Sensibiliser et prévenir l’intimidation chez les personnes aînées

L’intimidation se définit comme « tout comportement, parole, acte ou geste délibéré ou non, à caractère répétitif, exprimé directement ou indirectement y compris sur internet, dans un contexte caractérisé par l’inégalité des rapports de force entre les personnes concernées, ayant pour effet d’engendrer des sentiments de détresse et de léser, blesser ou opprimer ».¹

Il s’agit d’une problématique très importante qui affecte surtout les jeunes, mais qui est aussi présente.

L’intimidation se distingue du conflit et de la maltraitance. Un conflit entre deux personnes lorsqu’il y a présence d’une opposition de croyances, de valeurs ou d’opinions. Un conflit peut se transformer en intimidation lorsqu’une des parties devient une victime de l’autre.

Quant à la maltraitance, elle se produit « quand un geste singulier ou répétitif, ou une absence d’action appropriée, intentionnel ou non, se produit dans une relation où il devrait y avoir de la confiance, et que cela cause du tort ou de la détresse chez une personne aînée ou vulnérable².

L’intimidation peut être directe : la victime se trouve en présence de son intimidateur et a conscience d’être visée, ou indirecte lorsque les actions posées sont en l’absence ou à l’insu de la personne.

Les formes d’intimidation

Verbale ou écrite : insultes, menaces, moqueries, commentaires racistes, sexistes ou homophobes, infantilisation

Sociale : propager des rumeurs, exclure, isoler, dénigrer devant autrui

Physique : Faire trébucher, contraindre, frapper, utiliser des gestes obscènes

Matérielle : Détruire, vandaliser ou s’approprier le bien d’autrui

Cyberintimidation : Intimidation verbale/écrite, sociale ou matérielle commise dans le cyberespace (médias sociaux, messages textes, courriels, blogues, site Web, etc.)

Chaque personne peut être victime d’intimidation, mais plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque notamment les stéréotypes et les préjugés (âge, handicap, orientation sexuelle, caractéristiques physiques, origine ethnique, religion).

L’intimidation dans les milieux de vie collectifs ou les activités sociales

Devoir cohabiter ou partager des espaces communs peut être source de conflits qui peuvent dégénérer en intimidation. Pour prévenir et intervenir en présence d’intimidation chaque personne a sa part de responsabilité. C’est en travaillant ensemble que les aînés, les proches, les intervenants et les employés peuvent s’assurer que le code de vie soit connu et respecté.

Vous êtes victime d’intimidation

Il est avant tout essentiel de verbaliser votre inconfort et de souligner que la situation ou le comportement vous met en situation inconfortable et demander que ça cesse. Il arrive que la personne n’ait pas conscience que ses paroles ou ses gestes causent du tort. Par le fait même, éviter de faire escalader la situation, car l’intimidé peut devenir l’intimidateur. Si malgré votre intervention, l’intimidation se poursuit, ne restez pas seul.

Évitez de vous isoler et confiez-vous à une personne en qui vous avez confiance (ami, proche, intervenant, employé, gestionnaire). Il est aussi important de documenter les gestes d’intimidation dont vous êtes victime. Finalement, si pour quelconque raison vous craignez pour votre sécurité, n’hésitez pas à communiquer avec les services policiers. En effet, certains gestes d’intimidation contreviennent aux différentes lois et au Code criminel.

Vous êtes témoin d’intimidation

Être témoin d’intimidation peut être troublant, choquant et il arrive qu’on ne souhaite pas s’en mêler par peur d’être soi-même intimidé. Très souvent, il y a plus de témoins que de victimes ou d’intimidateur.

Évitez surtout d’entrer la dynamique d’intimidation. Plusieurs pistes s’offrent au témoin pour faire cesser ces comportements, il est d’ailleurs possible de s’allier avec d’autres témoins pour avoir plus de poids. En brisant le silence, cela permet à l’intimidateur de comprendre la portée de ses gestes, de ne pas laisser la victime seule dans sa situation ou d’obtenir de l’aide de l’extérieur.

Vous aidez une personne victime d’intimidation

Au sein d’un établissement, d’une organisation ou d’une activité, des règles claires devraient être mises en place pour encadrer les relations et favoriser la résolution de conflits. La bientraitance devrait être mise de l’avant tout en mettant en lumière les conséquences possibles des actes répréhensibles. Des activités de sensibilisation à l’intimidation et à la bientraitance peuvent être mises en place pour prévenir l’intimidation dans les milieux.

Lorsque vous accompagnez une personne victime d’intimidation, vous pouvez poser plusieurs petits gestes qui faciliteront le processus :

Adopter des gestes simples d’écoute comme : choisir un moment et un endroit calme, éviter d’interrompre la personne ou de lui dicter quoi faire, donner du temps à la personne pour clarifier ses pensées et ses émotions, etc.

Accompagner la personne si elle souhaite effectuer des démarches ou se rendre disponible pour le futur si elle n’est pas prête à porter plainte.

Éviter de confronter vous-même l’intimidateur.

S’assurer de la sécurité de la personne (police, aide juridique ou psychologique).

S’informer des recours et des ressources disponibles.

Vous intimidez une personne

Bien que l’intimidation soit extrêmement dommageable pour la personne qui la subit, plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi une personne en intimide une autre. Les deuils, les pertes, la perte d’estime et les différentes épreuves de la vie sont susceptibles de pousser une personne à réagir envers une autre.

Sans pour autant excuser le geste, le fait de reconnaitre que celui-ci est inapproprié est le premier pas pour corriger la situation et même pour regagner de l’estime et du pouvoir sur sa vie. Si telle est votre situation, ne restez pas seul, demandez de l’aide et du soutien. Sachez aussi que certains gestes d’intimidation peuvent avoir des conséquences légales graves.

Les informations présentées dans cette chronique proviennent du guide Prévenir et contrer l’intimidation même chez les personnes aînées! produit par l’AQDR (Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées)³.

Pour obtenir davantage d’information sur les séances de sensibilisation à l’intimidation et à la bientraitance, vous pouvez contacter le Grand Rassemblement des aînés de Vaudreuil et Soulanges. 450-424-0111 poste 223

(1) Ministère de la Famille (2021)

(2) INSPQ (2018)

(3) AQDR (2018) : AQDR_Guide-intimidation_web.pdf

Par Katrina Decelles Intervenante sociale au centre de références