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La maison Macdonell-Williamson

durée 08h00
6 août 2023
duréeTemps de lecture 5 minutes
Par
Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges

La maison Macdonell-Williamson, toute de pierres bâtie, est située en bordure de la rivière des Outaouais en Ontario, à quelques pas seulement de Pointe-Fortune dans le secteur nord-ouest de Vaudreuil-Soulanges (25, chemin des Outaouais, Pointe- Fortune).

Sa situation géographique fait en sorte que ce bâtiment est lié à l’histoire du développement du Québec. Le texte qui suit vous permettra de découvrir cet édifice patrimonial et son histoire.

Mais avant de vous laisser débuter sa lecture, vous nous permettrez de vous inviter à visiter le site web de ce lieu (mw-house.ca/fr/nouvelles-evenements/) sur lequel vous verrez les différentes activités qui auront lieu au cours du mois d’août.

Maintenant, laissez-vous raconter son histoire.

En juillet 1813, John Macdonell vient s’établir à Pointe-Fortune (Ontario) après avoir fait fortune dans la traite des fourrures au sein de la Compagnie du Nord-Ouest.

Cependant, ce n’est qu’en 1817 qu’il fait construire sa grande maison de pierre, d’architecture georgienne, surnommé « Poplar Villa ». Elle a été construite au bord de la rivière des Outaouais.

John Macdonell se lance dans l’agriculture et dans la vente de potasse. Parmi ses premières réalisations, on remarque la construction d’un canal rudimentaire avec écluse afin de permettre aux bateaux d’éviter les chutes d’eaux ainsi que l’érection d’un moulin à farine en pierre et d’un moulin à scie.

Il a également bâti un entrepôt au bord de la rivière, un peu à l’est de sa demeure où les bateaux pouvaient accoster et décharger leur cargo sur une plateforme.

Ce grand homme de plus de 6 pieds 3 pouces (1,83 m) a reçu plusieurs surnoms comme celui de « le Prêtre », car il était un fervent catholique et « le Colonel » à cause de son grade dans la milice de Prescott.

Il a aussi porté de nombreux chapeaux durant sa vie incluant celui d’officier de milice en 1812, homme d’affaires, expéditeur, premier juge, du district d’Ottawa en 1816, conjointement avec George Hamilton de Hawkesbury Mills. John Macdonell est demeuré en poste jusqu’en 1825.

Pendant trois ans, soit de 1817 à 1820, il représentait la circonscription de Prescott à la Chambre du Haut-Canada. Le 1er avril 1822, il a reçu le grade de colonel dans la milice de Prescott, a eu l’honneur de commander le premier régiment, et ce, jusqu’à sa résignation, le 11 juin 1840. George Hamilton était son lieutenant-colonel.

John Macdonell est né le 30 novembre 1769 à Knoydart, Inverness-shire, Île de Skye, en Écosse. Son père, surnommé « Spanish » John Macdonell est arrivé à Vallée Mohawk, dans l’état de New-York vers 1773 alors que John, fils, n’avait que quatre ans.

« Spanish » John s’établira à Williamstown, Ontario vers 1783, soit quelques années après la guerre d’Indépendance des Américains (1776).

Je dois aussi souligner que John Macdonell « le Prêtre » était aussi le frère de Miles Macdonell, le premier gouverneur d’Assiniboia, qui a été envoyé dans l’ouest canadien (Vallée de la Rivière Rouge) par Lord Selkirk en 1811 afin d’établir une colonie.

Miles Macdonell est décédé le 2 juin 1828, dans la maison de son frère, à Pointe-Fortune alors qu’il n’avait que 62 ans. Il a été inhumé dans l’ancien cimetière de Rigaud, situé jadis à côté de l’église Sainte-Madeleine de Rigaud.

Lorsque le cimetière a été déménagé en 1899, sur la côte de la rue St-Pierre/Des Érables, les ossements de Miles ont disparus. Je suis portée à croire que les restes de Miles ont trouvé domicile dans une fosse commune.

Jeune homme, John « Le Prêtre » est d’abord embauché comme commis dans la Compagnie du Nord-Ouest en 1793. Trois ans plus tard, il est devenu partenaire hivernant et en 1799, a été mis en charge du département du Haut de la Rivière Rouge, un travail qu’il occupa jusqu’en 1809.

