Je suis taille plus… Ouain pis !
Alexandra Loiselle-Goulet
Je suis taille plus ! Bon, c’est enfin dit. On peut passer à autre chose ? C’est une utopie, n’est-ce pas ? Pour que ça change, j’ai l’intention de t’en parler souvent. Pourquoi ? Car c’est important que tu aies une estime de toi, malgré tes formes non conventionnelles !
Que tu t’aimes, peu importe la grandeur de vêtements que tu portes ! La santé mentale passe aussi par l’acceptation de soi.
J’ai franchement fait toutes les tailles de pantalons dans ma vie. Sérieusement, c’est ridicule. Je pourrais ouvrir un Winners (TSÉ le principe d’avoir juste une grandeur de chaque morceau) tellement j’ai de boîtes de vêtements de marques. Je suis passée de 2 à 16-18 ans, et ce dans l’ordre et dans le désordre. Tu imagines tous les efforts que j’ai mis dans les régimes ? Toutes les privations que je me suis infligées seulement pour correspondre au standard sociétal ?
Je me regardais avec un tel mépris lors de mes prises de poids ! Et ne me parle surtout pas de culpabilité… Je la vivais en permanence. Si je me permettais un dessert, si je prenais des kilos, si je n’avais plus d’énergie pour le sport, si si et si !
J’ai fait plusieurs prises de conscience dans ma vie. Ce qui me challenge dans le fait de perdre du poids c’est d’avoir le contrôle. Le contrôle sur moi, sur ce qui entre dans ma bouche et sur mes émotions… Foutaise avec un F majuscule !
La seule chose que je contrôlais en fait, c’est mes pensées. J’étais complètement obsédée. Mon hamster surchauffait et c’est peu dire. J’étais toujours à la recherche de la recette parfaite pour manger de l’air ! De l’air au fromage, de l’air aux champignons ou de l’air au chocolat. C’était selon mes humeurs.
Et en parlant d’humeur, ishhhh que je n’étais pas d’équerre (bon, c’est l’expression de ma grand-mère qui veut dire avoir l’air bête en bon québécois). Ça use un caractère, la privation.
Mais je ne le voyais tout simplement pas. Tout ce que je voulais c’est pouvoir magasiner de l’extrapetit…
Cette hantise de la grosseur me vient surement de quelque part, me diras-tu… Oui ! Un morceau de robot pour toi. Outre les magazines, le cinéma et la télévision, mon environnement a été tapissé de gens qui focalisaient sur le poids.
Dans ma famille, cet aspect physique est très important. Lorsque tu es mince, tu mérites de te faire dire que tu es belle. Sinon, on passe au suivant. Ça te cultive une estime de soi en bâtard ! Et j’ai eu quelques amies qui avaient la même ligne de pensées. Et le pire, c’est que pour moi, c’était normal. Je ne disais rien et je me conformais. Probablement que j’y croyais aussi au bout du compte.
Donc, j’ai 43 ans. Je prends des antidépresseurs, des hormones et je suis maintenant taille plus. Aille, ça fait beaucoup dans le même texte, hein ? En ce moment, je chemine.
Je magasine chez Pennington, je suis des comptes Insta qui me font du bien et qui me correspondent. Des femmes magnifiques qui s’aiment et qui s’acceptent. Des femmes qui se foutent des standards ridicules d’une société qui nous veulent tous dans le même moule. Et grâce à elles, petit à petit l’acceptation de soi, c’est fait un chemin jusqu’à mon cerveau et mes yeux.
Les médicaments me rendent heureuse et bien. Mon corps est beau malgré mes kilos en trop. Je mange bien et je me promets de bouger plus. Je vais le faire parce que ça me fait du bien et non pour perdre du poids. Je suis de plus en plus fière de qui je suis. Le 2 de pantalon n’était qu’un chiffre.
Pour paraphraser une amie « Nous sommes taille plus, mais bien plus que ça » et c’est vrai. Je vais continuer de faire des textes sur l’acceptation de soi. Je trouve sincèrement qu’il est temps d’arrêter de se voir à travers le poids. Tu es belle et svp n’en doutes plus.
Alexandra