Plus de 200 jours fermés
Les restaurateurs d’ici impatients d’ouvrir leurs terrasses
Duke and Devine. De gauche à droite: George Wilson (chef cuisinier), Christian Leduc (propriétaire) et Claudia Bissonnette (gérante).
Éric Blais, propriétaire du Patate et Persil, en train de construire un kiosque en vue de l'été.
Au début de la pandémie, on comptait les jours de fermeture au Duke and Devine.
Cela fait maintenant 225 jours que les salles à manger sont fermées en zone rouge. Les journées ensoleillées des derniers jours n’ont donc pas passé inaperçus pour les restaurateurs qui mordent d’envie de rouvrir leurs terrasses.
« C’était difficile les week-ends qui ont fait beau dernièrement. Les gens sortent avec leur commande et demandent pour aller sur la terrasse. Je me sens mal de dire non », témoigne Éric Blais, propriétaire du Patate et Persil à Vaudreuil-Dorion. « C’est le point central de notre commerce. De croiser les clients en train de manger et qui sont heureux, c’est ça notre salaire de propriétaire de restaurant », ajoute-t-il.
Même son de cloche pour Christian Leduc, propriétaire du pub irlandais Duke and Devine, qui souhaite de tout coeur rouvrir prochainement. « Les restaurants, ce n’est pas juste pour manger, c’est pour socialiser aussi », soutient-il.
Ce lien avec la communauté, M. Leduc l’a ressenti tout au long de la pandémie. « On va y arriver. On a hâte et on ne se plaint pas parce que toute la population est dans le même bateau. Je suis touché par le support qu’on a dans la région de nos clients », confie-t-il.
Les mots d’encouragements abondent chez les deux restaurateurs. Les gens optent aussi davantage pour les commandes à emporter. « Tout le monde est conscient maintenant que les plateformes de livraison sont gourmandes sur les profits. Les gens vont de plus en plus de l'avant pour venir chercher leurs commandes », explique Éric Blais.
Les applications comme UberEats ou Doordash peuvent prendre jusqu’à 30% du montant de la facture. Il ne reste donc pratiquement plus rien aux restaurateurs.
Les préparations
Christian Leduc et Éric Blais préparent déjà chacun de leur côté leur terrasse en vue de l’été même si aucune annonce n’a été faite. Le gouvernement est effectivement resté imprévisible dans la dernière année pour les restaurateurs. « Comme à l’habitude, on risque de le savoir trois jours avant », affirme M. Leduc.
Cette situation demeure tout de même préférable à une fermeture avec des frigos pleins d’aliments périssables selon lui. M. Leduc, comme bien d’autres, avait également investi des milliers de dollars en plexiglas pour poursuivre les activités. « Je m’en suis servi un jour », déplore-t-il.
Le nombre de cas à la baisse dans le dernier mois pourrait permettre une réouverture selon plusieurs. « Avec les mesures sanitaires en place, il aurait eu moyen de faire quelque chose, de très limité, mais de façon sécuritaire. On est prêt », ajoute-t-il.
En attendant une annonce, M. Leduc procède donc au grand nettoyage de sa terrasse. Le défi sera en revanche d’embaucher du personnel. Le recrutement a été mis en branle, mais il y a très peu d'applications pour l’instant. « Plusieurs ont quitté le domaine », précise-t-il.
Pour ce qui est des préparatifs, Éric Blais réalise de son côté le réaménagement d’une partie de sa terrasse. Il y construit de ses propres mains un kiosque d’inspiration caribéenne où un barbecue et un frigo seront installés.
Enrichir l’expérience de restauration
Avec cet abri, M. Blais espère développer des soirées thématiques avec des chefs invités. « Patate et Persil a toujours tourné autour des voyages et de la cuisine de rue. J’adore être inspiré de la cuisine du monde. On va essayer de faire voyager les gens en restant dans le coin », souhaite-t-il.
Ce dernier y voit par exemple un vendredi reggae avec des plats des Antilles. Il aimerait aussi inviter des groupes musicaux en lien avec la thématique. Parmi les mille et une idées de M. Blais, il y a également l’aménagement d’un petit quai pour les kayakistes.
Au Duke and Devine, on souhaite continuer d’encourager l’achat local. C’est lors du premier confinement, en avril 2020, que M. Leduc a lancé le projet de paniers comportant des produits de ses fournisseurs locaux, comme des légumes, des viandes et des bières. Des mets préparés et des sauces originales se sont par la suite ajoutés au lot.
Ces paniers ont donc été créés dans le but de soutenir les producteurs d’ici, tout en donnant accès à la population à des aliments de qualité de restaurant. « Nos clients nous demandaient déjà avant la pandémie s’ils pouvaient avoir certains produits, raconte-t-il. Ça permet aux clients de profiter de mon pouvoir d’achat aussi. »
M. Leduc prévoit poursuivre le projet, et ce même après la pandémie. « La restauration va falloir qu’elle se réinvente. Ça ne sera jamais tout à fait comme avant. Ça va donc rester », souligne-t-il. Celui-ci travaille d’ailleurs sur un tout nouveau site web afin de faciliter les commandes de paniers et les transactions.
Besoin de rouvrir
Après 225 jours fermés, les restaurants en ont pris pour leur rhume. Plus de 10 000 établissements ont cadenassé leurs portes pour de bon depuis le début de la pandémie au Canada. « On limite les pertes. Les coûts fixes sont trop élevés pour les revenus présentement », déplore M. Leduc.
Les deux restaurateurs de la région s’estiment malgré tout chanceux. Les aides gouvernementales leur ont permis de continuer leurs activités, mais c’est surtout grâce à l’élan de soutien de la communauté. La notoriété joue aussi pour beaucoup selon M. Blais qui reconnaît les difficultés pour ceux qui tentent d’en ouvrir un actuellement.
Outre les restaurateurs, c’est un besoin ressenti par une frange de la population. Les gens souhaitent sortir de leur routine quotidienne selon M. Leduc. D’autres ont également le goût de retourner à leur travail.
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