De 1809 à 1811, il s’occupait du département d’Athabaska (Alberta).

Lorsqu’il était dans l’Ouest canadien, John Macdonell a pris sous son aile une jeune métisse de 11 ans, Magdeleine Poitras, de Qu’Appelle en Saskatchewan. Quelques années plus tard, il va l’épouser « à la mode du pays ».

Contrairement à bien des voyageurs qui travaillaient dans la traite des fourrures, John Macdonell a ramené dans l’Est son épouse lorsqu’il a pris sa retraite. Magdeleine Poitras lui a donné 12 enfants dont quelques-uns sont nés à Pointe-Fortune et inhumés dans l’ancien cimetière de Rigaud, là où l’on retrouve aujourd’hui la Salle Paul Brasseur, rue St-Jean-Baptiste Est, à Rigaud.

Six enfants se sont rendus à l’âge adulte. Parmi les six qui ont survécu, John est décédé des séquelles de la rage, Godefroi, un navigateur était marié quand il est décédé dans la trentaine et Fingal s’est noyé à Alfred, Ontario.

Les survivants s’appelaient Madeleine, Ursule et John Beverly Palafox. John Macdonell est décédé le 17 avril 1850 et il a été inhumé dans l’ancien cimetière de St-André d’Argenteuil, maintenant un terrain privé. Sa stèle se retrouve aujourd’hui sur le terrain de la maison Macdonell-Williamson.

À son décès, la maison a été cédée à son fils, John Beverly Palafox Macdonell. En 1882, elle devient la propriété de la famille de William Williamson, dont la famille habitait Pointe-Fortune depuis déjà plusieurs années. Aujourd’hui, la magnifique résidence porte le nom « Macdonell-Williamson » en l’honneur des deux familles propriétaires.

À la fin des années 1950, début des années 1960, pour répondre à une demande grandissante en électricité, on doit exproprier des maisons dans l’Est ontarien pour faire place à la construction du barrage de Carillon. La maison Macdonell-Williamson est directement concernée. On doit la démolir en 1961.

Pour effectuer la démolition des maisons, on a percé une grosse pierre reliée à une grue par un câble d’acier. Ce qui s’est passé par la suite a changé l’histoire de la maison Macdonell-Williamson à tout jamais !

Les ouvriers étaient rendus à démolir la maison voisine de la maison Macdonell-Williamson lorsque le câble s’est brisé envoyant la grosse pierre au fond du bâtiment de bois ! Il fallait insérer un nouveau câble après avoir récupéré la pierre et il ne restait que 15 à 20 minutes avant la fin du quart de travail, qui se terminait à 18 h.

C’est lorsqu’on a mis la grue en place pour démolir la maison Macdonell-Williamson que la compagnie a reçu la directive de ne pas toucher à cette demeure ! Peut-on parler de « destin » ? Peut-être ! Personne ne peut dire qui a donné la directive, ni pourquoi !!

La maison a été laissée à l’abandon pendant plusieurs années. En 1978, elle est devenue la propriété du Patrimoine Ontario (aujourd’hui appelé Fiducie du Patrimoine ontarien).

Vers 1995, deux dames, Elizabeth Muir et Valerie Verity, qui habitaient tout près de « Poplar Villa », ont manifesté un intérêt pour la maison.

Avec la collaboration de Patrimoine Ontario, elles ont fondé, en 1997, l’organisme « Les Amis de la maison Macdonell-Williamson » dont la mission est de conserver et de mettre en valeur la Maison, comme centre culturel et historique et de faire
connaître les familles fondatrices, les Macdonell et les Williamson.

Depuis ce temps, à part durant les deux années de COVID (2020-2021), la maison est ouverte au public et des activités sont planifiées les fins de semaine en juillet et en août.

La Borne de pierre

Située à environ 150 mètres à l’est de la maison Macdonell-Williamson se trouve une borne de pierre séparant le Haut-Canada (Ontario) du Bas-Canada (Québec).

Elle a été érigée en 1860 en l’honneur de David Thompson, commerçant de fourrures, astronome et arpenteur qui a cartographié de nombreuses régions de l’Amérique du Nord.

Auteure : Lorraine Auerbach Chevrier, bénévole au Centre d’archives de Vaudreuil-Soulanges et membre des Amis de la maison Macdonell-Williamson.

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