Dans les derniers jours, Développement Vaudreuil-Soulanges (DEV) a lancé un sondage visant à évaluer les conséquences financières de la congestion des autoroutes 20 et 40 sur les commerces et industries de la région. Néomédia a pu s'entretenir avec Joanne Brunet, directrice générale de l'organisme, pour en apprendre plus sur cette démarche. 

Une récente étude réalisée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton, sur mandat de DEV, estime les pertes économiques engendrées par cette situation à au moins 1,1 milliard de dollars. C'est surtout dans le secteur de la restauration que les impacts financiers se feraient principalement sentir selon Mme. Brunet.

« Depuis plus de 60 ans, on attend avec impatience le parachèvement de l’autoroute 20, ce lien commercial autoroutier d’une grande importance pour tout le Québec. On ne cesse de le répéter, c’est plus de 75 % de tous les échanges commerciaux avec l’Ontario, donc des milliers de camions, qui passent par nos ponts chaque jour. Ce n’est pas que de la circulation locale! Plusieurs marchandises transitent par notre région pour se rendre à leur destination finale qui peut être le West Island, Laval ou Montréal. Il n'y a pas d'autres solutions que de passer par chez nous. On vit actuellement les conséquences de choix politiques du passé parce que nous n'aurions pas cette conversation si le tronçon de 7 km non achevé avait été fait dans le passé», précise Mme Brunet. 

Pour les intervenants impliqués dans le dossier: la démonstration n’est plus à faire : le segment de sept kilomètres non achevé a un impact significatif sur la fluidité de la mobilité, affectant péniblement le réseau local et régional. De plus, les activités commerciales de la grande région de Montréalsont grandement perturbées, davantage depuis les entraves et les épisodes de fermeture du pont de l’Île-aux-Tourtes.

En réponse à ces préoccupations majeures, l’ensemble des élus de la MRC de Vaudreuil-Soulanges a récemment adopté un mémoire intitulé « Parachèvement de l’autoroute 20 : une vision structurante pour la mobilité dans l’ouest du Québec », mettant en lumière les conséquences de la situation actuelle sur les plans sécuritaire, économique, social et environnemental.

« On lance ce sondage pour avoir des données à fournir au Ministère des Transports et de la Mobilité durable dans le dossier du parachèvement de l'autoroute 20. On ne comprend pas pourquoi ça n'a pas déjà été fait: les terrains où se situe le tronçon inachevé appartiennent tous, ou presque, au MTMD. On ne peut pas y accéder ou y circuler pour le moment, cela signifie que les travaux pourraient se faire très rapidement. Il n'y a pas d'expropriation à faire. Il n'y a qu'un seul secteur problématique et c'est celui de l'école située derrière la boulangerie Première Moisson. Il est question que l'école soit relocalisée éventuellement», explique-t-elle. 

Pour l'intervenante, le parachèvement de l'autoroute 20 pourrait être une solution pour désengorger la circulation, mais aussi pour les Villes qui aimeraient densifier davantage leurs territoires.

« En ce moment, les Villes de l'île-Perrot, de Pincourt et de Vaudreuil-Dorion hésitent à requalifier certains secteurs de leurs territoires puisque ce ne serait pas des milieux de vie attractifs. Ce n'est pas intéressant d'habiter dans un secteur où on retrouve pas de pistes cyclables, de parcs ou d'espaces verts en raison de la présence d'un lien autoroutier majeur dans le secteur. Un des beaux exemples de ça est le Faubourg de l'Île. On parle de le requalifier depuis quelques temps, mais ce ne serait pas attrayant de le faire en ce moment avec l'autoroute 20 qui passe si près. On retrouve sur cette artère routière, des gens qui y circulent en voiture, à pied, en triporteur et à vélo. Si le tronçon non achevé de l'autoroute 20 est finalement terminé, les commerces de ce secteur pourraient, par exemple, aménager des terrasses ou autres lieux publics qui dynamiseraient le secteur. Au moins 3 000 unités de logement supplémentaires pourraient être construites dans ce secteur qui ne peut être développé pour le moment. Sans parler des autres impacts dont on parle moins comme ceux environnementaux causer par la circulation à l'arrêt», avance-t-elle. 

Elle ne blâme pas le MTMD pour autant. « On est conscients que des efforts sont faits pour offrir la gratuité des transports en commun en ces temps de crise. On apprécie ce qui est fait pour alléger la situation, mais il faut en faire plus.» 

Sondage à plus de 2 500 commerces et industries

« Après plusieurs mois d’entraves sur le pont de l’Île-aux-Tourtes, nous croyons que les propriétaires et gestionnaires d’entreprises sont en mesure d’évaluer les contrecoups de cette situation. Ainsi, nous pourrons en documenter formellement les impacts dans leur organisation. Selon nos informations, les impacts de la circulation se sont fait sentir dès novembre dernier alors que des commerces ont été contraints de fermer leurs portes et que les restaurants subissaient plusieurs annulations de réservation de dernière minute. Toutefois, la situation se serait résorbée dans les derniers mois bien que plusieurs employés ne veulent plus composer avec le trafic quotidien pour se rendre au boulot. Beaucoup ont informé leur employeur qu'il se cherchait autre chose parce qu'ils sont tannés que ça leur prenne 45 minutes ou une heure pour se rendre au bureau.»

Commandé à la firme Léger, le sondage contenant une vingtaine de questions, porte sur les impacts des problèmes de mobilité, soit l’achalandage, la rentabilité, les ressources humaines, la logistique l’approvisionnement et la livraison. Il permettra d’obtenir un portrait de la nouvelle réalité des entreprises.

« On a ciblé des entreprises de Coteau-du-Lac et de Saint-Zotique aussi parce qu'on veut savoir si les commerces situés là-bas connaissent une hausse d'achalandage depuis les mois en raison de la situation sur le pont de l'Île-aux-Tourtes. À partir des résultats, on pourra mettre en place des initiatives pour soutenir les commerçants touchés. D'ici là, on invite les gens à continuer de supporter les commerçants locaux en ces temps difficiles pour éviter de voir des entreprises fermer leurs portes. Personnellement, je suis prête à faire 5 ou 10 minutes de plus pour aller chercher mon huile d'olive et m'assurer que mon fournisseur demeure en affaires. S'il ferme ses portes, on sera tous pénalisés, car il faudra aller ailleurs. » 

Parmi les initiatives mises en place dans le passé par DEV et la Chambre de commerce et d'industrie de Vaudreuil-Soulanges (CCIVS) on peut nommer la carte Hello qui incite à l'achat local dans 120 commerces de la région. 

Même si le sondage a été lancé cette semaine, le taux de réponse obtenu jusqu'à présent est d'au moins 10%, soit le seuil minimal pour que la Firme Léger Marketing considère l'exercice comme valide. 

Si vous êtes une entreprise de Vaudreuil-Soulanges, que vous n’avez pas reçu de communication de Léger et que vous souhaitez remplir le sondage, écrivez-nous à l’adresse [email protected] pour obtenir un lien vers celui-ci.

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