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Le temps des fêtes dans les années 1950

durée 10h14
3 janvier 2023
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Centre d'Archives de Vaudreuil-Soulanges

Le « temps des fêtes » tel que l’on le mentionne correspond à une période de l’année s’étirant avant et après Noël, soit du début du mois de décembre au début de janvier de l’année suivante. Ce long moment est ponctué de diverses activités et ces dernières peuvent varier d’une famille à l’autre et d’une région à l’autre.

Les mots qui suivent nous donnent un aperçu de cet intervalle de temps dans une famille de Dorion dans les années 1950 alors que l’auteure était une enfant.

Période du 8 décembre au 6 janvier

Le matin du 8 décembre, on commençait la journée par la messe de l’Immaculée Conception qui était jour férié. À la radio jouait la « Charlotte prie Notre-Dame », l’histoire d’une prostituée vivant dans la rue et n’en pouvant plus, elle prie la Vierge de venir la chercher. C’était suivi des airs de Noël. Voilà, le temps des fêtes qui commençait.

Magasinage

Dans notre famille, le samedi suivant, on prenait le train à la gare de Dorion direction gare Windsor avec dans nos poches, notre liste de cadeaux et l’argent pour tout payer comptant au magasin Eaton, situé à Montréal sur la rue Sainte-Catherine. On revenait le soir, fourbu, les mains pleines de sacs qu’on se cachait les uns des autres évidemment. Il faut se rappeler que les centres d’achats n’existaient pas !

Cartes de Noël

La coutume voulait que l’on poste à nos parents et amis, une carte de Noël. C’était une longue corvée, mais quel plaisir, chaque jour d’attendre le facteur et de recevoir ces importantes marques d’affection et d’amitié. La liste des noms et adresses était remisée précieusement d’année en année dans les boîtes des cartes de l’année suivante, soigneusement achetées en vente.

Décorations

Le sapin trônait dans le salon, souvent un petit arbre rabougri, vert ou métallique garni de boules de toutes formes et couleurs et très cassantes. Quelques lumières illuminaient l’ensemble. La dernière décoration à être installée était les glaçons. À son pied, la crèche qui servait de lieu pour l’hommage à la naissance de l’enfant Jésus. C’est tout. La décoration de l’arbre était des plus simples et la plupart du temps, parents et enfants y participaient.

Lettre aux parents

À l’école, chaque année, les élèves écrivaient une lettre à leurs parents pour les remercier et prier le ciel de les bénir. C’était très cérémonial. Cet exercice scolaire, très important, nous permettait de pratiquer l’écriture en lettre cursive ou script selon le degré auquel nous étions rendus. Les enseignantes nous donnaient un papier à lettre particulier pour l’occasion sur lesquels nous écrivions au crayon de plomb.

À partir de la 4e année, les élèves devaient utiliser un encrier, un buvard et une plume. Celle-ci était formée d’un manche de bois ou de plastique au bout duquel une plume métallique était insérée. Et nous devions parvenir à faire une copie sans « pâtés » (donc sans bavures), sans avoir de l’encre jusqu’aux coudes et, surtout, sans tacher nos vêtements. Quel défi ! On remettait la lettre à nos parents à Noël en mains propres.

Messe de minuit

Le premier dimanche de décembre, après la messe, on achetait les bancs pour la messe de minuit. Et oui ! Aussi vite que cela ! Nous devions déjà savoir combien d’invités seraient de la fête. Le but : qu’il ne manque pas de places assises lors de la messe.

Le 24 au soir, on se rendait à l’église vers 23 h 30. À minuit retentissait le « Minuit chrétiens » presque toujours chanté par le même paroissien, et ce, chaque année. C’était un honneur ultime dans chaque paroisse. À l’église Saint-Jean-Baptiste de Dorion, c’est M. Jean-Paul Perron de la chorale qui l’entonnait.

Une fois la messe de minuit terminée, une messe solennelle suivait en latin d’une durée d’une heure. Ensuite, deux basses messes de quinze minutes chacune étaient chantées au cours desquelles on entendait les cantiques traditionnels comme « Les anges dans nos campagnes » ou « Il est né le divin enfant ».

Une grande partie des paroissiens sortait après la grand-messe, mais chez nous, c’aurait été un affront à mon père que de le faire. Il aurait refusé qu’on ouvre les cadeaux. Ainsi, on revenait de l’église un peu après 2h du matin, on réveillonnait, on ouvrait les cadeaux et le coucher se faisait à l’aurore.

Jour de l’an

C’était LA journée de l’année. D’abord, comme aînée, je demandais la bénédiction paternelle. On s’agenouillait devant notre père qui prononçait une prière avant de nous bénir en faisant une croix, dans les airs, de sa main droite.

Ensuite, vite les derniers préparatifs du dîner familial ! La soeur et les frères de Maman arrivaient avec les enfants. On faisait deux à trois tablées pour déguster dinde, ragoût de boulettes, tourtières, patates, petits pois et « atocas ». Les tartes au sucre, au « mincemeat » (mélange de viande hachée, de fruits confits et épices allant de la cannelle au clou de girofle) et aux raisins suivaient.

Après avoir dégusté la bonne nourriture préparée maison, on passait tous au salon pour les récitations du Jour de l’An, apprises à l’école évidemment. Chaque enfant déclamait qui son poème, qui sa chanson ou son boniment. Après chaque prestation, un cousin aîné passait le chapeau aux adultes pour remettre les piécettes à l’enfant qui venait de performer.

Jour des Rois

Le 6 janvier, c’était l’Épiphanie, la journée des Rois Mages. Certaines familles cuisinaient la galette des rois contenant une fève cachée. Celui ou celle qui la découvrait dans sa portion devenait le roi ou la reine du jour. Pour la très grande majorité des enfants, la fête des Rois rimait avec retour à l’école. Elle recommençait le lendemain. Le temps des fêtes s’arrêtait là, tout était rangé.

À l’an prochain !

Par Micheline Merizzi Brault, bénévole au Centre d’Archives de Vaudreuil-Soulanges

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