Lettre à toi, ma fille qui grandit trop vite
Alexandra Loiselle-Goulet
Je te regarde dormir et je réalise que tu n’es plus un bébé. Automatiquement, le cœur me serre et l’angoisse me prend les tripes. Serais-je capable de te laisser aller ? Serais-je capable de t’accompagner dans les prochains défis de ta vie ?
Je ne sais pas. Mais ces questions tournent en boucle dans ma tête. Pour être honnête avec toi, je ne suis pas prête. Pas encore. Laisse-moi encore un peu de temps. La vie va ben trop vite. J’étouffe.
Ma fille, l’école le secondaire est proche
Bientôt, tu voleras de tes propres ailes. L’étape du secondaire est bientôt arrivée. Tu as si hâte, tu en es belle à voir. Parallèlement, de mon côté, le cœur me serre juste à y penser. Bien non, tu ne peux pas être rendu-là ! Hier encore, j’accouchais…
Ton regard a soif d’indépendance. Ton discours est tellement mature. Tu as 11 ans et je découvre peu à peu la personne extraordinaire que tu deviendras. La fierté me gonfle le thorax. Alors, de quoi ai-je si peur ? Ma fille, j’ai la peur au ventre
Toutes mes réflexions mènent à cette conclusion. Bientôt, tu n’auras plus besoin de moi. C’est rough ! Tu auras acquis le nécessaire pour foncer avec tes propres convictions et tes propres idées. C’est le but, j’en suis parfaitement consciente.
Mais notre relation changera. Je ferais tout pour qu’elle évolue positivement. Pour que je reste tout de même une référence dans ta vie. Mais ce sera à toi de décider. Mais sache que je serais toujours derrière toi pour te regarder avancer.
Tu me diras : maman ! Relaxe, je n’ai que 11ans ! Tu as bien raison, ma fille. C’est plus fort que moi, j’anticipe. Ton premier jour à l’école des grands ou ton premier voyage scolaire, oh mon dieu, je vais devoir te laisser faire tellement de choses… Ishhh, Ma fille, j’ai du travail à faire.
Je suis consciente, j’ai du travail à faire ma fille. Jour après jour, j’évolue dans le but de te laisser l’espace que tu as besoin pour t’épanouir sainement. Je veux que tu grandisses en sécurité et non avec une anxiété constante.
Tu es une petite fille pleine de ressources et je t’apprendrais à les exploiter. Je te fais confiance, n’en doute jamais. Ce que je te projette ce sont mes propres incertitudes. Mes peurs apprises face à la vie. Et ma plus grande crainte, c’est de te les transmettre.
S’il y a ben quelque chose que je ne veux pas que tu apprennes, c’est vivre sous la peur. Je ferais un pas à la fois main dans la main avec toi. Ma fille, je ne suis pas prête à te voir grandir, mais fais-le tout de même. Amuse-toi et vois la vie comme un beau grand jardin de fleurs. Empêche-toi pas de les cueillir malgré les abeilles.
Rêve et rêve grand. Tu as le droit d’espérer le meilleur et je suis certaine, tu y arriveras. Mes inquiétudes seront là, mais ne les écoute pas. Fonce, tombe et trompe-toi. Je serais toujours là par la suite pour t’aider à te relever.