la directrice générale de Développement Vaudreuil-Soulanges
«Il faut garder la tête froide malgré tout et ne pas paniquer», Joanne Brunet
De prime abord, lors de l'entrée en vigueur des tarifs douaniers imposés par les États-Unis sur les produits provenant du Canada, la directrice générale de Développement Vaudreuil-Soulanges (DEV), Joanne Brunet, avoue avoir eu pas mal la même réaction que tout le monde. Elle ne comprend pas pourquoi le président Donald Trump tenait à faire du Canada, l'ami et allié de son pays, un adversaire économique.
« Malheureusement, nous n'avons pas demandé l'imposition de ces tarifs. On n'a pas le choix de les accepter et de vivre avec. Ce que j'ai apprécié ce mardi lors de l'entrée en vigueur des tarifs, c'est que les paliers fédéraux et provinciaux étaient prêts à répliquer en imposant à leur tour des mesures sur le champ. Ils avaient réfléchi à la question. J'ai aussi apprécié les efforts convaincants qu'ils ont fait, dans les derniers mois pour tenter de convaincre le gouvernement américain de ne pas imposer ces tarif», indique-t-elle d'entrée de jeu.
Plus d'une centaine d'entreprises d'ici touchées
Depuis lundi, les équipes de DEV sont mobilisées afin d'épauler les entrepreneurs de Vaudreuil-Soulanges touchés par cette nouvelle mesure. « Dans la région, selon notre dernier dénombrement, 150 entreprises sont impactées par cette décision du gouvernement américain. C'est-à-dire qu'elles sont concernées parce qu'elles exportent des produits chez nos voisins du Sud. Certaines d'entres elles sont aussi des importatrices. Pour un tiers d'entre elle environ, les préoccupations sont plus grandes. Des entreprises du secteur manufacturier ont mis la possibilité de devoir mettre à pied des employés si elles y sont contraintes. Pour le moment, à ma connaissance, personne n'a perdu son emploi, mais on est au 2e jour de la crise», image-t-elle.
Si on s'intéresse au portrait de la situation, les entreprises qui subissent les tarifs douaniers imposés par les États-Unis oeuvrent dans les secteurs manufacturiers ou encore dans ceux de la logistique, du commerce de gros et même dans l'agroalimentaire et le volet agricole. « Les programmes annoncés par le gouvernement du Québec sont aussi valides pour les entreprises agricoles il faut le préciser.»
Quel avenir pour les succursales d'entreprises américaines établies ici?
Dans certains cas, des entreprises établies ici ont des filiales aux États-Unis et se retrouvent dans l'incertitude face à leur avenir. « Seront-elles relocalisées? Notre équipe assure une vigie auprès de ces entreprises et tente de les informer sur les orientations à prendre ou les ressources vers lesquelles se diriger. On est une courroie de transmission vers d'autres instances comme Investissement Québec ou le palier fédéral», ajoute-t-elle.
Selon elle, la situation actuelle aura d'abord des impacts à court-terme sur les entreprises ciblées. Par la suite, si la situation perdure, les sous-traitants de ces entreprises devraient commencer à en ressentir les impacts. « Il faut garder la tête froide malgré tout et ne pas paniquer. Notre priorité est de bien répondre aux besoins des entrepreneurs touchés. Contrairement à la pandémie, ce ne sont pas toutes les entreprises qui sont impactées cette fois-ci, c'est une partie et elles ne le sont pas toute de la même manière. Il faut travailler à différents niveaux. Les programmes FRONTIÈRE et ESSOR s'adressent aux entreprises qui sont dans la première ligne des tarifs douaniers », illustre-t-elle.
En terminant, Mme Brunet invite les citoyens à continuer de poursuivre leurs habitudes d'achat local et de soutien aux entreprises de la région. « Il y a un beau mouvement qui s'est mis en place depuis les dernières semaines. J'invite les gens à continuer de le faire.»
Les entreprises qui souhaitent obtenir de l'aide pour remplir des formulaires de demande d'aide financière dans le cadre des programmes FRONTIÈRE et Essor ou qui souhaitent faire part de leur situation actuelle peuvent contacter l'équipe de DEV au (450) 424-2262.
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