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Le pont Mgr Langlois souffle ses 70 chandelles !!

durée 08h00
29 septembre 2024
duréeTemps de lecture 240 minutes
Par
Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges

Le 26 septembre 1954 a lieu, avec faste, la bénédiction solennelle et l’inauguration officielle du pont Mgr Langlois. D’une longueur d’environ 2,2 kilomètres, il est, en fait, un ensemble de 4 ponts traversant les îles Liénard et d’Aloigny pour faire le lien entre la Grande-île dans le comté de Beauharnois et la ville de Coteau-du-Lac dans le comté de Soulanges.

Lors de son inauguration, il s’agit du 5e lien autoroutier à traverser le fleuve Saint-Laurent et l’aboutissement de près de 60 ans de demandes. Nécessitant des travaux d’envergure pour l’époque, la construction a duré trois ans et a couté 8 750 000 $. Même s’il s’agit de l’inauguration officielle, le pont est ouvert à la circulation depuis le 10 septembre afin de faciliter les déplacements pour différents événements.

Dans les semaines précédant l’événement, deux comités sont mis en place pour préparer les célébrations. Plusieurs annonces et articles paraissent dans les journaux pour informer la population des préparatifs liés aux festivités dans les deux comtés.

Le maire de Salaberry-de-Valleyfield, Louis Quévillon, fait un appel dans les journaux pour souligner l’implication de la Ville qui décore les différentes artères afin de donner à la ville un air de fête.

Les trois conseils de comtés ainsi que les municipalités de Valleyfield et Coteau-Landing votent des octrois pour défrayer les coûts de décoration et de réception. On invite les citoyens à décorer maisons et commerces. Il est même possible de se procurer des affiches de Maurice Duplessis gratuitement.

À l’approche de l’événement, on veut s’assurer la présence d’une foule considérable pour souligner cet avancement pour la région. Les députés de Soulanges et de Beauharnois invitent personnellement les citoyens de leur comté à participer aux célébrations en grand nombre. On dévoile l’horaire détaillé de la journée qui comprend, en plus des traditionnelles activités protocolaires, diverses activités citoyennes et rencontres civiques.

On souligne notamment une parade circulant sur le boulevard du Havre, les rues Alexandre, Dufferin, Chaussé et Jacques-Cartier pour se terminer par un ralliement au parc Sauvé. On annonce des feux d’artifices lancés à partir de barges dans la baie St-François.

À Coteau-Landing, on souligne un concert de fanfare, un feu d’artifice et une soirée récréative. Il est intéressant de mentionner que plusieurs commerces et compagnies des deux comtés achètent de la publicité pour transmettre leurs félicitations pour la concrétisation de ce projet qui, selon eux, apportera le progrès et la prospérité. Ils en profitent pour inviter les citoyens du comté voisin à venir les visiter.

Devant l’importance de l’événement, il y a une couverture médiatique considérable et les différents segments de la cérémonie sont même retransmis en direct à la radio. On retrouve un nombre important de photographes et même la télévision filme certaines interventions.

Un premier événement a lieu chez le notaire Joseph-Édouard Jeannotte, député de Vaudreuil-Soulanges, à Coteau-Landing. Dans le cadre d’un vin d’honneur, il reçoit la délégation de ministres, de conseillers législatif et de fonctionnaires.

Par la suite, vers 13h, une première cérémonie se déroule du côté de Vaudreuil- Soulanges. Elle débute par une première coupe de ruban en présence uniquement des représentants du contés de Vaudreuil-Soulanges. Puis les dignitaires se déplacent vers une estrade d’honneur pour la présentation des premiers discours. Roméo Lorrain, ministre des Travaux publics, Maurice Duplessis, premier ministre, J.-E. Jeannotte, député de Vaudreuil-Soulanges et le Dr Augustin Clément, maire de la municipalité de Les Cèdres et préfet du comté de Soulanges, prennent la parole. On en profite pour remettre au premier ministre une peinture représentant le village de Soulanges.

Par la suite, les délégations de politiciens ainsi que les foules des deux comtés se rendent sur le pont à la limite des comtés où il se rejoignent pour une 2 e cérémonie.

C’est à cet endroit, sur l’estrade pontificale, que Mgr Langlois bénie le pont. Par la suite, le premier ministre Maurice Duplessis procède au dévoilement d’une plaque apposée sur une colonne de ciment qui délimite les comtés de Vaudreuil-Soulanges et de Beauharnois, en retirant le drapeau fleurdelisé qui la couvrait.

Enfin, toute la délégation se dirige vers le compté de Beauharnois où Maurice Duplessis et le député Edgar Hébert coupent un dernier ruban marquant officiellement l’ouverture du pont Mgr Langlois. Considérant qu’il pleut abondamment, les participants se déplacent vers l’auditorium du Séminaire. C’est devant une foule tout de même considérable et compacte que se poursuivent les présentations. Le maire Louis Quevillon remet un plateau d’argent au premier ministre et un cabaret au député Hébert.

Ces deux présents sont gravés de l’image du pont Mgr Langlois. Lors des discours, on souligne la participation de dizaines de millier de personnes malgré les conditions climatiques difficiles. On met de l’avant l’importance d’avoir fait le lien entre les deux parties du diocèse de Valleyfield qui permet d’éviter de faire un détour de 60 milles (37,5 km).

Mgr Langlois rappel qu’enfin le rêve d’unité de Mgr Émard s’est réalisé et mentionne le lien consacré de l’union étroite entre l’Église et l’état. Ce lien se « concrétise » plus tard dans la journée lorsqu’il reçoit le premier ministre pour le souper privé à l’évêché.

Si les journaux locaux retiennent surtout l’inauguration du pont, les journaux nationaux eux font leurs grands titres avec la déclaration du premier ministre Duplessis, en réponse au premier ministre canadien Louis Saint-Laurent, que certains qualifient de « discours de Valleyfield ».

En effet, depuis quelques semaines, il s’agit d’une période orageuse pour les relations fédéral/provinciale liées au droit constitutionnel de la gestion des impôts. Maurice Duplessis souligne l’importance de l’autonomie fiscale de la province et met en place l’impôt provincial. Il souhaite une négociation d’égal à égal sur le partage des champs de compétences. Dans son discourt, il souligne que le Québec n’est pas une province comme les autres.

Enfin, ce nouveau lien marque la fin d’une autre histoire. En effet, elle sonne le glas du traversier Valleyfield/Coteau-du-Lac qui a œuvré au transport interrives pendant près de 40 ans.