Amateurs de fraises avertis
Un pas de plus vers l’autonomie alimentaire pour une entreprise de la région
Même si déjà enclenché, les annonces de Québec en novembre dernier sont venues faciliter les projets d’expansion et de modernisation du secteur agricole, dont celui de l’entreprise familiale de Vaudreuil-Dorion, Les Serres Vaudreuil, qui accroît sa superficie en serre de 30% pour produire des fraises d’hiver.
Avec la pandémie de COVID-19 qui a durement frappé les entreprises québécoises et le commerce mondial, promouvoir les produits québécois fait désormais partie du mot d’ordre du gouvernement du Québec. Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation a donc lancé en fin d’année 2020 plusieurs mesures de soutien aux agriculteurs, dont un investissement de 157 M$.
L’entreprise basée à Vaudreuil depuis 38 ans profite ainsi de cette vague de popularité des biens locaux pour augmenter leur capacité et peaufiner leurs installations. Avec une superficie de 65 000 pieds carrés en serre à l’heure actuelle, ce n’est pas moins de 18 000 autres qui viendront s’ajouter d’ici l’été 2021. Le coulage du béton a débuté cette semaine.
Produisant déjà des concombres, des piments, des tomates et de la laitue à longueur d’année, les nouvelles serres se consacreront aux fraises et permettront d’accroître les stocks de laitue. Elles exploiteront une technologie aux LED qui prend la chaleur générée des lumières pour les fraises pour la renvoyer vers la laitue.
Alors qu’une ferme à Brossard se sert de cette technologie verte depuis deux ans, l’entreprise d’ici aura des installations 12 fois plus grandes selon l’un des cinq propriétaires des Serres Vaudreuil, André St-Denis. « On va être la première de grosseur commerciale », proclame-t-il.
Popularité de l’achat local
Lors des dernières annonces, le ministre Lamontagne avait lancé un défi à la population. Si tout le monde remplaçait chaque semaine 12$ du panier d’épicerie de marchandises de l’étranger par des produits québécois, en un an, c’est un milliard de dollars qui serait ajouté dans le portefeuille de la province.
Dans son point de vente, André St-Denis a observé depuis le début de la pandémie un changement dans le comportement d’achat des gens de la région : « Cette année les clients nous demandaient toujours d’où venaient les produits, plus que d’habitude. »
L’autonomie alimentaire
Le Québec, qui n’est qu’à 51% d’autosuffisance alimentaire, est encore loin de son compte. Toutefois, la production en serre pourrait être une solution. En effet, contrairement à d’autres pays, le Québec doit faire face à la saison hivernale. Dans cet élan, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a dévoilé en novembre sa Stratégie de croissance en serres 2020-2025.
En additionnant les sommes investies directement pour cette stratégie (91 M$) à celles réservées au programme d'extension du réseau électrique triphasé (21 M$), le gouvernement injecte plus de 112 M$ dans le domaine serricole. La baisse de la tarification électrique est à l’avantage des producteurs. M. St-Denis dénote une réduction de l’ordre de 50% pour son entreprise.
Selon les données du ministère, le secteur des fruits et légumes de serre a connu une croissance de près de 50 % en 9 ans avec 148 millions de dollars en 2019. Le volume de production a, pour sa part, augmenté de 67 % depuis 2010. Celui-ci souhaite donc redoubler une fois de plus ce volume de culture en serre, mais cette fois-ci, dans les cinq prochaines années.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.