Groupe de soldats canadiens durant la Deuxième Guerre Mondiale,
Joseph Olivain Gérald Dicaire, Aviation Royale Canadienne, Deuxième Guerre Mondiale,
Artilleurs canadiens pendant la Deuxième Guerre Mondiale,
Véhicule de transport de transport de troupe détruit quelque part en Europe,
Texte de gauche: Collection des Journaux, L’Interrogation, 14 septembre 1939, p. 1 Texte de droite: Collection des journaux, L’Interrogation, 23 août 1945.
Jour du Souvenir (Armistice)
Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges
Le jour du Souvenir, autrefois appelé jour de l’Armistice, est à nos portes. Nous connaissons tous généralement l’importance de cette commémoration, mais comment est-elle devenue un événement officiel et pourquoi ?
Avant la Première Guerre mondiale, les Canadiens prenaient part à des événements de commémoration, notamment pour la bataille de Paardebeg en Afrique du Sud, qui fut la première victoire majeure des Britanniques et des Canadiens durant la guerre des Boers. Ces événements étaient plutôt joyeux, on célébrait la victoire et les exploits des troupes.
La Première Guerre mondiale est venue totalement changer la perception que les Canadiens avaient de la guerre. Cette guerre, qui fut catastrophique et d’une intensité jamais vue auparavant dans l’histoire, a mis fin aux commémorations de type joyeuses.
Suite à cette guerre, les commémorations furent dès lors solennelles et plus sombres. Les Canadiens avaient maintenant le sentiment qu’ils avaient une dette envers le sacrifice de tous ces soldats (largement des jeunes). Cette dette sera payée par les générations actuelles et suivantes en se souvenant du sacrifice des vétérans.
Il faut comprendre que le Canada n’avait jamais connu de guerre aussi brutale auparavant. On estime qu’entre 61 000 et 68 000 Canadiens qui participèrent au conflit ne revinrent jamais à la maison. Une grande quantité de villages, villes et cités du Canada connurent donc des fils ayant fait l’ultime sacrifice de leur vie.
L’Armistice mettant fin à cette guerre sauvage eut lieu à Paris entre les puissances alliées et l’Allemagne, le 11 novembre 1918 à 5h du matin. L’Armistice prenait effet dès 11h ce même matin. La 11 e heure, du 11 e jour du 11 e mois mettait fin à quatre ans de massacres.
En avril 1921, un membre du Parlement canadien, Isaac Pedlow (Renfrew-Sud, Parti Libéral), introduisait une motion à la Chambre des communes pour que le jour de l’Armistice soit mis en place et commémoré le deuxième lundi du mois de novembre.
La même année, le 6 novembre 1921, le Roi Georges V lance un appel à tous les gouvernements du Commonwealth britannique demandant que l’Armistice mettant fin à la Première Guerre mondiale soit marqué par la suspension de toutes les activités et l’observation d’un deux minutes de silence à 11h AM le 11 novembre précisément. Pour le roi, ce silence absolu permettait à tous de se souvenir de nos glorieux morts.
Les premières commémorations officielles du jour de l’Armistice ont eu lieu le 11 novembre 1919 à travers le Canada. En ce premier jour de l’Armistice, tous les commerces et entreprises, les écoles, les bureaux et même le trafic cessa toutes activités à 11h pour observer les deux minutes de silence.
En mai 1921, le Parlement du Canada déclara que le jour de l’Armistice sera commémoré le deuxième lundi de la semaine du 11 novembre. Cela créa beaucoup de confusion et de peines, notamment pour les vétérans, car cette date tombait en même temps que l’Action de Grâce qui se voulait plutôt une fête joyeuse.
À l’époque, l’on fêtait l’Action de Grâce le lundi de la semaine du 11 novembre, ce n’est qu’en 1957 que le Parlement canadien décrète officiellement que l’Action de Grâce sera fêté le deuxième lundi du mois d’octobre. Par contre, dès 1931, les Canadiens se tourneront beaucoup vers le deuxième lundi du mois d’octobre.
Durant les années 1920, vu la confusion entre le jour du Souvenir et l’Action de grâce, il y eut très peu de démonstrations publiques pour le jour du Souvenir. Les vétérans et leurs familles se réunissaient dans les églises et dans les lieux de commémoration, mais très peu de citoyens canadiens y participaient. Les vétérans mirent de la pression pendant des années pour que le gouvernement canadien change la date pour le 11 novembre.
Cette confusion prendra fin le 18 mars 1931 lorsque A.W Neill (Comox-Alberni, Indépendant), membre du Parlement, introduisit une motion qui confirmait que seul le 11 novembre serait le jour d’observation de l’Armistice.
Le membre du Parlement C.W Dickie (Nanaimo, Conservateurs), la même année, en 1931, fit en sorte que le nom changea du jour de l’Armistice vers le jour du Souvenir pour mettre l’emphase sur tous les soldats ayant fait l’ultime sacrifice. Le Parlement adopta ses résolutions en faisant des amendements à l’acte du jour de l’Armistice. Le 11 novembre 1931 sera donc le premier jour du Souvenir.
C’est à partir de 1931 que cette commémoration prend vraiment son envol. Le public général canadien commence dès lors à participer en masse aux différents événements de commémoration organisés lors du 11 novembre et à afficher leurs coquelicots.
Le coquelicot est devenu un emblème de ces commémorations grâce au poème In Flanders Fields du soldat canadien de la Première Guerre mondiale, John McCrae. Ce type de fleur était répandu sur les champs de bataille de la Flandre belge et du Nord de la France.
La première personne à avoir utilisé le coquelicot comme signe de respect fut l’Américaine Moina Michael, professeure et humanitaire, qui a été inspirée par le poème de McCrae. À partir de 1918, Moina porta le coquelicot. Le premier jour du coquelicot eut lieu le 11 novembre 1921 au Canada et, à partir de 1922, les vétérans du Canada le distribuaient. La Légion royale canadienne créée en 1925 gère depuis ce temps la campagne de distribution de coquelicots.
Le jour du Souvenir en vint avec les années à comprendre toutes les guerres auxquelles le Canada a participé. Autant la guerre des Boers, la Première Guerre mondiale, la Deuxième Guerre mondiale, la guerre de Corée, la guerre en Afghanistan ainsi que toutes les missions de paix. C’est 1.6 million de Canadiens qui ont servi dans les forces armées canadiennes depuis leur création et 118 000 d’entre eux ne rentrèrent jamais à la maison.
Malgré que le jour du Souvenir passe par des phases de déclin et de regain, il demeure absolument primordial de se souvenir des sacrifices qui ont été effectués pendant toutes ces affreuses guerres.
‘’Ils ne vieilliront pas comme nous qui sommes restés. L’âge ne les atteindra pas, ni le poids des années. A l’heure du crépuscule et à celle de l’aube, nous nous souviendrons d’eux’’. – Laurence Binyon, poète anglais.
Michaël Dicaire, archiviste et responsable des fonds et collections.