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Un Papa à fêter !

durée 08h00
16 juin 2024
duréeTemps de lecture 7 minutes
Par
Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges

Nous avons tous un père. Et aujourd’hui, 16 juin 2024, c’est leur journée officielle, du moins dans certains pays. Depuis fort longtemps, les mères sont fêtées. L’histoire de la fête des Pères est plus récente. Toutefois, en fouillant un peu, on se rend compte que cette journée hommage aux papas remonte plus loin dans le temps que l’on peut l’imaginer.

Diverses origines sont relevées par les auteurs. Pour plusieurs, il ne fait aucun doute que la fête des Pères est le pendant de la fête des Mères dont elle s’est inspirée. Du moins dans certains pays comme au Canada, en France et aux États-Unis.

La tradition de marquer le respect au père est bien antérieure au 20 e siècle, moment d’apparition de la fête que l’on connaît. D’où provient donc l’origine de cette célébration ? Et pourquoi sont-ils fêtés ?

Dans un premier temps, comment définit-on le terme père ? Le mot « père » est issu du latin « pater ». Il est défini comme l’homme ayant engendré. Quant au mot « papa », venant aussi du latin « papa », il veut dire, père nourricier.

Selon le Larousse, le mot est attesté par écrit en français en 1256, dans le langage des enfants, dont il deviendra la norme. Une subtile différence s’insinue alors entre les deux termes. Mais pour la majorité des gens, peu importe le terme utilisé, les pères ou les papas méritent d’avoir eux aussi une journée officielle.

Origines

Remontons le temps ! Au temps des Romains, les pères décédés étaient honorés en février par une cérémonie annuelle. Le père, à cette époque, avait droit de vie sur le nouveau-né. Il décidait si l’enfant était le sien en le prenant dans ses bras à sa naissance ou s’il le rejetait.

Dans ce dernier cas, le poupon était abandonné, donné, vendu ou tué. Des années plus tard, la religion et l’état s’en mêle afin de cesser cette coutume : le père n’a plus le droit de renier l’enfant et encore moins de le tuer.

Plusieurs sources mentionnent que la fête des Pères est à l’origine une fête chrétienne et que le culte rendu au père, le serait en hommage à Joseph, père putatif et nourricier de Jésus. À cet effet, Joseph est connu comme étant le saint patron des pères de famille.

Ce culte était pratiqué, dès le 5e siècle, dans certains monastères égyptiens. La date arrêtée : le 5 juillet. Date qui est toujours affichée au calendrier copte (aussi appelé calendrier alexandrin : calendrier liturgique de l'Église copte orthodoxe.)

Au Moyen Âge, en Europe, en l’an 800, les pères sont honorés le 19 mars, jour attribué à saint Joseph. Ce culte déclinera au fil des décennies. Toujours considérée comme une fête chrétienne, elle se développera aux 14 e et 15 e siècles principalement sous l’influence des Franciscains.

En 1479, le pape Sixte IV introduit la fête du 19 mars au Bréviaire romain (livre liturgique contenant l'ensemble des textes nécessaires pour prier la liturgie des Heures), mais elle demeure exceptionnelle et non populaire. Un décret du pape Grégoire XV datant de 1621 en fait une fête de précepte chômée pour l’Église universelle.

Par divers décrets, les papes changent la date de la fête religieuse. Au 19 e siècle, le pape Pie IX la fixe au 3 e dimanche après Pâques alors qu’en 1914, le pape Pie X la transfère à son tour au mercredi précédent Pâques. Cette date est toujours conservée aujourd’hui pour la Saint-Joseph.

Ce qu’on entend et lit le plus souvent, est le fait que cette fête, dans son état moderne et populaire, est d’origine américaine. Dès le début du 20 e siècle, après plusieurs tentatives et des messes demandées, on tente de souligner cet événement familial.

Mais c’est à Mme Sonora Smart Dodd, institutrice de Spokane dans l’état de Washington, qu’est attribué son origine. En 1910, pour d’autres en 1909, la dame aurait eu l’idée d’honorer son père, Henry Jackson Smart, un ancien combattant de la guerre de Sécession ayant élevé seul ses jeunes enfants après le décès de son épouse.

Le plus souvent, lorsque la mère décédait, les jeunes orphelins étaient pris en charge par une tante, la grand-mère ou, malheureusement dans certains cas, ils étaient éparpillés ou donnés en adoption et c’était l’éclatement de la famille. Son père ayant nagé à contre-courant contre les mouvements de son époque avait gardé ses enfants auprès de lui. Elle regrettait donc qu’il n’existe pas de journée dédiée aux pères afin de rendre hommage.

Ainsi après avoir entendu le sermon lors de la messe à la fête des Mères, elle a voulu instaurer la fête des Pères le 5 juin, date de l’anniversaire de son père. Mais le pasteur lui dit que, n’ayant pas le temps de préparer un sermon spécial pour cet événement, ils devaient choisir une autre date.

Ainsi fut décidé d’attendre le 3 e dimanche de juin pour célébrer religieusement et rendre hommage aux pères civilement. Cette décision fit boule de neige; la célébration annuelle fut organisée dans plusieurs villes américaines après 1910.

