1 Enfants et sapin de Noël. [195-?]. 2 Sapin de Noël. Janvier 1950. 3 Fillette et sapin de Noël . Janvier 1950.
Sapin de Noël au parc Sauvé de Salaberry-de-Valleyfield. 1938.
Un indispensable : le sapin de Noël
Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges
Il était courant de voir dans les campagnes, la veille ou quelques jours avant la journée de Noël, le père ou un de ses fils partir en raquette et marcher jusqu’au bout de sa terre pour aller couper un petit sapin qui ornerait la maison de la période de Noël jusqu’à la fête des Rois.
Cet arbre était décoré de rubans, de bonbons et de différentes décorations fabriquées à la main. Plus récemment, l’installation et la décoration de l’arbre marquent le début de la période des fêtes et de la curiosité des enfants pour deviner les surprises qu’ils recevront.
Mais d’où vient cette tradition ?
Malgré des origines très anciennes, cette tradition s’est implantée au Québec que relativement très récemment. Il est difficile de déterminer avec justesse l’origine de l’arbre de Noël. En effet, plusieurs régions nordiques de l’Europe se chamaillent la paternité de cette tradition.
Par contre, il est certain qu’il y aurait des liens avec d’anciennes fêtes païennes liées au solstice d’hiver. Dans la culture celtique, les arbres occupaient une grande importance concernant différents symboles associés aux événements de la vie. Une essence d’arbre était attribuée chaque mois lunaire.
Mais pourquoi utiliser un conifère? À l’époque de l’année où la période d’ensoleillement journalière est la plus courte, il était important de souligner la vie et le fait de vaincre la noirceur qui représentait la mort. Pour cela, il était logique d’utiliser un arbre qui ne perde pas ses feuilles et qui garde sa verdure toute l’année.
La tradition telle qu’on la connait aujourd’hui, au Québec, aurait des liens avec l’Alsace et l’Allemagne. Dans ces régions, les sapins étaient d’abord érigés au centre des villages. Par la suite, les villageois ont transposé cette coutume dans leur maison à l’aide d’une branche puis ensuite de petits arbres placés sur une table qu’ils décorent et illuminent de bougies.
Bien que la première mention d’un arbre de Noël illuminé par des bougies au Québec soit attribuée à Friederike Charlotte Louise Von Massow à Sorel le 25 décembre 1781, cette tradition ne semble pas s’être encrée en sol québécois avant quelques années. Il est important de souligner que Madame Massow, épouse du général allemand Von Riedesel, souhaitait souligner la fin de leur captivité par une tradition de noël de son pays d’origine.
Pour voir un élan de popularité, il faut attendre une autre personne d’origine allemande. C’est le Prince Albert, époux de la reine Victoria, qui instaure ou réinstaure cette tradition en 1841 au château de Windsor. Pour sa propagation, un reportage en 1848 dans le Illustrated London News avec une gravure, aurait partagé les détails de l’événement dans l’ensemble de l’empire et au-delà. Les bourgeois souhaitant copier leurs monarques ont repris la tradition. D’abord adoptée dans la classe plus aisée, la tradition s’est ensuite répandue dans l’ensemble de la population.
En ce qui concerne la population francophone, à la fin de XIXe siècle, on retrouve dans les journaux des feuilletons et des contes racontant des histoires de Noël qui présentent des arbres de Noël. On souligne aussi des récits de voyage ou des événements d’autres pays qui
décrivent en détail cette tradition.
Dès le début du XXe siècle, il est possible de lire des articles qui donnent des conseils et des astuces pour la décoration des arbres de Noël. On souligne avec nostalgie l’importance de retrouver l’enfant en chacun de nous, et comment le symbole du sapin égaye cette démarche.
Par contre, on estime que seulement entre 20 et 40 % des familles installent un sapin dans les années 1920. C’est uniquement entre les deux guerres que s’est généralisée cette tradition dans toutes les familles québécoises.
Dès le début, les commerçants importent et proposent des décorations. Les premières décorations étaient importées d’Allemagne et fabriquées en verre.
Avec les guerres, les États- Unis deviennent aussi des producteurs. Rapidement la diversité des ornements grandit. Les catalogues de commande à distance proposent différents modèles. On développe des modèles moins fragiles et plus sophistiqués.
À cause des risques d’incendie, dès le début des années 1900, les compagnies d’assurance conseillent de ne plus utiliser de vraies bougies pour illuminer ces arbres naturels. Plusieurs pensent qu’il faut attendre les années 1960 pour voir l’arrivée des arbres artificiels, mais ça, c’est une histoire à suivre…
Apartés
Avant même que les sapins soient populaires au Québec, certaines personnes avaient trouvé le moyen de rentabiliser cette ressource. En effet, il est mentionné d’importantes cargaisons de sapins partant par train vers les États-Unis.
Rapidement certains intervenants s’inquiètent de la coupe des arbres au profit des Américains. Ils soulignent une mauvaise utilisation de la ressource pour des plaisirs éphémères qui serait plus utile aux papetières.
Dans une même optique de ressource naturelle, dès les premières années, on voit apparaitre dans les journaux des avis concernant la restriction de déplacer des sapins de Noël de certaines régions en lien avec les infestations d’insectes.
Auteur : équipe du Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges
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