En 1916, l’idée d’une journée hommage est approuvée par le président américain, Woodrow Wilson. Quelques années plus tard, à son tour, le président Calvin Coolidge émet l’idée d’en faire une journée nationale reflétant la relation père-enfant. Dans les années 1930, Mme Smart Dodd participe à la commercialisation de la fête en proposant d’offrir des cadeaux.

Toutefois, ce n’est qu’en 1956 que le Congrès américain reconnaît la fête par résolution et dix ans plus tard, le président Lyndon Johnson signe la proclamation présidentielle désignant le 3 e dimanche de juin comme journée réservée à la fête des pères. La date officielle est dorénavant inscrite au calendrier.

Au Canada et au Québec, les pères sont également fêtés le 3 e dimanche de juin. Mais aucune coutume particulière n’y est attachée. Habituellement, on souligne l’événement par des rassemblements familiaux ou en offrant au paternel un cadeau acheté ou fabriqué par les enfants.

En France, une tout autre histoire est racontée. Certaines sources relatent que c’est en 1949 que jaillit l’idée de célébrer les pères. À ce moment, une compagnie de briquet, la Flaminaire, implante le concept en juin afin de faire augmenter ses ventes. Le mois de juin étant l’un des plus tranquilles de l’année. La compagnie offrait des promotions sur les briquets en mentionnant que cela ferait un cadeau idéal pour les pères.

La fête, en France, aurait été officialisée en 1952 par décret afin semble-t-il de rétablir un équilibre entre les pères et les mères, ces dernières profitant déjà d’une fête officielle. Certaines autres sources allèguent que la fête s’est officialisée en 1968. À cette période de grandes revendications sociales, les Français réclamaient l’égalité homme-femme et cela valait aussi pour les fêtes des Mères et Pères.

Quoiqu’il en soit, un peu partout dans le monde, les pères sont fêtés au courant de l’année. Dans plusieurs pays, la date arrêtée est en juin alors que dans d’autres, la date varie. Mentionnons qu’en Italie, en Espagne et au Portugal, les pères sont toujours honorés le 19 mars, première date officialisée, fête religieuse de la Saint-Joseph.

Objectifs de la fête

L’objectif de la fête est simple : honorer ces hommes et valoriser leur rôle au sein de la famille. Un rôle évolutif ! Qui a bien sûr changé au fil des années. La majorité de ces bons pères étaient autrefois des pourvoyeurs qui assuraient aux leurs de ne manquer de rien leur permettant ainsi de vivre une vie tranquille. Ils faisaient figure d’autorité.

D’années en années, leur rôle s’est ajusté à la modernité. Ils ont pris une place dans la vie de tous les jours et s’intéressaient de plus en plus à l’éducation des enfants. La fête mettait aussi en valeur la relation père/enfants. Le père partageant des moments privilégiés avec l’enfant tout en l’éduquant : bricolage, sports, loisirs avec papa !

Aujourd’hui, ils partagent la scène quotidienne sur des plans où ils étaient absents il n’y a pas si longtemps. Ils s’occupent du petit autant que la maman peut le faire : changer les couches, donner le bain, promener l’enfant, l’habiller, divertir l’enfant, l’accompagner dans les travaux scolaires et bien plus.

Une fête commerciale ?

Pour plusieurs personnes, les fêtes des Pères, tout comme celle des Mères, est un bon moment pour honorer le parent, valoriser son rôle dans la famille, de mettre en évidence les liens qui unissent les enfants au papa ou de lui dire qu’il est apprécié.

Depuis longtemps, une partie de la population rugit contre le fait que la journée célébrant les pères soit devenue plutôt commerciale alors que d’autres gens s’en formalisent peu mentionnant que c’est une occasion pour les commerçants de vendre ou de promouvoir certains articles dédiés aux hommes : pensons aux articles de pêche, de sport, aux outils, aux accessoires de voitures ou aux chandails et cravates.

Bien sûr ces objets permettront aux enfants de passer du temps avec leur pères an s’adonnant à l’une ou l’autre des activités. Toutefois, les cadeaux sont souvent hors de prix pour les petits qui doivent demander à maman de participer.

Depuis longtemps, cette facette de la fête est présente. Il est normal de montrer son appréciation par l’offrande. En plus des cadeaux, on tente au cours du 20 e siècle, et particulièrement à partir des années 1970, d’intégrer des activités ludiques afin de rendre hommage publiquement aux pères.

C’est ainsi que l’on voit apparaître divers articles dans les journaux et dans les revues. Les portraits de pères méritants et courageux sont mis de l’avant. On peut lire aussi des chroniques sur des sujets tournant autour de la paternité. Encore mieux, plusieurs journaux lancent des concours pour mettre en vedette les pères. L’un d’eux était « le papa de l’année ».

Toutefois, tous ces activités liées à la journée de la fête des Pères sont plus présentes dans les journaux de grand tirage. Les journaux locaux donnent peu dans ce style d’articles et concours. Apparaissent surtout, dans nos hebdos régionaux, quelques textes hommages, mais surtout des annonces publicitaires de commerces offrant des rabais pour des articles plausibles de plaire aux papas.

Pour terminer, l’important est que chacun y trouve son compte, religieusement, civilement ou commercialement et que chacun vive à sa façon la relation père-enfant. Il ne nous reste qu’une chose à dire : Bonne fête des Pères à tous les papas !!

Auteure : Julie Bellefeuille, archiviste/Directrice, Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges